En tant que chorégraphe et interprète, la résidence Création en cours est une opportunité de travailler sur une série de performances, qui prendra corps avec les collégiens. En écho avec mon parcours d’interprète et ma prochaine création "Voix intérieures", qui traite de la censure en République démocratique du Congo, je propose de travailler avec les élèves sur la prise de paroles, d’aborder la question de l’éphémère et de la liberté individuelle et collective. La résidence s’articulera autour de l’échange autour de mon travail, de la rencontre avec d’autres danseurs et chorégraphes comme par exemple Ana Py et François Chaignaud pour "le tour du monde des danses urbaines en dix villes" ou Christina Towle ou Djino Alolo Sabin avec la pièce "Debout(se relever)" et bien sur un temps de création collective. En puisant dans les techniques de danses, nous nous initierons à la performance. La résidence se terminera par une représentation publique des performances qui seront également filmées.
En tant que chorégraphe et interprète, la résidence Création en cours est une opportunité de travailler sur une série de performances, qui prendra corps avec les collégiens. En écho avec mon parcours d’interprète et ma prochaine création "Voix intérieures", qui traite de la censure en République démocratique du Congo, je propose de travailler avec les élèves sur la prise de paroles, d’aborder la question de l’éphémère et de la liberté individuelle et collective. Nous élaborerons ensemble une séries de performances qui seront montrées dans le collège ou ses alentours et filmées. "Voix intérieures" raconte une histoire de corps, des corps empêchés, des corps qui veulent se libérer. Décliner la thématique de la censure m’intéresse par rapport à la performance. Parler librement n’est pas toujours bienvenu en République Démocratique du Congo, alors les artistes inventent des dispositifs pour pouvoir s’exprimer sans se faire censurer ni arrêter par les agents de police. Ils se saisissent vite et bien de l’espace public, bousculent les codes, se les réapproprient pour laisser passer un message. La performance est elle un art de survie ? Un art de l’urgence ? Un acte artistique radical ? La capitale de mon pays Kinshasa est la reine de la performance. Là-bas, on ne dit pas système « D », mais système K (comme système kinois). Depuis le jour où Mobutu a déclaré à sa population « Article 15 : débrouillez – vous ! », c’est une parole qui ne s’arrête jamais d’être transmise et redite. Ainsi, chacun doit imaginer la voie performative pour justement se « débrouiller ». J’aime utiliser cette énergie pour mon travail. C’est cette même énergie que l’on retrouve dans les battles de hip hop, là où j’ai fait mes premiers pas en tant que danseur autodidacte avant de me former à la danse contemporaine. Comme l’a dit Pina Bausch « Dansez, dansez, sinon nous sommes perdus », la danse est un acte de résistance. Je vais chercher autour de ces corps en résistance pour ma prochaine création " Voix intérieures". Quel que soit où on vit ou travaille, à Kisangani ou à Montreuil, en République Démocratique du Congo ou en France, en Afrique ou en Europe, la censure n’est jamais loin. Omniprésente, contraignante, dictatrice, bourreau, elle veut tout contrôler, nos bouches, nos plumes, nos corps, nos faits et gestes, et même cette petite voix intérieure. Cachée derrière des lois, des codes, des éthiques, des désapprobations sociales, des clichés, des tabous, ou même des prophéties, combien de fois nous a-t-elle déjà bâillonnés ? Combien de fois a-t-elle déjà réussi à enchainer nos expressions? À poser ses ratures sur nos pages? Combien de fois a-t-elle servi d’arme à ceux qui savent la manipuler? Combien de victimes a-t-elle déjà faite ? Entre le dit et le non-dit ; l'écoute et le dire ; Entre la parole et les mots choisis ; Entre faire un choix où agir sans choix ; Entre ce qui est réclamé et qui n’ai pas pris en compte ; Alors que devrons-nous dire ou pas ? Que devons-nous écrire ou pas ? Devons nous danser ou pas ? Quelle expression avoir? Qui pouvons-nous rêver devenir ou pas ? Dans quel pays vivre ou pas ? Quel nom porter ou pas ? Ici ou ailleurs, dans la rue ou sur scène, nos libertés prennent des coups. Moi j’ai peur de sombrer dans les mensonges et de voir mes désirs enterrés dans un puits sans fond. ‘Je veux plus juste être correct, je veux être vrai...’ La censure veut-elle aussi que je sois vrai ? - Non, alors pour ça, je l’accuse coupable de vouloir corrompre la voix de mon cœur et crie à haute voix : ‘No Censure’ « De la parole articulée à la parole retenue tel est un silence-parlé » (Sony Labu Tansy) Des paroles bouillonnent en moi, un séisme y prend forme, ma danse interne devient une transe que seul mon cœur est le premier à voir, moteur de la poussée de l’adrénaline qui envahit mon cerveau et invite mon corps à un mouvement vrai et libre. Comme ferait une voix, j’aimerai que mon corps lève le ton, soit éloquent, vrai, direct et franc. Que son mouvement se propage dans l’espace tel un écho, qu'il soit danse et parole, je lui offrirai un mégaphone pour qu'il atteigne même mon peuple à l’autre bout de l’océan, mais aussi les dirigeants de l’Afrique et surtout ceux de la R.D Congo. Autour de ma future création "Voix intérieures", que je vais développer début 2017 en partenariat avec l’académie des arts du monde de Cologne, je vais proposer à un groupe d‘élèves d’imaginer ensemble plusieurs performances où nous jouerons avec l’espace du collège, nous travaillerons sur la prise de paroles, sur nos voix intérieures.
Haute-Marne
Par le(s) artiste(s)