d'un A4 liquide à un A4 solide.

Introduction à l'art plastique et la fonderie

Publié par Benoît Villemont

Journal du projet

Où l'on dit ce qu'on est, ce qu'on fait, enfin qui l'on est, euh qui l'on fait voir, dans quel plastique, quelles matières.

De la terre et du ciel. Des planètes viennent les métaux, jusqu'au feu de l'industrie humaine. Des ventres réfractaires où se digère choses solides en chose coulantes puis aériennes.

Les enfants sont sages. Peut-être trop, oui , mon projet s'intitule l'Airain des Passages. Ils ont fait des bêtises mais pas en classe, à la cantine. J'attends de voir leurs bêtises quand ils créeront. 

Je me suis présenté à eux, en chair, en os, et en barbe. Je leur ai dit qu'il fallait, quand on travaille avec des gens qu'on ne connait pas, se coller une étiquette : designer et plasticien. 

Le plastique est devenu matière et la matière s'est éclatée en air, en pensées, en rêves. Les couverts, la déco se sont transformés pour envahir de tout part leurs mondes.

Pourquoi je fais ça? Pourquoi j'en suis là? Plus qu'artiste, plasticien, musicien, designer, clown, menteur, je suis humain, comme eux. Comme eux j'ai été enfant, comme eux je grandis. Je suis grand et chacune de mes paroles semble être d'une grande vérité qui ne pourrait être remise en question.

Ah si, ça vient, ce que je fais ne sert à rien. C'est vrai, tant mieux, pourquoi servir quoi que ce soit?

Je les prends par les mains, les guident jusque dans la préhistoire, leur montre l'art pariétal, des signes, des miroirs, des volumes. De ces choses colorées, universelles, simples qui sont les témoignages les plus importants de la préhistoire et les vestiges de nos racines spirituelles. Enfin je crois ;

c'est l'art qui fait tout ça.

L'Art avec ce grand A. Qui n'est pas "l'art de Duchamp" ou "l'art de Picasso", c'est l'Art qui est aussi Science et Philosophie. L'Art fait par un individu qui faisait ce qu'il était et qui était ce qu'il faisait, qui vivait comme il mourait et mourait comme il vit.

Des enfants cherchent la logique, et d'autres non, ça y'est je les ai perdus. La simplicité simple devient compliquée parfois. Souvent... tout le temps.

On revient dans une classe, tomettes au sol, tables, design scolaire des années 90-2000, couleurs des murs, comme d'hab, pastelavectexturetissugrossemaille. Des souvenirs tout ça, comme l'odeur des trousses et du taille-crayon qui s'est déversé un jour tout entier dedans.

Première leçon pratique de magie, on prend une feuille A4 molle, liquide et on va tenter de la rendre solide. On pli, on froisse, on tord, on pli régulièrement, on avance sur ce blanc : montagne/vallée/montagne/vallée/montagne... des ramifications de flocons de neiges, des plis dans l'eau, le A4 s'est congelé! Un pont vient de se bâtir entre deux trousses, comme entre moi et la classe. Et la totalité du contenu d'une trousse repose sur le pont sans qu'elle ne plie. Je me sens plus à l'aise, ma voix tremble moins.