Contes diasporiques

間 représente un rayon de lune (月) passant à travers deux battants de porte (門) . Ce sinogramme signifie « l’entre ». Ce rayon de lune est justement cet « entre » (pour reprendre le terme du philosophe François Jullien) que je tente d’explorer dans Contes Diasporiques par la coprésence au plateau d’imaginaires et de cultures différents.

Dans Contes Diasporiques, je retrace sous forme de contes mélangeant légendes régionales et imaginaires d'ailleurs, plusieurs parcours d’exilés sud-est asiatiques vers la France. Ainsi, j’espère permettre l’ouverture d’un nouvel espace riche et fécond qui dépasse la logique de différence.

Mon but n’est pas tant d’apprendre des éléments historiques aux spectateurs mais bien d’écrire des contes modernes qui représentent les asiatiques de France, invisibilisés de notre patrimoine de contes et légendes régionaux quand bien même ils habitent et participent à la vie du territoire depuis parfois plus d’un siècle.

Ainsi, dans Contes Diasporiques, nous déambulons dans le temps, l’espace et la mémoire grâce à l’Oiseau de Jade, bâtiment qui évoque la légende du Hollandais Volant, bateau condamné à errer sur les océans et qui nous rappelle avec violence la condition des migrants, encore aujourd’hui. Nous suivons le parcours d’une jeune femme qui, déguisée en homme soldat, prend la place de son père et part en France en tant que réquisitionnée pendant la seconde guerre mondiale. Ce conte retrace l'histoire des réquisitions en Indochine en mélangeant la légende de Mulan et des éléments du Petit Poucet. Nous suivons également l’exil du Vietnam vers l’Angleterre en 2019, l’histoire d’un jeune enfant rapatrié de la guerre d’Indochine, ou encore l’installation d’une famille Hmong en Guyane en 1975.