Durant la résidence proposée par Création en Cours, je réaliserai une sculpture en plexiglas de couleur et mousse comportant des éléments mobiles « pop-up » à manipuler et ré-agencer pour découvrir des vidéos/gifs animés qui y sont dissimulés et des objets abstraits en impressions 3D que la sculpture abrite. La forme de la sculpture, des objets imprimés en 3D et des formes montrées dans les vidéos seront inspirées du patrimoine architectural local, industriel ou domestique, et de leur visualisation grâce aux outils de cartographie numériques. Les impressions 3D et les bandes sons des vidéos seront conçues et réalisées avec les élèves. Cette sculpture hybride et mobile interroge nos outils de représentation de l’espace, et le devenir de l’architecture : construction, ruine, démolition, rénovation sont autant d’interventions sur le bâti qui démontrent que l’architecture n’est pas figée et que son évolution refaçonne constamment les paysages qui nous entourent.
L’expérience de survoler la Grande muraille de chine ou de faire un panoramique des pyramides du Caire est aujourd’hui aussi commune que celle de rechercher la toiture de notre propre maison sur comme témoin de notre existence au monde. Grâce aux outils de cartographies numérique de plus en plus nombreux, variés et accessibles (vue satellites, photos, modélisations ), nous entretenons l’illusion de pouvoir connaître un lieu sans s’y déplacer physiquement. Qui sait même si l’expérience - virtuelle - que nous en faisons en multipliant les visualisations, points de vue, et modes de représentation n’est pas plus véritable même que l’expérience que nous pourrions en faire ? Le « point de vue satellite », qui englobe le monde entier depuis le ciel, est ainsi devenu essentiel dans notre manière d’envisager le territoire et la place que nous y occupons. Mon travail interroge nos usages communs des technologies modifient profondément notre façon de nous représenter l’espace et l’architecture. Le projet que je propose de réaliser pour Création en Cours reprend ces images pour en jouer - et les déjouer – au sein d’une pièce hybridant sculpture et vidéo. Le bidule est un objet mixte qui interroge sur son statut : à la fois sculpture et maquette, socle et écran, vidéo et objet, il confronte différentes fonctions inhérentes aux objets artistiques. En outre des différentes formes plastiques que le Bidule fait se rencontrer, il est aussi le point de croisement de multiple moyens de représenter l’espace et le bâti y sont convoqués : Plan, vue aérienne, vue satellites, maquette, cartographie, modélisation 3D seront manipulés à différents moments de l’élaboration du projet. « Les milles dessous du grand Bidule » tire ainsi son nom à la fois de cette incertitude en tant qu’objet, assumant une certaine réticence à se définir et de cette multiplicité des images qui le composent. La première étape du projet avec les élèves consistera en une exploration numérique des alentours du lieu de résidence, à l’aide de plusieurs outils et d’une comparaison des représentations selon les outils d’un même espace ou bâtiment. Il s’agira bien entendu d’éprouver les limites de cette exploration, de faire apparaître les erreurs et les glitchs des outils de représentations numérique de l’espace pour interroger leur fonctionnement, et ainsi nos usages des technologies. « Les milles dessous du grand bidule » sera en premier lieu une sculpture d’environs 3*3*1m composée de plaques de plexiglas de couleur et de polystyrène extrudé assemblées ensemble de manière a former un ensemble géométrique en étagements. (visuel 1) Les plaques de plexiglas colorées seront sérigraphiées en monochromie avec des images issues de vues aériennes et satellites. Cette sculpture est conçue pour être manipulée : ces multiples faces comportent en effet des trappes, volets et parties mobiles qui recomposent sa forme selon leur positionnement, à la manière des livres pop-up pour enfant. Ces partie mobiles en découpes tireront leur forme de déformations d’architectures observées au préalable sur des outils de cartographies virtuelle (visuel 2). En les manipulant, le spectateur agence la maquette d’une multitude de paysages impossibles et changeants. Les différents plans de la sculpture-socle serviront également de support à de plus petites sculptures en plastique fabriquées avec les élèves à l’aide d’une imprimante 3D. (visuel 3). Ces objets tireront leur forme des recherches effectuées préalablement avec les élèves sur le patrimoine architectural local et sa représentation via les outils numériques. Le passage d’une image 2D, à une modélisation 3D puis à une maquette occasionne l’apparition de formes nouvelles et sera questionné avec eux. L’usage de la technique de l’impression 3D sera l’occasion d’échanger avec les élèves au sujet du rapport à la construction et la fabrication entraîné par celle-ci et du passage d’une image plane à un objet tangible que permet cette technologie. De courts extraits vidéos seront également incorporés à la forme générale : En se soulevant, les découpes dans les panneaux de plexiglas révèlent en creux un écran placé en-dessous. Les vidéos qui y seront visibles seront des Gifs animés et des animations 3D de quelques secondes en boucle. Les gifs animés seront réalisés durant la résidence avec les élèves et montreront des pop-up en qu’ils auront fabriqués à la manière du bidule. La réalisation des animations 3D fera l’objet d’un travail d’atelier à postériori : elles montreront des processus d’élévation de formes modélisées à partir des images réalisées avec les élèves qui seront aussi à l’origine de la série de petites sculptures. Il y aura donc autant d’extraits vidéos que de sculptures 3D. Les bandes sons de ses vidéos pourront également être composées avec les élèves à partir de sonorisation de différents gestes et matériaux à l’aide de micros-piezo. Ce projet fortement axé sur l’usage des technologies numérique de représentation de l’espace veut proposer une réflexion aux élèves sur la place qu’elles occupent dans notre manière de voir le monde. De plus la pluralité des médiums et des moyens de représentations d’une image qui sont mis en œuvres dans ce projet permettra de faire expérimenter aux élèves la richesse et la variété des moyens de représentation d’une forme plastique. Chacun de ces moyens se répète différemment sans se recouvrir exactement, se complète et apporte un nouvel éclairage sur ce qui nous entoure. J’espère ainsi leur transmettre la sensation que l’art est aussi un moyen d’interroger le monde qui nous entoure et de le comprendre dans un sens nouveau.
Landes
Par le(s) artiste(s)