Le projet de résidence consistera à développer mes recherches déjà amorcées autour des gestes, des différentes temporalités et attitudes du corps. En installant en partie mon atelier au sein de l'école, je tenterai de créer des aires de jeux comme paysages sculpturaux, des zones de plaisir, de confort ou de jouissance, de concevoir des œuvres assujetties aux rythmes du corps, des sculptures qui prennent leur temps, proposent de ralentir, de se sculpter soi-même. Concevoir et créer de nouveaux espaces-temps de jeu, de pause, de détente, et jouer avec l'existant dans l'école (gymnase, cours de récréation etc.) et ses alentours. J'aurai aussi l'occasion d'observer les enfants et leurs pratiques durant leur temps libre, en fonction des modules, des terrains, de voir comment ils redéfinissent ou détournent les usages de ces objets et espaces pourtant normés, de comprendre avec eux les conséquences des formes sur nos attitudes, nos corps. En réfléchissant aux notions de temporalité, de rythme, de jouissance et de bien-être, je tenterai de proposer des manières d'être au monde, sous forme de jeu, de performance, ou encore de promenade. L'important sera de s'éloigner de l'action efficace sur la réalité, pour favoriser des temps, postures ou activités ludiques, destinés à faire passer agréablement le temps à qui s'y livrerait, sans but utilitaire donc, visant plutôt un effet de plaisir ou de détente. Enfin, j'envisage de travailler avec un.e danseur.se, afin d'expérimenter ensemble les différents objets réalisés et penser une pièce en commun. Le déplacement dans cet espace-temps qu'est celui de la résidence, propice à l'activité et à l'échange, est nécessaire pour définir de nouvelles méthodes, un nouveau « terrain de jeu », pour prendre de la distance avec le quotidien et définir chaque jour un peu plus cette activité en partageant les étapes du processus, les traces d'un mode de vie.
Ma pratique artistique consiste à questionner nos gestes et comportements (dans la vie quotidienne, face aux autres, à l'espace, au temps, à la contrainte, ou encore au travail), en mettant en place des dispositifs simples, des outils qui me permettent de me jouer des codes qui régissent notre relation au monde, de relever des chorégraphies, des points de contact.
Ces recherches me conduisent également à interroger les notions d'activité, de temps et d'intensité, et à considérer l'activité artistique comme un tout : un outil pour provoquer des situations, être là et être actif, soigner son rapport à l'autre.
Activité dans laquelle se trouve l'énergie indispensable pour que les choses adviennent puis se transforment.
Activité nécessaire pour se (dé)placer, pour exister et appréhender le monde, approcher cette distance juste qui nous relierait à lui.
Activité comme accès aux autres, à l'intensité du monde, à l'usage des choses, comme faculté et liberté d'agir.
Activité incarnée, composée de différentes temporalités ou intensités, de moments d'occupation tendue, d'attente, de sollicitation intense et épuisante des corps, de pause, de relations humaines.
Inventer ses outils, s'imposer des contraintes, c'est aussi inventer de nouvelles manières d'habiter le temps et le monde, renforcer l'ordre dans un quotidien.
Les moyens utilisés dans cette recherche peuvent varier (sculpture, édition, photographie, installation, vidéo ou encore performance), chaque projet ayant ses propres nécessités. Le rapport physique entretenu avec ma production est une façon de mettre le corps à l'épreuve, de le sonder dans sa manière d'être et d'agir.
Durant cette résidence au sein d'un établissement scolaire, je souhaite pouvoir développer les recherches déjà amorcées autour des gestes, des différentes temporalités et attitudes du corps en fonction de son contexte, des corps qui lui font face. Observation discrète du corps dans ses moments d'entre-deux, de pause, ou d'inactivité, traduite jusqu'à présent par des Sculptures de poche ou encore par la vidéo Autosatisfaction passagère.
Prenant comme point de départ les Chronotopies, – espaces sans échelle ni cadre spatio-temporel, n'ayant pas de règles ni d'usages prédéfinis, jeux de constructions en attente de présence humaine, de corps et de postures, espaces potentiels dans lesquels on peut se projeter, où l'on peut prendre/perdre son temps –, cette résidence sera pour moi l'occasion de concevoir et de créer de nouveaux espaces-temps de jeu, de pause, de détente, de plaisir, et également de jouer avec l'existant dans l'espace de l'école (gymnase, cours de récréation, salle de motricité etc.) et ses alentours (aire de jeux, mobilier urbain, paysages etc.).
Réfléchir aux notions de temporalité, de plaisir, de rythme, proposer des manières d'être au monde, sous forme de jeu, de performance, de promenade ou de temps de pause. Jouir de son temps.
Gérer des temporalités est déjà un travail à part entière. Ce qui importe, c'est de s'accorder le pouvoir de décider soi-même du temps durant lequel on applique sa force là où il faut.
Il s'agira donc de penser des espaces, objets ou interactions possibles, sous formes de sculptures, de performances, de vidéos, d'installations ou encore d'éditions, de mettre en place des modes d'emploi, des usages, redéfinir des rythmes, établir des règles du jeu qui donneront lieu à un ensemble d'actes ou de gestes dans l'espace de vie et de travail qu'est l'école autant que dans l'espace public, ou l'espace d'exposition.
Contraintes, protocoles à suivre, systèmes poétiques ou absurdes, comme machines à produire des modes d'être et d'agir, comme moyens autant qu'obstacles, comme défis auxquels on prend plaisir à se confronter : vérifier en quoi ces activateurs déclenchent, augmentent ou conditionnent l'(in)activité.
Cette recherche accordera une importance au fait de s'éloigner de l'action ou de l'activité efficace sur la réalité, pour favoriser une activité désintéressée, des temps, postures ou actions ludiques, destinés à faire passer agréablement le temps à celui qui s'y livrerait, sans but utilitaire donc, visant plutôt un effet de plaisir ou de détente.
L'environnement et le matériel existant de l'école tel que modules de sport, aires de jeux, espaces ruraux, paysages etc. pourront servir de support à cette réflexion sur les temps de pause, de jeux, et à éprouver le corps, en devenant des bases pour des performances, des gestes, des chorégraphies ou encore des promenades extatiques.
Ce sera également l'occasion d'analyser et d'observer les enfants et leurs pratiques durant leur temps libre, en fonction des modules, des terrains, de voir comment ils redéfinissent ou détournent les usages de ces objets et espaces pourtant normés, apprendre ainsi avec eux les conséquences des formes, leur impact sur nos attitudes, nos corps.
Corps en tension avec leur environnement, et inversement.
En installant en partie mon atelier au sein de l'école, je tenterai donc de créer des aires de jeux comme paysages sculpturaux, des zones de plaisir, de confort ou de jouissance, de concevoir des œuvres assujetties aux rythmes du corps, des sculptures qui prennent leur temps, proposent de ralentir, de se sculpter soi-même.
Enfin, pour répondre au désir de plus en plus présent de faire place au corps et à la performance dans ma production, la résidence sera également pour moi l'occasion de travailler avec un.e danseur.se, afin d'expérimenter ensemble les différents objets réalisés durant la résidence, et de penser une pièce en commun.
En effet, je souhaite continuer de penser notre relation à l'autre, – les attitudes de corps qui se font face, leur lapsus, – et chercher à créer des points de contact, penser les conditions du vivre ensemble, afin d'ancrer toujours un peu plus mon activité artistique dans un contexte social, politique et pédagogique, en appréhendant le corps comme politique par le fait qu'il transcrit un état du monde et de la société qui le traversent malgré lui.
Outre le fait de pouvoir enrichir mon projet personnel et d'avancer dans mes recherches pour créer de nouvelles formes, cette résidence m'intéresse par son idée de commun.
Le partage d'outils, les rencontres, les temps de discussion, d'accompagnement et de transmission nous permettront de nous déplacer et d'avancer en multipliant les points de vue.
En effet, je suis persuadée qu'il est fondamental de se repositionner, d'ajuster son regard, sa curiosité et de s'inventer continuellement une nouvelle manière d'appréhender, de faire et de voir les choses, de ré-apprendre à regarder et à penser ce qu'il y a autour pour se défaire des habitudes.
Le déplacement dans cet espace-temps qu'est celui de la résidence, propice à l'activité et à l'échange, est nécessaire pour définir de nouvelles méthodes, un nouveau « terrain de jeu », pour prendre de la distance avec le quotidien et définir chaque jour un peu plus cette activité en partageant les étapes du processus, les traces d'un mode de vie.
Haute-Savoie
Par le(s) artiste(s)