gravure sur fausse-cloche

La naissance de la fausse-cloche

Publié par Benoît Villemont

Journal du projet

Où l'on expérimente les trois états de la matières comme dans un laboratoire d'apprentis sorciers.

C'est d'abord des parfums que l'on sent. Celui du miel, ou des fleurs, parfum fort que certains aiment et d'autres non. Parait-il que « ça donne envie de vomir » : la cire d'abeille. L'odeur de l'olive que l'huile d'olive transporte et que les enfants s'appliquent sur les mains pour que la cire ne colle pas à leurs doigts. L'odeur citronnée, fleurie aussi, c'est l'huile essentielle de géranium qui a été versée dans une coupelle pour éviter les éventuelles attaques d'abeilles, guêpes ou frelons.

 

La cire est solide, d'un jaune velouté. Chauffée dans une casserole, elle devient molle, se liquéfie même jusque à avoir l'apparence d'une soupe maronnâtre dégoutante qu'on aurait bien vu tourbillonner dans un chaudron de sorcière. Cette sombre potion bulle parfois, et part en fumée. Avec moi, on ne fait pas de la magie noire, on ne la remue pas avec une grosse spatule en bois en rigolant sadiquement. On observe le bain, on le remue lentement avec une louche métallique en ricannant quand même un peu. Et d'un coup de louche, la cire liquide versée dans l'eau froide se solidifie sous la forme de méduses jaunes. On pique des bouts de cette méduse pour en faire des boulettes malléables. On applique alors ces boulettes sur notre noyau réfractaire, comme on collerait des chewing-gum sous une table.

 

C'est à ne rien y comprendre, il est vrai. Peu comprennent ce qu'ils sont en train de faire. La logique de la cire perdue est difficile à appréhender sans voir en amont tout ce qui va se passer. La chose compréhensible est que l'on créé une cloche en cire. Et que cette cloche doit avoir une épaisseur de 5mm. Elle s'appelle la fausse-cloche, et c'est elle qui sera perdue dans le moule, pour faire une vide de la forme de notre cloche, dans lequel sera coulé notre bronze en fusion.

vue de notre laboratoire

Le travail de la cire paraît long et fastidieux, mais je souhaite qu'ils prennent du temps pour la confection de leur cloche. A ceux qui se découragent, je leur propose d'observer cette cire, qui sortie de l'eau et manipulée trop hativement peut craqueler et devenir innutilisable, alors que reposée un temps après sa douche froide elle devient aussi malléable que de la pâte à modeler. A ceux qui avancent je leur propose de graver leurs noms sur cette cloche, d'y ajouter des décorations. A ceux qui me disent qu'ils ont terminé, je leur suggère de modeler des anses à leur cloche. Et quand tout le monde sera au même niveau, nous poursuivrons ce travail de la cire pour modeler des formes plus techniques.