J'ai débuté ma résidence au sein de l'école de Christophe à Goyave au début du mois. C'est avec appréhension et excitation que j'ai rencontré la classe de CE2/CM1 de Madame Sabas la Directrice.
Lors de ce premier contact, j'ai demandé aux élèves ce qu'ils comprenaient de l'intitulé du projet : Cabinet graphique : Poésie du corps. Chacun y est allé de sa proposition, en n'oubliant pas la notion de corps qui est au centre du projet. Ils ont immédiatement compris qu'il y aura de la sensibilité à exprimer autour du corps. Ainsi leur ai-je parlé d'imaginaire. De liberté. Avec comme unique contrainte qui est de ne pas utiliser la couleur.
Ils étaient également très curieux de découvrir mon travail. Ils étaient à la fois émerveillés, intrigués et septiques de le découvrir. Ils ont perçu des choses que je n'avais jamais vu moi même. Ils remarquent que mes corps sont différents. Il y a trois seins, des épines, des corps sans tête, sans pieds. Je leur explique qu'il s'agit de ma poésie. S'affranchir des normes, de la réalité (s'en inspirer malgré tout) , et ainsi créer ses propres corps imaginaires.
Nous avons débuté notre cabinet graphique dédié à la pratique du dessin en excluant la couleur. C'est une difficulté réelle pour certains, car la couleur représente les émotions me disent-ils. Je les rassure en leur disant que ce n'est qu'un début, et que la couleur prendra sa place plus tard. Nous utiliserons plusieurs outils et medium, tel que l'encre de chine, le feutre, le fusain, le collage...
Au fil de nos ateliers je constate déjà l'univers de chacun. Mangas, princesse, masques... Créer un corps imaginaire est comme un terrain de liberté pour certains. Quelques uns restent cantonnés à ce qu'ils aiment dessiner : requins, tête sanguinolante, dragons. Tout cela devient une contrainte, ils l'ont bien compris, et font donc l'effort de s'en détacher.
Nous passons du feutre au pinceau à l'encre de chine et les enfants se rendent compte qu'ils ne peuvent pas effectuer les mêmes détails qu'avec le feutre fin. L'encre de chine est une expérience nouvelle pour la plupart, tellement intéressante qu'ils vagabondent...Mais des corps étranges surgissent de la feuille, les enfants sont surpris par leur création.
Au retour des vacances de Pâques, nous allons travailler avec un musicien. Le défi sera de dessiner au fusain en fonction du rythme. Les enfants se rendront compte qu'il n'y a pas seulement la main qui est impliquée dans l'acte du dessin, mais également tout le corps.
