Premières impressions

Premières impressions

Publié par Charlotte Magri

Journal du projet

Lundi 15 janvier

Je quitte mon Luberon à l'aube. Roule plus de trois heures, la lumière est belle, l'air de plus en plus frais. Une pause café-soluble dans une station service renseigne mon épiderme d'un coup de fouet tendre et vivifiant sur cette donnée importante.

À l'arrivée, la neige me ravit, jusqu'à ce qu'elle bloque ma voiture, je patine, de bienveillants autochtones en combinaison ont la gentillesse de ne pas me regarder de haut et viennent spontanément pousser ma lourde 406 break en m'indiquant par où tourner le volant pour me sortir de cette méchante ornière.

À l'école, les enseignantes déjeunent en badinant bruyamment dans la bibliothèque. Je suis un spécimen étrange et difficile à caser, mais je suis bienvenue et accueillie.

Les enfants arrivent, les joues rougies par l'air frais et les yeux piquants. Ils se montrent curieux et volontaires. Première après-midi joyeuse et engageante.

Mardi 16 janvier

Neige, neige, neige. L'ascension jusqu'à l'école est périlleuse et incertaine. J'y arrive après quelques sueurs froides vertigineuses.

Les enfants me reconnaissent beaucoup mieux que moi. Il faut dire qu'ils sont plus nombreux que moi, et je n'ai enregistré que le sourire dans leurs regards d'oiseaux, pas leur patronyme.

On entre dans le vif du sujet.

Mercredi 17 janvier

Il fait moche mais tout ce gris est compensé par ces sourires de mioches emmitouflés.

Pendant la récréation, j'admire les magnifiques stalactites qui gouttent en choeur depuis l'avancée de toit sous laquelle je fume à l'arrière de l'école.

Jeudi 18 janvier

Les gosses sont excités, et les solides branches d'arbres ploient sous les bourrasques indécises et précipitées.

Mais l'intérieur est chaud et doré. L'intérieur de l'école, l'intérieur de notre salle, l'intérieur du chaudron magique que nous installons ensemble sur un long feu de bois.

Vendredi 19 janvier

Charlotte, tu vas me manquer. Dessin avec un cœur, prénom d'enfant, câlin de petites âmes tendres dans les couloirs.

Sur le retour, je glisse des hauteurs jusqu'en bas comme sur un toboggan sublime, le paysage est fou de beauté et je l'apprécie encore plus qu'à l'aller. La nuit tombe, la température grimpe degré par degré sur l'écran vieillot de mon tableau de bord.