C'est peut-être ennuyeux de commencer ainsi mais parlons de mes études. J'ai tout d'abord souhaité après un baccalauréat littéraire, me faire plaisir à dessiner pendant une année, dessiner des pommes, des corps nus, des valises, des lettres et des chiffres, des legos empilés, des bustes de marbres, dessiner ce que j'imaginais, tout cela à la gouache, au crayon, au fusain... Ce fut à l'école de Penninghen, à Paris, enseignement qui me transmit les bases d'un langage graphique et de la composition. J'ai appris pour la première fois une autre manière de travailler et de penser que celle enseignée derrière un pupitre durant collège et lycée. Je réalisais préférer ainsi m'exprimer par le truchement d'un croquis, d'un dessin, d'une peinture que strictement par une rédaction écrite en trois parties.
A l'issue de cette entame estudiantine, encore curieux, pas assez contenté de ces acquis graphiques et surtout désireux de les rendre utiles, je décide une autre découverte artistique. Celle du jardin. Je me décide pour un BTS aménagements paysagers. Durant deux ans, j'apprends donc les techniques de réalisation d'un jardin, les besoins de ces espaces, leur histoire et leur potentiel. J'imagine devenir paysagiste. L'idée me séduit. Je réalise alors que ce métier se décuple en diverses activités. Il permet de se mettre au service des besoins des gens. Réaliser des parcs urbains, préserver des espaces naturels, aménager des promenades ça et là, planter un arbre, placer un banc (...), cette mise en scène des mondes extérieurs me plaît. Moi qui aime bouger, me dépenser, me déplacer, prendre le pouls de la rue, me cacher dans un bois, orchestrer le dehors est à mon sens une nécessité dans chaque société. Ces sont des espaces de libération, d'expression.
Je tente le concours commun d'entrée aux écoles de paysage, le réussis et deviens étudiant à l'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture et de Paysage de Bordeaux. Durant ce cursus, j'apprends à manier les échelles des territoires urbains et ruraux, cela surtout en correspondance avec les attentes des populations qui les habitent. Que peut-on espérer ici plus qu'ailleurs ? Pour chaque projet, je pose cette question tel un leitmotiv, me poussant à prendre en compte les détails, spécificités propres au lieu, ses rituels, les résidents et les possibles désirables. Ce métier engage à l'arpentage des terres, à se diriger vers les arrière-plans du paysage sitôt découvert. J'envisage de connaître des pays jusqu'ici seulement fantasmés. Je ne saurais alors le justifier mais l'Asie m'intrigue depuis quelques temps déjà. Je souhaite rejoindre ce continent pour y effectuer ma dernière année d'étude. Je jette mon dévolu sur le Vietnam ; les modes de vie des Vietnamiens m'ébahissent. Ils font vivre chaque bout de leur territoire, cultive sur des sols rocheux, font déborder leur salon dans la rue... Un an et puis s'en va. Après un stage dans une agence d'architecture à Saïgon, retour ici en France poursuivre mon chemin...