La distribution de l'Opéra des Possibles

Création de l'Opéra des Possibles - Personnages et Dramaturgie

Publié par Miléna Kartowski-Aïach

Journal du projet
Littérature Musique Théâtre Travail Sonore

Alors qu'ils évoquent leurs cauchemars, les élèves de CM2 de l'école Paul Vaillant Couturier, imaginent la confiscation des rêves par un démon du nom de Colosso qui règne dans les sous-sols de l'immeuble fantôme Ronsard. C'est un jeune garçon du nom de Germain, qui va faire preuve de courage et de bravoure pour combattre le sort et permettre aux possibles de triompher.

Dans la classe, l'assemblée citoyenne créé la dramaturgie de l'Opéra, comme si cela était évident. Processus de co-construction à 18, où les personnages se mêlent aux histoires individuelles. Sans le savoir, les élèves écrivent une histoire éminemment politique et anthropologique, sur l'enclavement, le silence et la condamnation à la marge. C'est le chant et les rêves qui peuvent triompher, et conférer à la ville et à ses citoyens un avenir.

 

"Une nuit d’automne où les chants familiaux montent au ciel et les barbecues nimbent la ville d’un voile délicat. Une nuit où les habitants et leurs enfants s’apprêtent à laisser les rêves les emporter. Une nuit douce et pareille à toutes les autres nuits à Clichy-Sous-Bois.

Cette nuit-là, le jeune Max embrasse son attrape-rêve et se love sous sa couette, heureux du sommeil qui vient à lui. Alors qu’il part vers le pays des songes, un bruit sourd et puissant retentit, qui ébranle jusqu’aux parois de la chambre de l’enfant. Silence après la tempête. Max n’ose respirer, n’ose bouger, n’ose crier. Quelle déflagration s’est ainsi abattue sur Ronsard ? Une météorite venue des lointains ? Puis des hurlements se font entendre, des pleurs et des cavalcades. « Sortez de l’immeuble, sortez au plus vite, la façade s’écroule ! ». Max ne sait que faire. Il a peur, mais il est comme paralysé. Sa maman est partie travailler comme toutes les nuits, et il sait qu’il n’a pas le droit de sortir de l’appartement. Et pourtant, les tremblements de l’immeuble redoublent et les cris s’intensifient. En pyjamas et égaré, Max sinue jusqu’à la porte d’entrée. Sur le palier, pas de lumière, chez les voisins personne. Le garçon commence à descendre les 15 étages de la tour Ronsard, paniqué par l’écho des cris diffus et épars. Pieds nus, il manque de tomber, accélère terrorrisé, les larmes aux yeux. En bas c’est certain, il retrouvera les habitants de la résidence. Il descend dans cet escalier sans fin, sans rampe, sans lumière. Max descend, descend, descend… jusqu’à disparaître, quelque part dans les sous-sols de l’immeuble fantôme, devenue antre des ténèbres. Cette nuit-là, le petit garçon a disparu. Cela fait maintenant plusieurs années que son ombre hante les esprits des clichois endeuillés.

Depuis cette nuit-là, la déflagration de Ronsard et la disparition de Max, les rêves ont déserté la ville et les cauchemars règnent désormais. Un démon a pris possession des souterrains de la ville, soutenu par des hommes en noir et à la moustache, force politique sombre et puissante. Ensemble, ils ont réduit la cité au silence, à l’enclavement et à la résignation. Toute tentative de chant, de danse et de révolte est immédiatement écrasée, et Clichy n’est plus que l’ombre d’elle-même.

 

Mais à la marge, des réseaux de résistance s’organisent..."