4) Alliance du texte et de la musique

4) Alliance du texte et de la musique

Publié par Maureen Thiebaut

Une fois que les élèves se sentirent plus à l’aise avec leurs textes, je revins avec la harpe et les partitions annotées. Il s’agit alors d’ajuster le texte et la musique selon les choix qu’ils avaient fait précédemment.

Repérage musical

Par l’écoute de la partie de harpe, ils apprirent à repérer les moments d’intervention de texte, à adapter le volume, la vitesse, et le rythme de leur voix. Il me semblait important que les enfants soient en mesure d'écouter et de comprendre la musique autant que le texte. C'est pourquoi nous avons beaucoup répété afin que leurs interventions deviennent naturelles et que la musique devienne pour eux un langage tout aussi limpide que celui des mots.

Séance d'enregistrement

Eric Hamon vint nous voir à l'une de nos séances afin d'enregistrer plusieurs haikus accompagnés par la harpe. Les enfants firent alors l'expérience de la séance d'enregistrement à travers l'apprentissage de nombreuses notions telles que le silence absolu, les prises, les prises d'essai... Ils purent ainsi se réécouter et faire leur auto-critique. Ils prirent conscience de certains défauts tels qu'une parole trop rapide, une mauvaise articulation, ou bien une voix trop faible. Mais surtout, nous pûmes ajuster selon les haikus et les groupes, l'équilibre sonore entre la harpe et le texte.

Pour aller plus loin...

Bien entendu, nous étions tous très satisfaits lorsque des enfants récitaient un haiku avec une belle adresse de voix, une bonne diction, des mouvements fluides, et une écoute certaine de la musique. Mais nous avons également proposé à certains groupes des improvisations gestuelles suscitées par la musique. Par exemple, parmi ceux qui jouaient "Cette nuit dans mon lit, je vois que ma main trace une ombre sur le mur, la Lune est levée" de Paul Claudel, deux des enfants mimaient des ombres chinoises sur le sol. Elles n'étaient pas déterminées à l'avance, ils les choisissaient sur le moment, en fonction du caractère de la musique et de leur inspiration. Il en était de même pour ceux qui choisirent "La nuit est-elle finie? Je soulève la bâche. Éblouissement" de Paul Louis Couchoud. Ils avaient quelques minutes de chorégraphie improvisée au sol. La musique leur suggérait des atmosphères qu'il retranscrivaient dans leur gestuelle, chaque fois différente de la fois précédente. Ainsi, peu à peu, certains élèves s'affranchirent de la rigueur du texte et de la musique, pour se laisser aller à la poésie du moment, à l'atmosphère, et adapter leur jeu à celles-ci. Par exemple, certains ne cherchaient même plus à reconnaître un thème particulier ou un signe de ma part pour dire leur texte, ils se laissaient complètement porter par la musique et leur inspiration du moment. Ceux-ci furent chaque fois d'une justesse et d'une émotion remarquables.