Après une première journée de présentation du projet aux CM1, nous commençons notre enquête sur les couleurs de la cité ouvrière Salin-de-Giraud.
Équipés de nos appareils photo, nous sortons à deux reprises et en deux groupes, dans chacun des deux quartiers ouvriers du village où sont / furent implantées les usines Solvay et Péchiney. À la manière du coloriste Jean-Philippe Lenclos et Dominique Lenclos, nous faisons une analyse du site afin d'en déterminer les couleurs. On tire au sort : certains devront photographier les portes des maisons, d'autres les murs, les volets, les sols, les toits, la flore, etc.
Me prêtant aussi à l'exercice, dans cet article, je présente conjointement une sélection de photos prises en partie par les enfants.
Le quartier Solvay est constitué de corons classés au patrimoine de l'UNESCO. Les murs sont en briquettes proches stylistiquement de l'architecture ouvrière du nord de la France et de la Belgique.
Le quartier Péchiney a précédé celui de Solvay et son architecture est différente. Il est constitué de maisons individuelles en pierre et de "cabanes" de sauniers, les travailleurs du sel.
Entre les briquettes rouge, les garages et les volets, Salin-de-Giraud est plutôt coloré. Ici, quelques portes des bâtiments ouvriers des salins.
La croix camarguaise, ou croix des gardians (du provençal gardian, signifiant littéralement « gardien »), a été créée en 1926. Un symbole, autrefois fédérateur des gardians et des pêcheurs, est aujourd'hui connu de tous camarguais. Elle est expressément chrétienne et représente trois vertus : la foi, l'espérance et la charité.
Salin-de-Giraud a évolué au fil des vagues successives d'ouvriers, venus pour travailler dans l'extraction et la transformation du sel. Elle compte encore aujourd'hui de très nombreux descendants d'immigrés notamment de Kalymnos, une petite île grecque connue pour ses pêcheurs d'éponges.
L'hiver, certaines des tables salantes sont asséchées. Le paysage ressemble à un désert, une sorte de marée basse où l'on découvre enfin toutes les choses qui se cachaient sous l'eau : cailloux, bois flottés, coquillages… Sel.
Dans les bordures du village quadrillé, il y a des allées luxuriantes avec des potagers et des écuries. Ici tous les habitants (ou presque) ont des chevaux. Les enfants me l'ont confirmé. D'ailleurs, ils font / ont fait pour la plupart de l'équitation.
La salicorne, plante typique et comestible de la Camargue, qui pousse sur des sols riches en sel marin. À cette époque, elle a la même couleur que l'eau des salins.
Les eaux de Salin changent de couleurs selon les saisons, le taux de salinité, la chaleur… En ce moment, celle que l'on voit couler dans les canaux du village est celadon (qualifiant à la fois un coloris et un type de céramique propre à la Chine, littéralement « porcelaine verte »), tandis que celle qui stagne dans les tranchés des tables salantes, à moitié sèches, possède des reflets dorés.