now is already today/maintenant est déjà aujourd'hui est une création transversale et chorégraphique en espace public, rural et péri-urbain. Au cœur du projet se posent des questions liées au corps en relation avec la nature, le climat et ses changements ; Comment les changements peuvent-ils être intégrés dans nos actions et nos pensées, et qu’elles en sont les conséquences dans nos mouvements ?
Un travail de collaboration entre les artistes et les habitants - en particulier la jeune génération - développerait un langage artistique commun et ancrerait le processus de création en porosité direct avec l’espace territorial. now is already today/maintenant est déjà aujourd'hui est un dispositive performatif qui est réadapté dans chaque lieux et avec les habitants où la création in situ fait son passage.
47 % des vertébrés disparus en dix ans, faut qu’on se refasse une cabane, mais avec des idées au lieu de branches de saule, des images à la place de lièvres géants, des histoires à la place des choses. (Olivier Cadiot)
Cette citation ouvre le texte Nos Cabanes de Mareille Macé qui m’a beaucoup inspiré récemment. L’auteure y interroge les formes de société et leurs potentiels de développement.
Selon ses observations et ses recherches, notre système de société actuel est dépassé. Un changement structurel serait nécessaire pour permettre de le rééquilibrer.
À cette fin, l’environnement devrait être compris comme un acteur et une entité de la structure globale. Il faudrait se tourner vers l’environnement, établir un contact plus fort avec celui-ci et impliquer l’ensemble des éléments de l’écosystème dans la construction de la société et de l’économie. Elle propose une compréhension mutuelle et des processus intégratifs, l’homme et la nature étant des composantes égales. Une façon de dire « nous », autrement.
Au delà de cette lecture, la situation actuelle générale qui est intimement liée aux changement climatique, font surgir en moi cette question : Comment envisager des possibilités pour transformer cette situation de sorte à ce que nous réussissions à y exister.
En tant qu’artiste face au monde actuelle, je me pose des questions qui sont étroitement liées au corps et à la psyché, compris comme une unité : Comment faire face à des situations apparemment irrésolues ? Que se passe-t-il mentalement et donc aussi physiquement ? Comment le corps et l’esprit réagissent-ils aux catastrophes ? Comment la connaissance des changements radicaux à venir est-elle incarnée? Les mouvements sont-ils différents en conséquence ? Les transformations de paysages et de formes sociales provoquées par le climat et les catastrophes entraînent-ils d’autres mouvements corporels ?
Comment le changement peut-il être intégré dans nos actions et nos pensées ?
Dans mes réflexions je porte un grand intérêt sur la jeune génération et sa perception de la situation mondiale actuelle. Il est donc important de travailler avec des jeunes et de me pencher sur leurs questions dans une phase du processus de création.
Je me demande comment cette génération voit le changement climatique et naturel ainsi que la régression des ressources naturelles qui sont à la source de nos mode de vie. Je souhaite interroger ces jeunes qui sont au début de la réalisation de leur vie et de leur activité professionnelle, sur leurs rêves, leurs peurs et leurs idées pour changer la société et sa structure. Un autre aspect sur lequel je me questionne est la mobilité en tant que question centrale au regard du changement climatique, en particulier dans les régions structurellement isolées.
Comment les habitants, et en particulier les jeunes qui ont une envie de se déplacer librement, gèrent ce cas de conscience ?
Le recherche du projet now is already today/maintenant est déjà aujourd’hui est en quête autour de ces questions. Les moyens de recherche sont aussi bien théoriques que pratiques et vont à la rencontre des différents espaces ainsi que de leurs usagers. Le processus est transdisciplinaire et poreux entre toutes ses composantes qui le forment.
Comme appui théorique, je souhaiterais récolter des idées en dehors des domaines artistiques. Je suis particulièrement intéressée par les points de vue, les projets et les réflexions des urbanistes, paysagiste, des chercheurs en climatologie, des sociologues et des psychologues. En plus de ces professions, je souhaiterais également échanger avec des mouvements sociaux ; Extinction Rebellion par exemple ou l’Ecoféminisme. Leur posture et leur façon de penser le changement climatique d’un point de vue féministe ou activiste m’intéresse. Il me semble que la science seule ne suffit plus pour appeler les responsables politiques et la société à réfléchir et à agir. À ce stade, je considère l’art comme un acteur important mais en dialogue avec les chercheur*e*s d’autre domaines.
Le processus au niveau pratique se compose des personnes, des corps en mouvements et des espaces la plupart étant dit « public ».
Les espaces de recherche qui m’intéressent sont des zones rurales, des périphéries urbaines et des espaces naturels comme des forêts, des plages et des champs. En cohérence avec la thématique, les arrêts de bus, les parkings, les gares, les moyens de transports y sont inclut. Les éléments de la création se développent à partir et pour ces espaces et ses habitants.
Au cours du processus, je voudrais intégrer les habitants des lieux choisis. L’intégration dans la création des occupants de ces espaces se fait par l’acte de chercher, de créer et de performer avec eux in situ. Il s’agit de traverser les espaces en mouvement avec les jeunes participants et leurs moyens de déplacements : le vélo, le BMX, en skate-board ou tout simplement en baskets.
Des temps d’observation, d’immersion et d’improvisation dans les espaces et avec les occupants sont donc des composantes du processus. Depuis ces observations enrichies de pratiques diverses, un répertoire de mouvements sera mis en place. Cette ressource sera le résultat d’un travail in situ encadré par des artistes. C’est la matière artistique pour la création.
Cette approche pour développer les ressources chorégraphiques inclut des recherches autour du corps, du mouvement et de l’espace. Plus particulièrement, le corps en relation avec des questionnements sur la nature, le climat et les changements qui y sont liés. Le processus du développement du langage scénique et performatif est accompagné par la méthode viewpoints and compositions (outils d’improvisation collective, de mise en scène et de chorégraphie).
Le vocabulaire chorégraphique et chaque élément de cette création sont en rapport avec l’espace et la population, en particulier avec la génération des jeunes.
Il s’agit d’établir une cartographie complexe et transversale de la thématique et des espaces et de leurs usages.
La forme finale de cette recherche se compose de performance, de chorégraphie et d’une installation multimédia. Le lieu de présentation est similaire à celui du lieu de recherche : les périphéries urbaines et les zones rurales.
Le dispositif performatif final naissant du processus avec les jeunes donnent lieu à une forme qui sera reconstituée dans chaque lieu de représentation et développée avec les jeunes habitants du territoire. Le matériel artistique développé sert de base à ces re-compositions in situ : chaque lieu et ses participants forment et enrichissent les modules artistiques. Ceux-ci sont re-modelés et adaptés dans différents lieux où le projet fait son passage.
De plus, les nouvelles mesures face à la pandémie du Covid-19 font aussi parti des réflexions sur les modalités du processus créatif et de transmission ainsi que sur la forme et les formats
Par le(s) artiste(s)
Les Ateliers Médicis seront fermés au public du 21 décembre au soir au 5 janvier inclus.