Les grandes lignes du projet artistique que je propose de mener dans le cadre du programme Création en cours se sont d’abord construites autour de ma propre pratique, dans une réciprocité des représentations figuratives et abstraites, par le récit et par la peinture. Elles se sont aussi librement inspirées de l’enseignement de la couleur avec Josef Albers et David Hornung, ainsi que d’une série d’entretiens avec deux enfants intitulée France Tour Détour et réalisée par Godard et Miéville en 1978 pour Antenne 2. En conjuguant ces deux approches, c’est par la découverte de la couleur, de la surface et de la matière - grâce à l’expérimentation et au dialogue - que l’élève pourra inscrire son ressenti personnel dans un contexte plus général : celui de l’école, mais aussi celui du milieu dans lequel il vit. Les propositions d’ateliers en classe auront pour objectif d’explorer la ligne de crête entre abstraction et figuration, d’un point de vue plastique mais aussi philosophique, par la pratique de la peinture, de l'écriture et du débat. L’artiste, écrivain et enseignant Fabio Viscogliosi est le parrain du projet. Ses connaissances artistiques et pédagogiques permettront d’évaluer ponctuellement la pertinence de les propositions faites aux élèves.
Les propositions d’activités faites en classe viseront à comprendre de manière ludique la distinction entre figuration et abstraction, entre idée et réalité, sans toutefois se placer d'un côté ou de l'autre. La peinture et l'écriture doivent permettre aux élèves de décrire leur appréhension du temps et de l'espace de manière complémentaire. Les moments de débats leur permettront d'apprécier la diversité des propositions faites par leurs camarades.
L’ensemble des ateliers donnés en classe se dérouleront sur une période de quatre à cinq semaines non-consécutives, durant lesquelles je souhaiterais pouvoir développer différents aspects de mon travail personnel, afin de le rendre visible auprès des enseignants et des élèves : exploration de la région à la recherche de sujets picturaux, travail à la gouache dans des locaux disponibles au sein de l’établissement, et écriture d’un court récit basé sur les expériences faites en classe et inscrit dans le territoire concerné.
Dans un premier temps, des expérimentations ludiques autour du cercle chromatique (mélange, contraste, transparence, harmonie, valeurs) seront l’occasion de s’initier à la couleur, et de trouver un plaisir à faire qui ne serait pas contraint par la ligne ou le besoin de représenter une réalité, mais qui s’épanouirait dans l’agencement intuitif de surface teintées.
Les élèves seront également encouragés à formuler leurs impressions à partir d’une sélection de peintures “non-représentatives” (mais qui expriment toutefois une vision sensible du monde) adaptées aux recherches faites en classe. En fonction du programme scolaire et des désirs de l’équipe enseignante, ce corpus peut permettre aux élèves de percevoir le contexte d’émergence de l’abstraction dans l’Histoire du XXe siècle, à travers les différents courants artistiques qui en ont multiplié les approches.
Progressivement, la pratique de la peinture en classe sera associée à la réflexion en groupe, à la parole, puis à l'écriture.
Lors de séances relativement courtes, les élèves pourront exprimer leur point de vue sur des questions simples qui leur seront posées à l'oral. Nous partirons de notions abstraites (idée, sentiment, sensation) pour trouver une situation concrète qui illustre cette notion (espace, temps, matière, lumière). Cette situation sera ensuite précisée grâce à la peinture et au récit (illustration et description d'une circonstance : la lumière de neuf heures du soir en été m'apaise).
Inversement, la promenade, la lecture et la collecte de documents visuels peuvent alimenter ces exercices et nous permettre de remonter du particulier au général.
Ces propositions d’activités visent à comprendre de manière ludique la distinction entre figuration et abstraction, entre idée et réalité, sans toutefois se placer d'un côté ou de l'autre. La peinture et l'écriture doivent permettre aux élèves de décrire leur appréhension du temps et de l'espace de manière complémentaire. Les moments de débats leur permettront d'apprécier la diversité des propositions faites par leurs camarades.
Afin d'ouvrir davantage ces ateliers aux pratiques artistiques actuelles, j'envisage de demander à trois artistes de répondre aux questionnements nés dans la classe par une proposition picturale. Les élèves pourront déterminer eux-mêmes autour de quelle notion il souhaitent que l’artiste travaille. Ainsi, avant la fin de la résidence, ils recevront plusieurs œuvres dont ils connaîtront l'auteur, la génèse, et avec lesquelles ils cohabiteront jusqu'à la fin de l'année. Par ce biais, l'établissement scolaire entame une collection d'art dans ses murs.
Loiret
Par le(s) artiste(s)