La paix des balles

La paix des balles

Publié par Maxime Leveque et Nolwenn Peterschmitt

Journal du projet

Fragment sur la visibilité d'une image

Marseille. Juste avant le départ en Palestine et Israël. Comme d’habitude on travaille avec l’actualité de la semaine en même temps qu’avec d’autres matériaux. La marche du retour vient de commencer, dès le premier vendredi, des répressions militaires de manifestations, qu’on appelle des “heurts”, à la frontière entre Gaza et Israël font plusieurs morts par balles. Nous voyons une vidéo sur le site de l’obs, publiée le 1er avril. Elle est prise le 30 mars, à l’est de Jabaliya, un des manifestants palestiniens de la marche du retour filme Abed El-Fatah Abed E-Nabi lorsqu’il reçoit dans le dos une balle tirée par un sniper israélien.
Qu’est-ce qui fait qu’une image peut être vue ou non. Nous cherchons à la confronter à d’autres images.
Image 1
le 1er février 1968  le général américain Nguyen Ngoc Loan abat froidement d’une balle dans la tête le capitaine de l’armée d’Ho Chi Minh Nguyen Van Lem dit Bay Lop, âgé de 36 ans. Eddie Adams photographe de guerre appuie sur le déclencheur de son appareil photo en même temps que le général Loan appuie sur la gachette de son revolver. La photo publiée le lendemain dans le New York Times entraîne une large partie de l’opinion américaine dans le mouvement contre la guerre.
Image 2
Le 14 octobre 1990, la fille de l’ambassadeur du Koweit à Washington, coachée par le conseiller en communication de Ronald Reagan, Michael Deaver, se fait passer devant le conseil de sécurité de l’ONU pour une infirmière du Koweit et raconte l’entrée des troupes irakiennes dans son hôpital pour convaincre l’opinion américaine, réticente à s’engager dans des conflits extérieurs depuis la guerre du Vietnam, de s’engager dans cette guerre.
Image 3
le 30 mars, à l’est de Jabaliya, un des manifestants palestiniens de la marche du retour filme Abed El-Fatah Abed E-Nabi lorsqu’il reçoit dans le dos une balle tirée par un sniper israélien. L’Obs publie la vidéo le 1er avril.
Nous ne savons pas encore à cette date que quelques semaines plus tard, selon ce même procédé l’armée israélienne aura perpétré un véritable massacre à la frontière. Pourtant aucune image ne sera devenue image. Le nombre de morts ne permet pas de voir mieux. Malgré la une de Libération, les images restent dans leur process d’invisibilisation.
Il nous reste encore une étape pour aller au bout de ce fragment. Mais d’abord il y a le voyage là-bas.