Détail d'un mur et son histoire

« Être nuageologue »

Publié par Fanny Vierne

Journal du projet
Arts visuels Graphisme Sociologie Arts de l'espace

Exploration géologique du territoire avec le géologue Alain Jaquet

Sur les roches des maisons de La Canourgue, se sont inscrits des bouts d'histoire géologique du territoire. 

Hormis cette attirance pour les paysages et la géologie qui nous raconte des bouts de l’histoire de notre planète, la question du territoire ancre quelque chose dans un moment donné. La spatialité et la localisation ont un réel impact sur le déroulé d’une action. Souvent, le lieu est une condition déterminée d’une intervention puisque nous partageons ce lieu pour un temps, et l’occupons ensemble. Le fruit de notre rencontre sera produit à partir de ce « là » commun. Les paramètres du procédé de l’action sont variables, mais c’est toujours au sein d’un lieu que l'on intervient en tant qu’artiste et en tant qu’intervenante. Le lieu, c’est un bout du territoire. Tout en étant délimité, ce lieu ne se retrouve jamais isolé de son histoire et de sa culture. S’approprier un lieu, s’est d’abord prendre place dans un espace et en appréhender ses contours. C’est une contrainte à habiter, à détourner aussi et à déstabiliser peut-être. Dans tous les cas, nous n’intervenons jamais en dehors d’un lieu, et c’est pour cette raison qu’il est indissociable du processus créatif. Dans toute démarche artistique, l’action est induite par l’espace, et comme le dit justement Michel De Certeau, l’espace devient « lieu » lorsqu’il est pratiqué. Si je m’intéresse au territoire dans ma pratique, c’est avant tout pour poétiser l’interactivité des choses.

Arpentage et territoire géologique

Carte de notre exploration géologique
Carte de notre exploration géologique effectuée avec les élèves de l'école des Sources de La Canourgue et le géologue Alain Jacquet
  • « De Certeau affirme que l’espace devient « lieu » lorsqu’il est pratiqué. De même, le mot est saisi dans « l’ambiguïté d’une effectuation »1 quand il est parlé. Les pas éprouvent l’espace, les paroles égrènent les mots, le tout est assemblé à la chaîne signifiante des auditeurs/arpenteurs. Une cordée s’installe le long d’une crête et je te dis : je suis ici, regardez là-bas, voilà où nous sommes. Raconter et traverser le paysage ne sont finalement que les deux faces d’une seule et même pratique : parcourir l’espace et le temps. « Tout récit est un récit de voyage. »2 » 3

Texte écrit par Sophie Lapalu, extrait de « Si le monde n’a absolument aucun sens, qui nous empêche d’en inventer un ? »

1 Michel de Certeau, L’invention du quotidien, I. Arts de faire [1980], Gallimard, Paris, 1990
2 Michel de Certeau, L’invention du quotidien, I. Arts de faire [1980], Gallimard, Paris, 1990
3 Sophie Lapalu, «Si le monde n’a absolument aucun sens, qui nous empêche d’en inventer un ?» 2014, site personnel : https://sophielapalu.blogspot.com/2014/11/si-le-monde-na-absolument-aucun-sens.html

Expérimenter le territoire et ses surfaces

Lorsque l’on s’intéresse au territoire et au paysage, on entame une exploration sous la carte. La carte nous donne des indices, des faits et des données. En expérimentant ce territoire par le corps, on donne une nouvelle lecture de l’environnement, une lecture où les données sont appropriées, subjectivisées. Par le biais de l’art, on révèle la part de l’imaginaire que l’on retrouve dans toute activité cartographique. Ensemble, il faut produire des va-et-vient entre l’atelier et son extérieur, entre l’exploration et la création. Dehors, dedans, sortir et rentrer, grâce à ce mouvement que l’on essaye de mettre en place avec les participant.e.s, l’espace s’ouvre. Le territoire sera le socle de notre processus créatif.

 

Montage montagne
montage-montagne et ciel bleu - image numérique réalisée dans le cadre de la résidence