Apprendre à développer une culture citoyenne et à devenir acteur de son territoire, telles sont les ambitions que portent le projet J'ai rendez-ville avec vous.
A la croisée des disciplines de l’architecture et du théâtre, les élèves seront sensibilisés à la fabrication de leur cadre de vie. Ils seront amenés à appréhender l’espace de façon variée ; via l’exploration du territoire, grâce à la manipulation et la fabrication de maquettes qui deviendront les décors de leurs histoires et par le jeu, au travers d’exercices de corps dans l’espace et via la création collective d'une forme jouée racontant l’évolution de leur territoire et imaginant des pistes pour en révéler les potentiels.
Enjeux du projet.
Apprendre à développer une culture citoyenne et à devenir acteur de son territoire.
Monter une pièce de théâtre, créée de manière collective par les enfants, traversant l’histoire de l’architecture en allant jusqu’à se projeter dans la ville de demain.
Acquérir une expérience d’un processus de création, tel un spectacle d‘extérieur.
Présentation.
De nos jours, les habitants et notamment les enfants sont généralement exclus du processus d’élaboration des projets d’aménagement, et ce, même si les dispositifs de participation citoyenne tendent à se généraliser peu à peu. A l’heure où la fabrique de la ville contemporaine devient un enjeu pour l’ensemble des usagers d’un territoire, une évolution de la relation entre habitants et concepteurs urbain est nécessaire.
Installer les conditions d’une co-construction des projets d’aménagement implique le partage d’un langage commun, appropriable par tous, pour démocratiser l’accès aux questions architecturales, urbaines et environnementales. L’enjeu étant de permettre à chacun d’alimenter, à l’échelle de sa propre expertise et de sa sensibilité - qu’elle soit celle d’un adulte ou d’un enfant– l’élaboration du projet collectif.
Sensibiliser des enfants à leur environnement architectural, urbain et paysager c’est mettre en récit les sensations, les expériences, les souvenirs de chacun. C’est un travail sur la différence et sur le commun.
Il faut accompagner l’enfant pour que celui-ci puisse développer un regard critique sur son environnement.
C’est aussi une manière d’accorder de la valeur aux citoyens qu’ils sont aujourd’hui.
A la croisée de nos disciplines respectives - l'architecture & le théâtre- nous souhaitons mettre à profit nos compétences pour accompagner les enfants dans leur apprentissage, révéler des potentiels et activer des désirs en interrogeant l’espace par le jeu, par le théâtre, par l’expression in situ (plastique ou théâtralisée).
Pour faire l’expérience de la ville et du territoire, l’implication physique des enfants est importante, la perception sensible de l’espace devient la clé pour questionner l’environnement architectural et urbain. Nous arpenterons le territoire afin d’éveiller leurs sens et de collecter de la matière pour alimenter les étapes de travail en classe. Ce temps d’exploration s’appuie sur des regards qui se croisent, le nôtre et celui des enfants.
Cette étude du paysage, des types bâtis et des tissus urbains qui se poursuivra sous forme d’ateliers en classe aura ensuite pour finalité la réalisation de maquettes qui deviendront le décor de leurs histoires. La maquette est sujette à de nombreuses interprétations, elle peut être une transposition du réel ou bien sa transformation. Elle n’est pas envisagée comme un objet figé dans l’espace mais peut-être mobile, évolutive et sans échelle. Nous construirons ces maquettes avec des matériaux facilement manipulables et légers.
Notre intention est de jouer ensuite des situations où le corps à différentes relations avec les maquettes.
Ainsi, nous envisageons des ruptures d’échelles variées suivant les maquettes.
Echelle 1.100e, la maquette est une maquette d’architecture (ou une marionnette)
Echelle 1.10e, les enfants deviennent des géants (ou des Dieux - la version théâtrale des géants)
Echelle 1, les enfants sont de nouveau des enfants (ou des acteurs)
Avec les enfants, nous aspirons à imaginer une forme jouée croisant le récit des grandes périodes qui ont marquées l’histoire de l’architecture et de l’urbanisme et les transformations spatiales qu’elles ont générées sur le territoire où ils vivent. Jouer les grandes scènes qui ont fait l’architecture (en général) et leur bourg (en particulier). Liens entre l’Histoire et les histoires.
Nous voulons aussi de cette forme qu’elle soit alimentée par le récit des enfants, des (autres) habitants et des usagers du territoire et ainsi croiser la petite histoire et la grande.
Et puis faire que l’histoire ne s’arrête pas là. L’enjeu est aussi que les enfants continuent à raconter cette histoire dans le futur. La mise en récit de l’évolution de leur territoire doit les amener à imaginer la suite, et par extension à devenir acteurs -au sens propre- de la fabrication de leur cadre de vie. Ce travail nous amènera peut-être à envisager avec eux l’activation de certains espaces publics, à enrichir les lieux de vie existants, à imaginer de nouveaux usages et à penser le paysage autrement.
Il conviendra donc de les initier au jeu d’acteur au travers d’exercices de corps dans l’espace. Nous aimerions aborder le travail du comédien par l’observation du réel, l’imitation. La mimèsis étant le premier outil qu’un nouveau-né utilise. Faire comme. Jouer à.
Puis petit à petit des caractères arrivent, on commence à forcer le trait de certains personnages. Jusqu’à arriver aux styles théâtraux; aux personnages hauts en couleur, tragiques, comiques, ou même clownesques. On amène le théâtre et on fait “monter le niveau de jeu” pour arriver à une présence plus grande.
Nos recherches théâtrales s'organiseraient suivant la même méthode que nos explorations sur l'architecture et l'urbanisme. Une première phase d'enquêtes de terrain, et puis une transposition fictionnelle. Le passage au théâtre.
Le travail de groupe est essentiel. Se voir improviser les uns les autres, répéter ensemble, présenter un spectacle collectif est une expérience marquante dans une classe où le travail est principalement individuel et scolaire. Se connaître dans de nouvelles conditions, et créer d’autres liens. On est souvent surpris lorsque l’on voit quelqu’un monter sur scène, ceux ne sont pas toujours ceux qui ont les meilleures notes qui s’en sortent le mieux. Et le théâtre devient donc un outil pour la confiance en soi et la confiance en l’autre. “J’ai peur, il a peur, nous sommes pareil”. On apprend à se soutenir dans des moments de doute, et à se lancer ensemble même si l’on n’est pas totalement prêt. Car dans la vie on n’est jamais totalement prêt.
La pièce qui traversera les époques nous permettra de jouer sur différents niveaux de langage. De passer de la narration à un dialogue à une table, une conférence, jusqu’à inventer des termes. Des scènes sans parole, de visite, de vie quotidienne, jusqu’à des transpositions poétiques. Et pourquoi pas représenter une scène mythologique, où Thésée suit son fil.
Par le(s) artiste(s)
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