Clichy à l'aube

Clichy vers toi

Publié par Miléna Kartowski-Aïach

Journal du projet
Littérature Musique Théâtre Travail Sonore

Clichy

Partir vers toi à l’orée du jour

Lorsque le crépuscule résiste encore

Et que les vents glacés de l’aube

Caressent les visages rougis

 

Visages vissés au tableau

Souvent absent

Des heures improbables

Qui semblent ne jamais s’écouler

Un bus au loin

Un autre

Puis un autre, un autre…

Mirage transporté

Attente

Attente

Attente

Résignée…

Nous allons vers la cité enclavée

Rien ni personne ne s’y bouscule

Il n’y a plus à être pressé

Il n’y a plus à trépigner

Attendre que les flux nous mènent

Et voguer

 

Clichy

Atteindre enfin tes artères éventrées

Après des heures incertaines

Sur des routes périphériques

Atteindre ton cœur

Qui sera bientôt dynamité

Détruit

Réduit en poussières.

 

Les démolitions se profilent

Calendrier réglé sur les 6 années

Expulsions

Départs

Vertige des séparations

Quitter ton sol fracturé

Et aimé malgré tout

Quitter ton enclave

Pour des contrées lointaines

Dispersées

Elles aussi esseulées

 

Clichy

Ma petite marginalisée

Personne ne connaît ton nom

C’est seulement à tes feux de détresse

Et tes chants de révolte

Que les bien lotis relient une identité à ton corps

 

A vol d’oiseau

Tu es si proche

Si mitoyenne

Et voisine

 

Et pourtant,

Marcher vers toi

C’est prendre le risque de ne jamais t’atteindre

Mais aussi de ne plus pouvoir te quitter

Cité aimantée

Ville lumière dès la nuit venue

Clichy des possibles

Vers laquelle je m’élance