Point d’étape, 16 mars 2017

A l’école de la Madeleine Supérieure, à Nice, Sophie Pellegrino a posé ses bagages depuis le 27 février. C’est au troisième étage qu’elle a installé son atelier, dans ce bâtiment un peu austère situé tout au fond du vallon de la Madeleine, à la lisière des grands immeubles du boulevard du même nom et des petites villas niçoises nichées sur les pentes de la colline. L’artiste arrive avec du matériel, bien inhabituel dans une école, pour pouvoir scier, coller, découper, assembler… Elle monte de grands rouleaux de papier et des caisses pleines de choses étonnantes… Mais elle arrive surtout avec ses carnets de croquis, et des idées plein la tête. Ce sont les CM1 qui vont partager au plus près son aventure artistique dans l’école. Ils sont d’ailleurs dans la cour avec l’inspectrice lorsque Sophie toque au portail de l’école. Un premier contact rapide et un brin perplexe du côté des élèves, juste avant de partir faire du sport. Ils ne sont pas au bout de leurs surprises.

Cette résidence d’artiste s’inscrit dans un parcours artistique et culturel pensé à l’échelle de l’école. Depuis des mois, les CE2 montent un opéra. Les CM1-CM2 travaillent, eux, dans le cadre du dispositif « La classe, l’œuvre ».

Pour les CM1 de Fabien Périer, c’est début mars et avec Sophie Pellegrino que s’ouvre un nouveau chemin de création artistique.

D’abord, se connaître, se découvrir  avec un temps de rencontre avec l’artiste et des échanges sur son métier, son rôle, son œuvre. Des discussions qui débouchent rapidement sur une mise en situation : les enfants sont invités à faire un croquis de leur environnement. Des paroles et des dessins qui aident artiste et enseignant à mieux situer le point de départ des élèves, tant dans leurs connaissances, leur potentiel d’observation, leurs capacités graphiques.

La suite est à écrire, dessiner, construire avec les enfants. Ils auront notamment à dessiner une architecture pour commencer à comprendre les notions et avoir une vision globale de l’architecture. Ils reconstitueront ensuite une architecture à partir de divers matériaux de recyclage, avant d’utiliser leurs constructions en volume pour construire une ville. En amont de la construction d’une structure avec l’artiste dans la cour de l’école, ces activités visent, en trois étapes, à aborder  trois aspects de l’architecture : la forme, le volume, l’espace.

La trace de leurs recherches, sur différents papiers et à l’aide de différents outils, constitue la mémoire de travail. Ces traces, comme autant d’étapes de la réflexion et de l’avancée de connaissances, seront assemblées en un carnet regroupant l’histoire de cette création.

Deux autres groupes d’élèves sont d’ores et déjà passés dans l’atelier de Sophie :

• Le CM1-CM2 engagé dans un autre projet de création (la classe, l’œuvre) est venu rencontrer l’artiste : découverte de la personne, de son métier, de son travail. L’échange a débouché sur un travail plastique en lien avec leur propre projet.
• Le groupe d’élèves allophones de la classe UPE2A est également venu visiter l’atelier. Un travail sur le vocabulaire (les outils, le matériel, les gestes de l’artiste…) se construit à partir de cette visite.

Les classes de l’école, et particulièrement les CP, CE1 et CM2, vont suivre le projet et veiller, au fil de l’élaboration de l’œuvre, à rendre compte de ce qui se passe, sous des formes diverses : photo-reportage, web radio, dessins, textes…

Mais pour entraîner la majorité des enfants de l’école dans un processus de création, l’artiste a proposé « Murmure » : un projet offert sous forme d’ateliers lors de la pause méridienne. Il s’agit de permettre aux enfants de venir travailler, à tour de rôle, avec l’artiste dans son atelier, à une production qui amène à réfléchir l’espace de l’école. Il aboutira à la création à grande échelle d’un panoramique géant qui sera affiché en fin d’année, constitué d’un puzzle de photos bases d’un travail de dessin et d’imagination. Mur… murs… un murmure sur les murs…

Ces projets s’articulent avec celui qu’engagent les équipes sur l’aménagement des espaces. En effet, dans le cadre d’un travail sur le climat scolaire, les deux écoles, maternelle et élémentaire, projettent d’investir les lieux pour favoriser davantage le jeu : création d’un espace ludique en maternelle, création dans les cours d’école de différents espaces de jeux (créativité, socialisation…).

La perspective d’inviter les familles en fin d’année pour découvrir l’œuvre réalisée et une exposition des travaux des élèves autour de la création en cours, entre en résonance avec le projet d’offrir aux enfants et à leurs parents une école plus accueillante, dans laquelle la créativité est convoquée et appréciée, où la couleur et la forme sont parties prenantes du quotidien, où les apprentissages prennent appui sur un climat scolaire apaisé.