À la recherche de l’argile...
Nous sommes au mois de mars, je fais mes premiers pas sur les plis de la terre de la commune de Saint-Hélen dans les Côtes d’Armor. Je suis à la recherche d’argile, une argile assez plastique pour être modelée, mais pas trop non plus, car sinon des craquelures se formeront à sa surface lors du séchage. Un itinéraire coloré de nuances de terres ocres, rouges, brunes, grises, beiges se trace, allant de filons en filons et parsemé de rencontres. Rencontres avec des parents d’élèves, des jardins, les rives de la Rance, des talus, des passionnés de céramique, le jardinier de la commune, la secrétaire de la mairie, l’épicière, la boulangère, un producteur de pommes, un habitant du bois de Coëtquen, des talus, etc.
Avec les enfants, nous étalons les récoltes d’argiles sur de grands draps étendus sur la terre. Nous les classons par couleurs et les séparons en de petits morceaux. Puis le temps fait son ouvrage, l’argile sèche pendant que nous fabriquons nos outils.
Lorsque l’argile est bien sèche, nous la déposons dans de grands bacs remplis d’eau de pluie. Nous la laissons décanter et nous poursuivons la fabrication de nos outils. Le temps se courbe, les gestes se répètent, apprentissage de la patience.
L’argile a décanté, nous plongeons nos mains dans la barbotine, remuons l’argile liquide, cassons ses grumeaux. Nous avons de l’argile jusque dans les cheveux.
Ensuite, nous tamisons l’argile pour retirer ses cailloux trop gros qui nous gêneraient lors du modelage.
De nouveau, nous étendons un grand drap au sol sur lequel nous étalons la barbotine à grandes brassées. Et nous continuons à fabriquer nos outils.
Nous voyageons entre les temps, ceux des fleurs, ceux des pierres, ceux de l’artisane et ceux des enfants.
L’argile s’est raffermie, le soleil glisse vers l’est. La classe est finie. Je roule la terre, je la pousse de toutes mes forces. Je la malaxe avec les mains et les pieds. Je chasse les bulles qui voudront s’échapper de la terre lors de la cuisson et qui alors provoquerons de petites explosions. Je forme des petits pains d’argile et les couvre d’un plastique dans l’attente du modelage.