« Nécessaire est la relation qui unit deux personnes, chacune à l’un et l’autre bout d’une impalpable vibration sonore. Que se passe-t-il quand ce fil invisible unit non pas seulement une bouche à une oreille, mais deux regards, deux esprits, deux souffles, deux vies, dans un même instant ? » Henri Gougaud.
Le projet "Peeping Box" propose aux enfants de découvrir le dispositif imaginé par Océane, de l'expérimenter et de se questionner sur leur propre façon d'observer le spectacle et/ou de se donner en spectacle. À partir de leur environnement proche, ils devront à leur tour proposer une expérience de regard extra-ordinaire. Le dessin, la maquette puis la construction échelle 1 interviendront pour donner vie à leurs interrogations et leurs rêves sur "Comment peut-on observer et vivre le spectacle vivant autrement ?". Les enfants deviendront des collaborateur·ices qui affuteront leur regard, expérimenteront de nouveaux outils de création et exprimeront leurs talents de designer·euse pour concevoir et fabriquer leur propre théâtre éphémère.
Le projet consiste en la fabrication pour et par les enfants de micro-théâtres éphémères pour accueillir des performances. Ces structures auront pour but de proposer un espace de représentation qui sorte du rapport scène-salle que nous avons l’habitude d’observer. Ils seront propicent à des nouvelles expériences de regard pour les performeur·euses et spectateur·ices.
C’est un projet qui a débuté en 2019 lorsque je me suis interrogée sur les architectures de spectacle : Si l’espace de la boîte noire isole de l’extérieur, elle crée également un effet de masse. En voulant m’affranchir des codes de représentation classique, j’ai puisé l’inspiration dans d’autres lieux pour en extraire des situations de regard que j’ai ensuite appliqué à des représentations de spectacle vivant. Le design et mon experience de comédienne me permettent de matérialiser des problématiques personnelles et sociétales. Je souhaite me rapprocher d’autres territoires et d’autres publics pour confronter mes dispositifs à de nouveaux regards. Confronté "Peeping Box" aux enfants doit me permettre de récolter de nouvelles réactions et de nouvelles problématiques que je pourrai par la suite matérialiser dans mes dispositifs. J’entends mettre en oeuvre un projet spécifique pour cette résidence mais qui reste en continuité avec mes problématiques de recherche actuelle :
L’atelier proposé ici interroge de la même façon les élèves sur comment iels imaginent l'espace de représentation de demain. Après une année blanche dans le spectacle vivant, il est important aujourd'hui de questionner notre consommation du théâtre de la danse, de la musique... Nous avons tous·tes soufferts de la distanciation sociale et il est intéressant de réfléchir a la manière de nous retrouver : performeur·euses et spectateur·ices. Ma conception du design doit permettre de se mettre à l’écoute de soi et de l’autre, de partager, de créer de la communauté. En proposant aux élèves d'intégrer mon laboratoire de recherche je m'offre de nouveaux points de vue, d'autres imaginaires, d'autres références qui enrichiront ma typologie de regard sur le spectacle vivant. C'est également une chance unique de tester des outils d'appréhension du design qui doivent permettre d’aiguiser le regard des enfants pour leur permettre de se poser plus de question sur ce qu'iels regardent, comment iels le regardent et pourquoi iels le regardent ainsi.
Chacun.e devra d’abord expérimenter les dispositifs existant à la fois comme spectateur·ice et comme performeur·euse. Il s'agira donc de développer leur esprit critique sur comment iels voient et ressentent : Iels devront décrire, dessiner, raconter… L'objectif n'est pas de juger la performance mais leur experience de spectateur·ice. Cela sera aussi l'occasion de se tester dans le rôle de performeur·euse en proposant une performance de leur choix. Des performeur·euses invité·es présenteront également leur travail dans les dispositifs. A partir des observations, des histoires personnelles, de références proposées, nous réfléchirons à ce que nous attendons d’un espace de représentation. Au cours de plusieurs ateliers d’expérimentation, les élèves devront proposer des experiences de regard à l'aide d'accessoires (mobiliers ou objets) dans des espaces originaux qu'offre l'école. Chaque élève devra garder une trace de ses expériences écrite.
La réalisation de maquette par la suite sera une étape essentielle pour se figurer des dimensions et des forme, pour exprimer physiquement des idées. Principalement en argile, en bois et en textile, l'objectif pour l'enfant est d'apprendre à passer de la description ou du dessin 2D à l'espace 3D en respectant une échelle humaine. L’attention sera portée à l’experience physique qui doit passer par la forme, les couleurs, les matériaux de leu dispositif.
Une troisième phase consistera à ancrer leur imaginaire dans la réalité. Les élèves seront mis par groupe de 4 environ et devront à partir de leurs maquettes fabriquer un dispositif de leur choix. Il y aura entre 5 et 6 groupes, soit autant d'évènements. Iels commenceront d'abord par déterminer un lieu, prendre ses mesures, pour dessiner un plan précis puis rédiger un cahier des charges afin de determiner les matériaux nécéssaire à la construction de leur dispositif. Pour produire celui-ci les élèves auront à disposition du matériel, iels pourraient aussi utiliser des éléments de l’école et éventuellement réfléchir à une collecte de matériaux sur le territoire. Il faut voir le dispositif non pas comme un objet fini mais comme une maquette échelle 1 fonctionnelle. Elle doit pouvoir être montable et démontable du lieu où elle sera présentée. Je prévois de réaliser la finalisation des projets (maquette finale, 3D, plans techniques), en dehors des temps de transmission en tant que collaboratrice des élèves.
La dernière phase de l'atelier sera le moment de restitution. Chaque groupe devra montrer son dispositif qu'il aura préalablement fabriqué et monté. Iels devront également planifier une performance de leur choix qui habitera leur dispositif. Chaque restitution sera filmée et photographiée pour que chaque élève en garde une trace. Nous tacherons également de garder une trace écrite, photographique de chacune des étapes du projet afin de pouvoir les assembler sous forme d’un fanzine par élève.
En travaillant en collaboration avec les enfants, je me nourrirai de leur histoires, de leur réactions pour produire un carnet physique ou virtuel me permettant de développer mon principe à un public moins averti mais peut être aussi moins complexé ou moins contraint. Je développerai non pas à coté mais avec eux ces dispositifs mettant mes compétences à leur service et leur imagination, leur regard au mien.
Rhône