discussion à trois

La grande cuisson

Publié par Benoît Villemont

Journal du projet

Où l'on voit que couver des oeufs nécessite de se protéger du grand méchant loup.

Les moules sont clos et ressemblent à des œufs, ils sont blancs et oblongs. Il y en a tout plus qu'une douzaine, 14 exactement, 12 faits par 12 binômes plus 1 réalisé en solo, plus 1 que j'ai réalisé. Ne reste plus qu'à les couver 12h durant à 800°C dans le nid d'une grosse poule rousse.

Rousse, c'est la teinte des briques de la maison du troisième petit cochon. Cette maison, c'est notre four. Au sol, il y a la sole, munie de gouttières en acier qui serviront à récupérer la cire ; sur les côtés nos 4 murs, où les briques sont agencées en quinconce évidemment. Et pour le toit des traverses en acier supportant des briques encore.
 

four en sucre

Notre four après avoir été pensé, maquetté en morceaux de sucre, pris des formes diverses (telles que celles de Notre-Dame de Paris en feu quelque jours avant, ou celle d'une bouteille de vin avec pour cheminée le goulot) fut construit, disons maçonné, par les enfants eux-même. Nous étions 25 et chacun posa 12 briques, ce qui constitua un four de décirage et de cuisson de 300 briques et de 80 cm3.

Un maison, que dis-je, une véritable forteresse imprenable, avec 3 trappes en bas pour faire évader la cire, 3 meurtrières pour passer 2 brûleurs et un pyromètre, un passage secret, tantôt ouvert, tantôt fermé pour accéder au toit : notre cheminée.

le cahier de cuisson

La cuisson des moules démarra à 9h30, un jeudi, à 15°C. On nota sur le CAHIER DE CUISSON, la progression pyrométrique toutes les 15 minutes en se relayant. Trois colonnes sur le carnet : l'heure, la température et nos remarques.

La fumée est blanche, il n'y a plus de fumée, la cire coule, la cire de coule pas, des briques fendent, on les entend, des briques font de la lumière, la sole est froide et les murs sont chauds, etc...

les œufs d'or

A 16h30, nous poursuivons la cuisson, les élèves eux, rentrèrent dans leurs maisons de pierres, de briques ou de béton. Je dis nous, car Laura et Arnaud, mon amie et un ami, restèrent à veiller avec moi jusqu'à 1h du matin.

Au coucher du soleil, ce n'est pas le loup qui s'est gonflé pour souffler notre four, mais le four lui-même ! En effet la chaleur était telle, que les armatures en acier du toit ramollirent, distribuant leur fléchissement aux 4 murs. Défaut de conception, rapidement maîtrisé.

A la nuit tombée, on entama le repas ainsi que la batterie de la voiture alimentant les phares. La rue en pente que bordait l'école nous a permis de redémarrer l'automobile, non sans réveiller dans Colombiers, chiens et loups.