L’aventure commence !
Nous sommes le dimanche 02 février et nous prenons la route vers Nevers, et ce, à la rencontre de François Gauthier, l’oncle par alliance de Paul qui nous convie à dormir chez lui à Varennes-Vauzelles pour la durée de notre projet. Une chance inouïe, car nous logerons à 15 minutes en voiture de Garchizy, où se trouve l’École élémentaire Guy Môquet, notre lieu d’affectation.
Lundi 03 février 2020 : Jour 1, matin
Nous arrivons à l’école vers 8 h, un peu en avance pour pouvoir boire un thé avec la maîtresse Nathalie Pesce.
Lorsque les enfants sont tous installés, nous commençons par nous présenter : prénom, nom et profession. Qu’est-ce qu’un graphiste? Tommy utilise l’exemple de la trousse Spider Man de l’un des enfants pour expliquer que la plupart des images qu’ils peuvent voir sont pensées par une personne dont c’est le métier.
Nous introduisant le thème du projet que nous allons explorer avec eux : le bon point scolaire, une image distribuée à l’école pour récompenser les élèves. Certains enfants ont déjà eu des bons points en maternelle. Nathalie explique avoir utilisé les bons points par le passé en enseignant à des plus petits, pas tant pour leur valeur de récompense que pour apprendre à compter.
La semaine précédente, nous avions fait parvenir à Nathalie un courrier qui contenait une série de petites cartes, à faire compléter par la classe. Le recto indique des zones à remplir : dessiner un paysage et un visage, inscrire son nom. Au verso, une liste d’information à compléter : prénom, nom, âge, un animal, une qualité et un mot préféré. Dans ce courrier, nous avions aussi joint nos deux cartes déjà remplies afin de nous présenter à distance, Tommy et moi. Une carte supplémentaire était pensée à destination de Nathalie.
Pour commencer la journée, à tour de rôle, chaque enfant est invité à venir au tableau pour présenter la carte d’un autre. La classe doit alors deviner son propriétaire. Un volontaire se lève, prend soin de cacher le prénom et lit les informations inscrites au dos puis décrit rapidement le dessin du recto. Nathalie précise qu’elle n’a pas obligé les enfants à représenter leur visage. Les enfants trouvent rapidement la solution, il n’y a eu que 3 erreurs. Une fois le propriétaire deviné, c’est à son tour de passer au tableau.
C’est un premier exercice dynamique et agréable, qui nous permet rapidement de mieux connaître les enfants. Par exemple, à la lecture du mot préféré « Maths », la classe devine immédiatement Tom. Lorsqu’on lui demande pourquoi il aime ce mot, il explique que c’est sa matière préférée. Pareillement pour Ryan qui a choisi « Rapide » comme qualité. Si certains rechignent à avouer qu’il le soit, la grande majorité affirme que c’est bien une qualité propre à Ryan — même Nathalie confirme. Alors que la palette de vocabulaire concernant les qualités est riche, nous observons qu’il semble moins facile pour les enfants de mettre des mots sur la description de l’image : un travail à creuser pour la suite.
À chaque réponse insolite, nous rebondissons et nous nous retrouvons rapidement dans un brouhaha d’informations qui nous permettent de comprendre les centres d’intérêts de chacun. Nous utilisons le tableau afin de noter ces mots-clés, et très rapidement le tableau est rempli.
L’exercice se termine alors que sonne l’heure de la récréation.
Chaque demi-journée est ponctuée par une récréation de 15 à 20 minutes, ce qui nous permet de penser nos ateliers en deux temps.
Le tonner de l’imprimante dans la salle des professeurs est vide, nous profitons de la pause pour nous rendre à la mairie, mitoyenne à l’école, et imprimer l’exercice suivant intitulé « Imageur/Nommeur ».
Imaginé la veille à 1 h du matin, cet exercice est au format de notre bon point, augmenté d’un petit volet sur lequel sont indiquées les règles du jeu.
Dans un premier temps, un enfant doit choisir l’un des mots inscrits au tableau qu’il devra illustrer : il est l’imageur. Une fois rempli, le papier est déposé dans un sac puis pioché par un autre enfant : le nommeur. Celui-ci devra deviner le mot illustré. Finalement, le dessin retourne à son propriétaire qui doit valider ou non la réponse proposée.
Nous avions imprimé assez de feuilles pour que chaque enfant puisse faire plusieurs tentatives. Une fois la première salve terminée, Tommy et moi avons l’idée de corser un peu l’exercice en imposant des mots aux imageurs. Écrits à la main sur de petits bouts de papiers pliés, nous choisissons à dessein des notions difficiles à illustrer pour sortir l’enfant de son confort. Ainsi est imposé : gratuit, rêve, Garchizy… Les enfants bien qu’amusé sont embêtés par cette nouvelle contrainte : « c’est trop dur, c’est impossible à dessiner ! » Voilà une réflexion intéressante sur la condition des images.
L’exercice se termine par un bilan.
On observe que la plupart du temps, la réponse du nommeur est correcte : l’image et le mot inscrit au dos correspondent. Pour le reste, si certains sont vraiment à côté de la plaque, la plus grande partie sont des erreurs pas inintéressantes. La réponse n’est peut-être pas correcte, mais pas fausse non plus. Parfois elle offre une nouvelle lecture au dessin. Exemple, Léa dessine un bâtiment dans lequel figure un tableau, des chaises et des tables dans le but de faire deviner « école ». Le nommeur devine « une salle de classe ». Dans le même esprit, nous utilisons d’autres exemples dans le but de faire réfléchir la classe.
Ces retours amènent les enfants à trouver par eux-mêmes le pourquoi du comment. Les problèmes ainsi pointés, nous les encourageons donc à proposer des solutions. Nous poursuivrons cette réflexion à travers l’atelier du lendemain, il est déjà l’heure de conclure cette première séance.
Dans la cour Brahim nous check pour nous saluer et d’autres enfants l’imitent.