Expo dans la cour de l'école

tOpO du mOis de mArs

Publié par Nicolas Célestin Bregović (Boban)

Journal du projet
Danse Musique Théâtre Clown, Mime Corporel Dramatique, Dessins

Présentation du métier de scénographe, voyage imaginaire, dessin en 2D et monde en 3D.

 

Cet article aurait dû être écrit depuis un moment. Mea culpa mais là où je suis je n'ai pas le net tous les jours, ça me fait une p'tite excuse tout de même. En mars, une semaine avant que ce virus couronné s'installe sur le trône français et que chacun chacune reste chez soi, Elise est arrivée. Elise Richter, amie et scénographe de Dresden. Accueillie comme il se doit à Lyon chez des amis, après avoir fait quelques achats de matériel pour nos prochaines aventures, on est ensuite partis pour Trelins, mon nouveau chez moi, à quelques km de l'école donc. On y a préparé deux journées d'intervention en école. Elise a préparé consciencieusement la présentation de son métier, ses créations réalisées et le processus étapes par étapes. Echt gut gemacht! Puis, par groupe, deux jours durant, du matin au soir, on a animé deux journées avec les enfants.

Le rythme allait être effréné, on le savait. On savait aussi que ça allait être nos derniers jours ensemble avant un bout de temps. L'ambiance était électrique et enjouée...

l'idée était de leur faire imaginer un monde souterrain, de le dessiner en 2D pour ensuite le réaliser en 3D.

Ce fut une belle réussite pour tous, tous étaient ravis et c'est pas moi qui le dit!

On a commencé par des activités corporelles où l'idée était de tout lâcher, de tout donner intensément, de lâcher prise avant de se retrouver au sol, faire des étirements, des exos de respiration et se recentrer. S'apaiser.

Une fois tout le monde sur le dos, les bras le long du corps, les jambes légèrement écartées, la tête bien posée, j'ai fermé les volets en leur demandant de faire le même avec les leurs. Yeux fermés, je leur ai demandés d'inspirer et d'expirer profondément, puis au bout de trois séquences, d'expirer et de s'enfoncer doucement dans le sol, de se sentir lourd et de continuer à chaque expiration de s'enfoncer. d'être attentif aux émotions ressenties, à la chaleur, la texture. Puis de se retrouver loin dans les entrailles de la Terre. De sentir un vent léger, de se diriger vers ce vent pour y entrevoir un espace, d'y rentrer, d'observer, de s'y avancer, d'aller sur la paroi du fond, d'y mettre les mains, de sentir un trou, d'y mettre le doigt, la main, le bras, d'aller au fond, de sentir une chose, de la prendre, de la ramener vers soi, de l'observer, de décider de la remettre ou de l'emporter avec soi, puis de continuer son chemin les mains sur le mur. D'entrer dans un chemin étroit et abrupt, qui va encore plus bas. Il amène à un nouvel espace. Dans celui-ci, il leur fallait sentir qu'ils n'étaient pas seuls, que cet endroit était déjà habité par une créature. Face à cette créature, s'observer,  l'observer, quelle émotion cela nous procure, s'interroger à savoir si elle respire, parle, voit, comment cette créature se sent en notre présence etc...puis la laisser, lui tourner le dos, avancer, la regarder une dernière fois, puis avancer. Au sol, un point de lumière. S'y mettre sur le dos. Reprendre les respirations profondes puis à chaque expiration monter vers la surface...Garder les yeux fermés. Et se souvenir de tout ce voyage. Le silence était savoureux! je savais que le voyage allait donner moult histoires à raconter.

ENfin, les yeux ouverts, en silence, un se levait, venait à moi, prenait sa grande feuille blanche, son graphite et allait se trouver un endroit à lui dans la grande salle des fêtes. L'état français ayant l'idée abjecte de maintenir le premier tour des municipales, il y avait des meubles d'installer dans la salle des fêtes... le premier élève à s'être levé s'est ensuite mis sous une table. L'autre, sous un bureau de vote. Chacun restait confiné dans son petit monde.

La première étape était donc individuelle, reproduire son voyage en  2D sur l'entièreté de la feuille avec le graphite, avec comme idée d'aller chercher différentes textures en frottant son graphite à des matières comme le bois par exemple et de ne pas rentrer dans une esthétique impersonnelle style manga ou autre, de laisser aller sa main tenant le graphite, d'être énergique, que de dessiner ce voyage était aussi un voyage et d'illustrer selon l'importance que chacun accorde aux étapes vécues, aux émotions, aux rencontres, etc...

le résultat fut excellent. Je vais vous conter simplement l'histoire d'un élève qui a vu sous terre, une créature, la créature! celle-ci n'était autre que l'architecte du monde souterrain, une créature née aux petits bras, aux petites jambes qui grandissait et multipliait ses membres à mesure qu'il créait de nouvelles choses.

La deuxième étape fut ensuite de disposer tous les dessins retournés au sol, de demander à chaque élève d'en découvrir un, de marcher dans la salle en l'exposant et lui trouver des similarités avec d'autres pour créer des groupes. Les groupes créés, on les a de nouveau mis au sol face visible puis on a simulé une visite  comme au musée avec des commentaires de tous et ceux de l'artiste en question.

La troisième étape fut par groupe de deux ou trois, choisir parmi tous les dessins, un personnage, un espace souterrain, une texture puis passer prendre son matériel (ciseaux, cartons, colle, peinture, pinceaux, etc) pour se lancer dans la création d'un monde souterrain.

Avec Elise, on a donc assisté les ateliers de création en 3D dans l'urgence. Car le temps nous faisait défaut chaque jour. Il leur a fallu prendre des décisions dans l'urgence, se diviser le travail, s'organiser pour arriver à 16.15 avec le résultat en grandeur nature.  Ce fut superbe. Epuisant mais génial. On a vu de belles situations de galère, d'entraide, de rires, tous étaient ultra motivés. ELise passait avec sa douceur et ses conseils avisés et moi avec l'énergie d'une coulée de lave et des recommandations de colonel-adjuvant-chef. On a bien ri et tous construit de beaux mondes.

Puis, pendant que tous recevaient les dernières consignes et devoirs de leurs instit avant le confinement, on a installés les oeuvres dans la cour d'école.