Courir, jouer, se retrouver, grimper, danser, se reposer… autant de pratiques enfantines qui ne trouvent plus leur place dans les espaces de nos villes. Les lieux dédiés aux enfants n’existent plus que par le prisme de la sécurité au détriment de l’expérimentation, de l’aventure et de l’imagination. Dans ma rue a pour but de sensibiliser et d’interroger les élèves sur les qualités d’usages des espaces publics qu’ils fréquentent, de leur donner la parole et de leur offrir des prises sur cet environnement. Par le biais d’un projet utopique, les enfants pourront s’affranchir des règles pendant une journée durant laquelle une rue de la ville leur sera dédiée laissant place à un terrain d’aventure et de jeux qui sera ouvert à tous les habitants.
« Le propre de la ville, c’est de permettre la multiplicité des rencontres et la confrontation de soi avec l’autre ». Thierry Paquot, philosophe.
Le projet Dans ma rue est né d’un questionnement large autour de l’aménagement des villes et de l’exclusion de certaines catégories de personnes lors de ces aménagements.
L’un des oubliés des villes c’est bien sur l’enfant. La ville et la rue sont devenues des lieux de passage où l’on circule d’un point à un autre dans un but bien précis. Plus de place à la spontanéité, à la rencontre et aux jeux.
A travers mon métier d’architecte et mes expériences professionnelles dans le milieu éducatif, je souhaite redonner une place aux enfants dans la ville, qui leur est aujourd’hui bien hostile. La découverte de leur environnement est pourtant essentielle pour s’affirmer et grandir. Par le biais de cette résidence je souhaite leur donner des clés pour appréhender leur place dans la ville. L’objectif de ces interventions est de sensibiliser les élèves à la rue et aux espaces publics et de leur amener des outils de compréhension de leur cadre de vie urbain.
En prenant pour lieux d’études des espaces publics qu’ils fréquentent au quotidien, les élèves seront amenés à se questionner et à poser des mots sur leur environnement. Ils seront amenés à utiliser comme outils la ballade sensorielle, la grille d’observation et le dessin. Il s’agira de regarder, toucher et de sentir ces lieux. Un atelier en classe permettra ensuite d’imaginer la modification de ces espaces par le biais du dessin en plan, par le collage, la perspective et la maquette. Cette pratique créative permettra d’expérimenter les formes, les matières, les couleurs, les odeurs, pour redonner une place aux sens. Suite aux visites in situ et aux projets créés, un livret sera imprimé pour garder une trace des réflexions menées.
La deuxième partie du projet sera d’imaginer un lieu utopique dans la ville où les usagers principaux seront les enfants. Ils pourront imaginer des structures éphémères, des jeux, des tracés aux sols, des bacs de plantation, etc, soit un lieu de tous les possibles uniquement dédié à leurs besoins. L’objectif est ensuite de réaliser une partie de ce qui a été imaginé et d’ouvrir pendant une journée une rue ou une place de la ville pour créer un événement dans « leur rues à eux ». A défaut d’autorisation de la ville, un projet similaire pourra être créé dans la cour d’école.
A la manière de projet en Allemagne où l’on trouve plus de 400 terrains d’aventures urbains qui consistent à laisser un espace de la ville en friche, le projet Dans ma rue tente de questionner la place de l’enfant dans la ville, de lui laisser un place pour évoluer librement et de le faire coexister avec tous les autres usagers.
Selon Jane Jacobs, philosophe de l’architecture, la rue doit redevenir un lieu de mixité, de rencontres et d'activités diversifiées, et cela passe entre autres par le fait de laisser aux enfants le potentiel de la réintroduire sereinement.
Par le(s) artiste(s)