Décideurs, comploteurs et fomenteurs,
La Mondiale de la terreur est une organisation millénaire qui ordonnance la part nocturne de notre société.
Elle contrôle de par le monde et l’au-delà une infinité de personnes, monstres et forces redoutables qui peuplent notre univers invisible. Son pouvoir prend appui sur l’imaginaire, puissant et vivant, qui modèle et formate à l’infini les attitudes collectives selon les groupes sociaux, les classes d’âges, les sexes, les temps et les lieux.
La Mondiale œuvre quotidiennement pour l’empire du raisonnable. Universelle, elle jouit d’une capacité de déploiement immédiate, 24h/24, 7j/7
La Mondiale de la terreur est un seul en scène pour l’espace public
Début,
Le 6 décembre 1992, école primaire quelque part au nord. Le fond de la classe entière attend l'arrivée de celui qu’on ne peut point nommer, nous attendons coupables. Nous sommes des millions à attendre Saint-Nicolas accompagné du Père-fouettard chargé des basses besognes dans sa campagne traditionnelle multi-centenaire. Armé de son fouet et enfermant jusqu’à la mort dans un tonneau les enfants désobéissants désignés par l’instituteur.
L’attente fut longue et il n’arrivera jamais. Néanmoins le doute subsiste, n’est-il pas seulement en retard ?
Le maintien de l’ordre dans le monde entier :
Ailleurs,
Sur chaque continent, ce sont Yuki-onna (Japon), Jersey Devil (Etats-Unis), llorona (Mexique), Bichou (Algérie), Antchouka (Russie), Gagamouh (Cameroun), Krampus (Allemagne), la dame blanche (France), le père la Pouque (Normandie), et les autres qui organisent la peur. Rien qu’en France, plus de 10 000 monstres référencés. A raison de 500 monstres inventés par langues et de 6000 langues encore parlées dans notre monde : plus de 300 000 monstres occupent notre imaginaire collectif, organisent la mondiale de la terreur. Des millions de cultures transmettent une partie non négligeable du maintien de l’ordre à la seule condition de l’existence fantasmée de l’autre ou de l’étrange.
L’instinct ? La peur du désordre ? Génétique ? Lâcheté ou besoin essentiel de soumettre l'organisation à des autorités étrangères plus compétentes? En gardons-nous des traces ? Qui contrôle ces figures de la peur ? Suis-je responsable ou simple victime du complot ?
Ces figures bien qu’influentes n’existent cependant que dans un imaginaire collectif, fait de mots et de récits. On ne les a jamais croisées. Néanmoins elles demeurent une réalité profonde car elles motivent les actes individuels, comme les attitudes collectives.
Cette organisation mondiale est utilisée comme lien insaisissable pour faire tenir la machinerie complexe notre société.
Se mettre dans la peau du monstre :
J’ai la curiosité d’approcher la figure du monstre : d'où vient-elle ? Quelle est son enfance ? Sa sexualité et son genre, ses peurs et ses envies ? Son plan de carrière et ses regrets ? Ses liens avec les acteurs mondiaux de la peur et du terrorisme ? N’est-elle pas elle-même une victime ? Devenue repentie de terreur millénaire ? Quel rapport avec ses contemporains ? La qualité et l’exercice de sa religion ? Et les milles autres questions secrètes qu’elles se posent.
Jouer à se faire peur et interroger la peur comme vertige, sentiment, menace, transport, outil de planification.
Pour l’enquête, j’enfilerai la peau du monstre. Je veux tenter de m’approcher de ses espaces ambigus, profiter de son ascendant émotionnel, de son pouvoir, et en abuser un peu.
Je ne raconterai pas qui il est. Il ne s’agit pas uniquement du dialogue de cet homme avec le costume, j’incarnerai le monstre. J’en laisserai jaillir les gestes et les mots, puis dépouillé des oripeaux, l’apercevoir une fois : tête à tête redouté avec nous-même.
Apercevoir, le représentant le nôtre mondiale de la terreur, terriblement ordinaire, terriblement nous.
La mondiale de la terreur : corps à corps avec le Monstre dans l’espace public.
Pour cette expérience, le public convoqué est envisagé comme un partenaire, un appui, il questionne par sa présence, sera utilisé, manié, manipulé avec précaution et mis en sécurité par le Monstre. La sécurité des biens et des personnes resteront ses maîtres mots toujours.
À quoi on joue ? Tout dépendra de la peau de monstre enfilée, mais certainement à se faire peur en interrogeant les croyances quotidiennes, l’ordre et ses donneurs, la géopolitique des inhibiteurs, effacer les quelques mètres qui nous sépare.
On jouera la nuit ou le jour en intérieur et en extérieur sur les places, les impasses, les parvis, les ruelles, les commerces, les théâtres, sans dispositifs scénique particulier. On veillera à étendre la zone de jeu : aux points de rencontre, la place du spectateur et du joueur, à sortir de la zone.
Rechercher les figures de monstres pouvant être sollicitées dans l’imaginaire collectif, de classer leurs spécificités pour ensuite créer une dramaturgie propre à chacun. Ces spécificités permettront d’orienter le choix de l’espace du spectacle et surtout de la relation avec le public. Les actions, l’histoire, la trame resteront les mêmes, mais seront amenées différemment en fonction du type de monstre choisi. Adapter le choix du monstre en utilisant plusieurs critères à définir : l’époque de l’année ? Le lieu ? L’heure de la journée ? Le type de peur à explorer ? Travailler précisément le jeu d’acteur, la performance pour être dans une véritable incarnation du monstre et non une idée, une image du monstre. Qu’est-ce que se faire monstre pour un acteur ? Définir une dramaturgie, une façon de parler ou d’agir propre au Monstre. Ecrire avec les enfants un spectacle à destination des adultes.
Par le(s) artiste(s)
Par les participants