Clichy
Partir vers toi à l’orée du jour
Lorsque le crépuscule résiste encore
Et que les vents glacés de l’aube
Caressent les visages rougis
Visages vissés au tableau
Souvent absent
Des heures improbables
Qui semblent ne jamais s’écouler
Un bus au loin
Un autre
Puis un autre, un autre…
Mirage transporté
Attente
Attente
Attente
Résignée…
Nous allons vers la cité enclavée
Rien ni personne ne s’y bouscule
Il n’y a plus à être pressé
Il n’y a plus à trépigner
Attendre que les flux nous mènent
Et voguer
Clichy
Atteindre enfin tes artères éventrées
Après des heures incertaines
Sur des routes périphériques
Atteindre ton cœur
Qui sera bientôt dynamité
Détruit
Réduit en poussières.
Les démolitions se profilent
Calendrier réglé sur les 6 années
Expulsions
Départs
Vertige des séparations
Quitter ton sol fracturé
Et aimé malgré tout
Quitter ton enclave
Pour des contrées lointaines
Dispersées
Elles aussi esseulées
Clichy
Ma petite marginalisée
Personne ne connaît ton nom
C’est seulement à tes feux de détresse
Et tes chants de révolte
Que les bien lotis relient une identité à ton corps
A vol d’oiseau
Tu es si proche
Si mitoyenne
Et voisine
Et pourtant,
Marcher vers toi
C’est prendre le risque de ne jamais t’atteindre
Mais aussi de ne plus pouvoir te quitter
Cité aimantée
Ville lumière dès la nuit venue
Clichy des possibles
Vers laquelle je m’élance