Die Verwandlung, inspiré du livre "La Métamorphose" de Kafka, est un projet de recherche et de création autour de la transformation grâce à des couvertures de survie. Les danseurs donnent vie à des couvertures de survie qui prennent une multiplicité de formes. Les corps disparaissent derrière des couvertures de survie, se métamorphosent et deviennent d’autres êtres, situant la recherche à la frontière entre la danse, la marionnette et le théâtre d’objet. La recherche explore les tumultes et agitations de corps qui muent et se transforment. Die Verwandlung re-questionne notre rapport au corps, ses états, ses expériences, ses transformations. Le corps est en perpétuelle transformation car nous ne cessons de prendre corps. Les couvertures de survie sont utilisées comme médium de lecture afin de retracer les processus de transformations et d’évolution des espèces, de la naissance des océans et des bactéries aux créatures post-humaines.
Motivation et contexte historique: Pendant mes études à l’université d’art ArtEZ (Arnhem, Pays-Bas), j’ai participé à un programme théorique additionnel où j’ai mené une recherche artistique sur la résistance face au corps idéal dans les formes dramatiques contemporaines. La conclusion de ma recherche fut qu’une des solutions pour échapper au corps idéal sur scène est de faire disparaitre les corps. C’est ainsi que j’ai débuté une recherche avec des danseurs afin de répondre à la question: "la disparition du corps peut elle être une réponse à la résistance face au corps idéal sur scène?" C’est pourquoi j’ai décidé de faire disparaitre le corps humain sous des couvertures de survie. Rapidement, j’ai perçu le grand potentiel de transformation possible permis par les couvertures de survie. Ainsi, après plusieurs semaines de recherche, j’ai créé une première ébauche de pièce de 10 minutes en novembre 2015 pour un interprète. La pièce fut présentée au ITs Festival à Amsterdam et remporta le « ITs Choreography Award » à Amsterdam en juillet 2016. Le jury s’exprima en ces mots (traduit de l’anglais): « Apparemment simple dans l’idée et dans l’approche mais très puissant dans son rendu. Cette « métamorphose » explore le tumulte et l’agitation d’un corps en transformation. Die Verwandlung est une pièce poétique, intemporelle et presque « muséologique ». Le spectacle présente la transformation d’une entité abstraite en un personnage avec plusieurs visages, parfois imprévisible et cruel, parfois doux et fragile, mais dans tous les cas crédible et vibrant. Fidèle à son concept, le travail éveille l’imagination. Cette amibe capture l’attention du spectateur chaque seconde de la pièce. Existant, consistant et conséquent avec une bande sonore frappante et efficace. Ce n’est pas la première foi que des couvertures de survie sont utilisées sur scène, mais la façon dont les interprètes leur donnent vie est un signe de grande compétence et d’expérience. La pièce montre un contrôle et une compréhension du matériel utilisé et témoigne d’une excellente collaboration entre la chorégraphe et les interprètes. Le jury a été enchanté et surpris par cette pièce et est très curieux des prochaines fascinations et pièces de Sophie Mayeux ». Ce prix permit ensuite à l’équipe de Die Verwandlung d’être accueillie en résidence dans différentes structures culturelles où nous avons poursuivi l’écriture du spectacle afin d’aboutir à la création d’une courte pièce de 20 minutes avec 2 interprètes. Dorénavant, l’objectif est de créer une pièce d’une heure avec trois interprètes sur scène. Intentions: Le danseur est objet et événement, sujet et virtualité, partenaire et matière. Il est l’artiste qui nous fait ressentir la matière vivante tout en procédant au détournement du monde physique. Il nous renvoie à une histoire d’atomes et de vide que Lucrèce ne renierait pas. Die Verwandlung, la métamorphose, est une pièce chorégraphique et marionnettique où 3 interprètes manipulent 40 couvertures de survie. Cette pièce explore les tumultes et agitations de corps qui mue et se transforme. Le corps humain disparaît derrière des couvertures de survie, se métamorphose et devient d’autres êtres, situant la pièce à la frontière entre la danse, la marionnette et le théâtre d’objet. La matière devient un outil merveilleux de libération de nos imaginaires. Elle défigure, re-figure, transfigure la réalité, contestant les représentations dominantes pour faire valoir par le jeu des métamorphoses d’autres devenir humains. Die Verwandlung re-questionne notre rapport au corps, ses états, ses expériences, ses transformations. Le corps est en perpétuelle transformation, nous ne cessons de prendre corps. Les couvertures de survie sont utilisées comme médium de lecture afin de retracer les processus de transformations et d’évolution des espèces, de la naissance des océans et des bactéries aux créatures post-humaines. Ce qui fut, se refait; chante Ronsard, tout coule comme une eau et rien dessous le ciel ne se voit de nouveau; mais la forme se change en une autre nouvelle et ce changement-là vivre au monde s’appelle. Et depuis ces origines, c’est sous forme de cellule que le vivant s’est propagé et réinventé à travers le temps. De même que tous les êtres vivants qui nous entourent aujourd’hui, nous ne représentons que l’une des innombrables variations que les cellules ont réalisé sur le temps de la complexité. Selon Ovide, la première métamorphose fut l’origine du monde. Ainsi, les personnages de Die Verwandlung traversent les siècles, bravent les profondeurs obscures d’un univers inconnu, remontant aux origines du monde. Die Verwandlung met en scène notre humanité au détour d’univers déroutants et insaisissables créé par une plasticité à la croisée de l’humain et du non-humain. Ces corps-matière deviennent alors une expression de la condition humaine, ce miroir déformant de notre être, à l’aube de notre humanité où renaissent des chimères et notre part enfouie de monstruosité. Le spectateur entre dans un monde inconnu, ne possédant aucun lien avec notre univers habituel. Chaque spectateur, avec son imaginaire singulier, peut proposer un nouveau récit des déploiements des couvertures de survie, il reste acteur du récit. Libre à lui de s’inventer une histoire à partir des apparitions ou de se laisser halluciner par elles.
Haute-Garonne
Par le(s) artiste(s)
Par les participants