Le monde irréel du volcan

# 4 Loin des papangues

Publié par Isabelle Levadoux

Journal du projet

Voilà une semaine que les foudis et papangues se sont changés en moineaux. Plus de « ti kaz » en bois, d’humidité tropicale… le virus m’a ramenée en Bretagne ! J’ai la chance d’être confinée à la campagne. Il y a une souris dans mon placard et deux araignées, je pense leur donner un prénom car il semblerait que nous ayons à vivre sous le même toit pendant encore un bon moment...

Ce confinement est une pause étrange. Un moment hors du temps, qui suspend tout sans certitude de reprise après la crise. J’ai fait mes valises en 30 mn pris la décision de partir en 15mn, 6h après j’étais dans l’avion. Des mois de recherches interrompus en 6h. La pilule est amère. Je garde en tête cette dernière semaine passée à arpenter le paysage réunionnais. Dernière l’écran de mon ordinateur je "dérush" et la beauté de ces espaces lunaires me paraît irréelle. Les fumées volcaniques qui montent pour épouser le ciel gris me donnent la sensation qu’ici les nuages naissent dans les entrailles de la terre. La lave est figée, le mouvement suspendu, elle s’étire en larmes sur la croûte noire qui se jette dans la mer. Je comprends pourquoi l’imaginaire créole est si riche. Les légendes qui habitent les reliefs de l’île sont nombreuses, tout comme celle du voile de la mariée. Ce voile est en réalité une cascade près du village d'Hell-bourg. L’eau qui jaillit de la montagne viendrait, selon la légende, des larmes d’un père éploré par le décès de sa fille, morte car il refusait son mariage. Son chagrin aurait percé la montagne pour se faire cascade. 

Un tel paysage est un terreau fertile aux fanstasmes. Miroir, miroir se nourrit de cette richesse et cherche à faire le pont entre les récits des enfants et ce panorama fantastique.

J’espère que cette recherche pourra vite reprendre son cours.