C'est où chez toi ? En posant la question à un enfant, on se rend compte que la réponse est complexe. Il peut s'agir d'une chambre, entourée par des murs couverts d’images ou de mots, de la table du salon où les devoirs s'étalent, du stade ou bien encore d'un endroit aux bords flous, parfois fictifs : ma cabane.
L’atelier prend la forme d’un protocole questionnant les élèves sur leurs espaces intimes en même temps que sur une pratique de la photographie oscillant entre documentaire et mise en scène. L'écriture et l'image interviendront ici à part égale. Les élèves travailleront de manière quotidienne ces deux médiums, aussi bien durant les séances que en dehors, à l'aide de carnets et d'appareil jetables qui leur seront donnés. Ils seront invités à se questionner, autant sur leur territoire, que sur celui de leurs camarades. L'atelier incitera à développer une pratique sociale, collective, en considérant la photographie comme une bonne excuse pour aller à la rencontre de l'autre !
L’atelier proposé ici prend la forme d’un protocole s’étendant sur une vingtaine de séances, en trois phases, et venant interroger les élèves sur la représentation d’un territoire intime qu'ils devront choisir. Cet espace doit leur être personnel - si les participants sont invités à privilégier un espace réel (chambre, maison familial, stade de foot, jardin, …) celui-ci peut aussi être fictif.
A chacun sera donné un carnet dont ils se serviront comme d’un journal de bord, décrivant l’espace choisi quotidiennement. Il s’agit davantage d’un exercice d’écriture que de la production d’un journal intime ici. Ils devront avec leurs mots, simples, décrire et dessiner de manière factuelle ce territoire dont ils peuvent choisir de conserver le secret sur sa nature. A chaque fin de séance, il repartiront avec leur carnet et la contrainte de devoir renouveler à chaque fois la description de celui-ci d'une nouvelle manière (inventaire, cartographie, portrait chinois, etc)
Chaque élève devra débuter l'atelier par une première description du territoire choisi. Cette première description sera ensuite attribuée à un autre élève qui devra s'en emparer pour construire une maquette du lieu. Chaque semaine, chacun produira à partir des descriptions fournies par le propriétaire du carnet, son idée de l'espace intime.
Des appareils photos jetables accompagneront aussi chacun des participants. Entre chaque séance, il leur sera demandé de produire une image, de capter quelque chose du réel, les renvoyant à l'espace qu'il imagine reproduire en maquette. L'appareil jetable et le carnet suivront chacun des élèves dans cette première phase de l'atelier, s'apparentant à un cadavre exquis.
La seconde phase de l'atelier débutera alors, celle des cabanes. Les élèves seront mis par groupe de 4 et devront produire à partir de leurs carnets et des maquettes correspondant une cabane. Il y aura entre 5 et 6 groupes, soit autant de cabanes. A chaque séance ou selon l'avancement des enfants, toutes les deux séances, sera produite une nouvelle cabane. Celle-ci prendra d'abord la forme d'un plan avec un cahier des charges précis établis en avance par les participants. Pour produire celle-ci les élèves auront à disposition des tissus, des tasseaux pré-assemblés par l'artiste et selon les possibilités fournies par l’école, ils pourraient aussi utiliser des éléments de l’école : filet de foot, chaises, tables etc Ils seront par ailleurs invités à ramener des objets qui leurs sont propres (jouets, dessins, etc) pour constituer cette cabane. Les élèves seront autant sensibilisés à la prise de vue de leur installation, qu’aux différentes étapes de sa production.
Chaque enfant sera invité à faire le portrait collectif ou individuel des enfants de son groupe dans la cabane qu'ils auront ensemble construit. Il s'agit ici de faire réflechir les enfants sur le portrait comme construction d'un espace de rencontre, lié à la connaissance de l'autre. La cabane sera alors considérée selon sa grandeur comme un studio photo où viendra se placer l'élève photographié.
La dernière phase de l'atelier sera le moment des fanzines. A partir des images produites puis développés et des textes écrits sera produit une série de fanzine. Chacun des espaces, nommé par le numéro qui correspond à son carnet sera restitué sous forme d'édition. Ils prendront la forme de A3 recto verso, pliés en livret ou dépliables en poster. Chacun offrira un cadavre exquis d’interprétations où l’écriture du propriétaire du carnet et les images de ceux et celles ayant travaillé dessus se répondront.
Il s'agit ici de considérer la photographie comme la rencontre avec une réalité extérieure qui nous amène à nous approcher d'une alérité, à comprendre l'intimité, le territoire de l'autre.
Sera produit en marge de l'atelier et par l'artiste une série d'images et de courtes vidéos où les enfants reviendront sur la description de l'espace sur lequel ils ont choisi de travailler.
Par le(s) artiste(s)