En chantier, Enchanté

Le chantier se présente à mes yeux comme une scène de théâtre à ciel ouvert, un spectacle offert au passant, à la vue de tous.

C’est un puit de formes , de couleurs, de rencontres d’objets délaissés qui s’entortillent entre eux. C’est dans cet univers très graphique et plastique que je puise toutes mes idées: de composition et de matériaux. Une fois l’avoir observé, étudié, photographié sous différents angles, cadré certains détails , je le traduit en 2D par des dessins, collages.

On y fait de belles découvertes: des compositions inattendues, crées sans le savoir par les ouvriers qui ne sont justement pas dans une démarche artistique . C’est cela qui m’intérresse, ce jeu du hasard qui par la superposition des peintures, affiches, inscriptions sur le mur, le transforme en un vrai tableau de rue.

C’est un théâtre composé de couleurs contrastées, qui alertent au loin,  le danger pour celui qui oserait s’y aventurer. Espace interdit au public mais qui s’ouvre sous les yeux des passants dans la rue. C’est aussi un lieu qui se transforme très vite, le paysage est presque mouvant, chaque jour différent.

Des pleins, des vides, des grilles, des lignes qui s’entrecroisent, qui s’entortillent, celles des tuyaux qui s’enroulent, celles des fers à bâtons qui s’entortillent, celles des câbles qui s’entrecroisent, parsemé de couleurs primaires, on dirait parfois un terrain de jeu d’enfants…

c’est précisément ici que démarre mon projet:

Sur cette rencontre entre un univers de prime abord assez hostile, un univers de travail, de labeur, masculin, interdit, qui s’avère être le point de départ de chacune de mes créations. C’est en l’observant que je trouve mes idées de sculptures, d’installation, des rencontres de matériaux , et c’est à partir des photographies que j’en fait que je travailles mes compositions dans mes dessins, collages peintures…

En deux mots, c’est un univers qui est pour moi un puit de ressources et d'idées graphiques et plastiques, que je retrouve à différentes échelles, partout où je vais dans le monde, (paris, berlin , émirats, new York, Inde...)

Je voudrais pouvoir ouvrir cet univers assez hostile aux enfants. Franchir l’interdit par l’invention et la réinterpretation.

En récupérant et expérimentant les matériaux, je  cherche à rendre poétique et ludique  un univers qui ne l’est pas. 

Je travaille autant en 2D qu’en 3D :

La bâche de chantier devient le support pour une peinture. Et les tuyaux , ensevelis dans le sable, je cherche avec eux des formes dynamiques, volatiles..

Je voudrais amener les enfants à travailler avec moi sur cette thématique.

Par le biais d’expédition autour d’un chantier, la prise de vues photographiques, l’études de ces formes, et de ces matériaux, l’idée finale serait d’en créer un spectacle, à l’image que celui peut parfois être dans la rue.

Il y aurait autant un travail en 2D qu’en 3 D.

Dans mes sculptures je cherche à donner une sensation de mouvement, d’énergie, simplement par un jeu formel, bien qu'elles restent toujours stables si on ne les actionne pas.

Avec ce projet avec les enfants j’aimerai pouvoir pousser ce travail de sculpture et de peinture , en le mettant réellement en mouvement.

L’idée serait de faire des « sculptures portatives », comme des costumes, faits en volume ou à plat, et en s’inspirant toujours de l’univers du chantier.

L’idée est d’étudier et retranscrire à leur manière la plasticité de cet univers , les formes étudiées pourront être retranscrites en peinture, par des collages sur des bâches ou des tissus, qui seront ensuite découpés et assemblés aux volumes, notamment par le biais de tuyaux en plastique.

En s’inspirant des costumes des ballets triadiques d’oscar Schlemmer, l’idée n’est pas de créer des costumes directement, mais de créer des volumes , des "sculptures de chantier", manipuler les tuyaux, élaborer leurs capacités physiques, les sculpter, et ensuite adapter ces sculptures au corps, qu’elles puissent être portées et mises en mouvement, ou bien restées fixes. Ce serait de sculptures abstraites s'apparentant à des architectures impossibles. Je travaille en ce moment aux Emirats, non pas que les architectures m'y plaisent, mais ce sont les villes des possibles, je souhaite retrouver une dynamique de construction aussi délirante dans ce travail de sculpture, mais avec un regard plus innocent !

Il pourra donc  également y avoir un rapport à la performance, ou même à la danse.

Tout cela sera à décider sur place, selon leurs envies. La représentation finale peut être une simple présentation des sculptures, avec une déambulation/ marche de certains enfants qui porteront leurs sculptures, mais si certains veulent aussi faire de la danse, le projet est très ouvert.

Dans mes installations je cherche à créer un rapport et donc une confusion entre le plat et le volume. Les tuyaux viennent traverser les formats plaqués aux murs, les peintures répondent aux sculptures et vice versa. Je cherche à créer une unité, où les frontières entre les lignes collées au mur, et celles qui se déploient dans l’espaces se confondent.

Pour ce projet , l’idée serait donc de travailler le volume, en faire des sculptures portatives, qui une fois portées par les enfants se détacheraient du fond, comme une vraie scène de théâtre ( rapport personnages/décor, sculpture / toile). Et le fond serait une fresque murale peinte par les enfants, et reprenant également les formes et couleurs du chantier, à leur manière.

Pour le lieu d'implantation, j'ai repéré deux chantiers gigantesques: celui de la route du littoral à la Réunion ( qui accessible par moments, ou sinon des visites en bus sont organisées), ainsi que la construction du tunnel Lyon Turin, qui organise des visites à l'intérieur .