Parure(s) bretonnes est un projet évoquant matières, territoire et savoir-faire. Je questionne les matières oubliées (déchets, rebuts), arrivées en fin de vie, devenues inutiles mais présentes au quotidien. L'objectif est de leur rendre une certaine noblesse, esthétique et fonctionnelle, en développant des pièces inspirées de savoir-faire locaux. La Bretagne est un territoire riche en histoire, en techniques et en savoir-faire. Dans la continuité de mon travail, partir à la rencontre de la Bretagne rurale me permettrait de devenir progressivement un témoin de la problématique des déchets sur le territoire.
« Parure(s) bretonnes » visent à questionner le territoire et ses acteurs sur leurs visions des déchets et leurs initiatives.
Depuis mon plus jeune âge, je vis et travaille sur le territoire breton. J'y aborde depuis plusieurs années la question des déchets. De nombreuses initiatives et recherches se développent sur le littoral, notamment avec Océanopolis à Brest avec la fondation Surfrider ou encore le Parc Naturel Marin d’Iroise. L'ensemble de mes productions actuelles s'adressent à cette partie littorale de la Bretagne.
Pourtant la Bretagne est un territoire riche et varié, situé entre terre et mer. Qu'en est-il des déchets et rebuts, ailleurs que sur le littoral ? Les acteurs du territoire rencontrent-ils les mêmes problématiques ? Les mêmes contraintes ? Les mêmes enjeux ?
Poursuivre mon travail dans le Morbihan, c'est découvrir et m'approprier une autre facette de cette région. Une Bretagne riche en techniques et en savoir-faire et ainsi étendre mon réseaux et mes connaissances pour petit à petit devenir un vrai témoin de la problématique des déchets sur cette partie du territoire breton.
J’ai réalisé en 2018 un projet intitulé "Éloge de la matière" en collaboration avec la couturière Ekceli, l’objectif était de rendre une noblesse aux déchets plastiques par le biais de savoir-faire artisanaux tout en les associant avec des matériaux de broderie considérés comme « nobles ».
Une technique est souvent associée à une matière, seulement cette technique peut aussi être adaptée à une matière auquel nous n'aurions pas pensé ou qui n'existait pas lorsque la technique a été développée. Cela créé alors quelque chose de nouveau et peut susciter une nouvelle pratique, une nouvelle esthétique, de nouvelles formes. Les déchets sont riches en caractéristiques aussi bien techniques qu’esthétiques, le tout est de réussir à les mettre en lumière.
C’est dans cette idée que je souhaiterais développer le projet « Parure(s) bretonnes ». Découvrir des savoir-faire spécifiques et ainsi imaginer de nouveaux procédés de transformations des déchets en lien avec des acteurs tels que des laboratoires de recherches, des entreprises, des recycleries, ressourceries et artisans locaux. Cela nécessitera plusieurs étapes, d’abord celle de la rencontre du territoire, et d’interview d’acteurs locaux. Puis celle du repérage des gisements de matières/déchets et de la mise en place d’éventuels partenariats pour la collecte des déchets et la création de pièces.
Selon de nombreuses études, les déchets et notamment les matières plastiques pourraient former en se décomposant une nouvelle couche géologique. Des crustacés se développent sur et à partir de macro et micro déchets. Des fragments de plastiques, invisibles à l'oeil nu, se retrouvent dans nos assiettes et nous ingérons notre propre invention.
Les termes "prolifération", "hybridation", "expansion" sont pour moi des mots qui caractérisent l'invasion des déchets aujourd'hui.
J'imagine alors des parures de déchets, des compositions de matières, travaillées sous différentes formes pouvant habiller un espace, un corps. Ces parures pourraient prendre la forme de costumes, de masques, d'accessoires…
Avec les enfants cela prendra la forme de plusieurs étapes et ateliers car l’objectif n’est pas seulement de faire pour faire, mais de comprendre pourquoi on le fait. On assiste aujourd’hui à une certaine déconnexion entre l’objet et la/les matière(s) dans lesquels ils sont fabriqués. Prenons l’exemple d’un stylo à bille, quels matériaux le compose ? Et d’où viennent ces matériaux ? Quelles étapes de transformations sont nécessaires pour arriver à produire le stylo à bille que j’utilise tous les jours ?
Mais on assiste également à une certaine déconnexion entre l’objet et le déchet qu’il sera demain. Que devient-il ?
À la suite de ces questionnements, les élèves pourront expérimenter les déchets de différentes manières pour finalement réaliser un masque fictif de la faune du 7ème continent. Une restitution sous forme d’une parade pourrait être envisagée à la fin de la résidence lors de la kermesse de l’école ainsi qu’une exposition dans la ville de Lanester !
Par le(s) artiste(s)