Beste cantate est une manifestation visuelle et sonore, une liesse physique et collective autour du carnaval et des multiples représentations de l’identité. Le carnaval touche humainement, socialement et artistiquement le plus grand nombre et représente depuis toujours une interface de transgression. Au moyen de la puissance des corps, nos désirs de danser et de se toucher, la pièce recréé un rite, une fête païenne queer à travers l’expression d’une utopie festive. Le travestissement carnavalesque, la subversion de genre et la perturbation des identités sont des réponses aux normes et contraintes sociétales quotidiennes.
C’est retrouver une unité. C’est faire union.
Beste Cantate est une pièce chorégraphique pour 8 interprètes, ainsi qu’un projet de transmission pédagogique tout public.
A travers les ateliers, nous allons faire carnaval avec les enfants, leur proposer une seconde lecture et la possibilité d’une réappropriation individuelle, pour repenser le carnaval de demain.
Beste Cantate est une pièce chorégraphique pour 8 danseurs, une manifestation physique, sensorielle et humaine, qui parle du carnaval et de ces instants populaires de fête.
Par la danse, les corps s’entremêlent, se déchaînent et partagent un moment de joie et de retrouvailles. Personne ne reste indifférent à l’énergie que dégagent les interprètes, tout le monde fait carnaval.
L’amorce de notre recherche s’est appuyée plus précisément sur le carnaval de Dunkerque. La question du territoire se retrouve au centre du projet, Dunkerque et ses alentours étant un terrain de rencontre et de réunion, une injection colorée au beau milieu du spleen hivernal.
La société européenne occidentale a transformé nos rapports aux rituels et aux fêtes traditionnelles païennes, où le rite, la transe, la danse et le corps sont les médias principaux. Croire à la puissance des corps qui se touchent, qui échangent à travers la musique et la danse, c’est aussi croire à une force mystique et donner la liberté au peuple. La danse devient alors un outil de résilience, qu’il est urgent de retrouver en cette période de crise sanitaire.
L’idée du projet a émergé lorsque nous avons assisté au carnaval de Dunkerque en mars 2020, et qu’une semaine plus tard le monde entier s’est figé pour faire face à la pandémie de la Covid-19. Nous nous sommes retrouvées ébahies face à cet arrêt soudain de la vie, en décalage complet avec ce que nous avions vécu quelques jours auparavant, une totale absurdité en soit.
Comment imaginer ensemble un nouveau carnaval, en redessiner les contours et revenir au substantiel ? Comment « faire carnaval » aujourd’hui ?
Le phénomène est pourtant massif, populaire et anonyme : on cherche à danser, à atteindre l’euphorie et la transcendance au sein des boîtes de nuits, des festivals, des raves party ou de la rue en elle-même. Comme le dit France Schott-Billman dans Le besoin de danser: « C’est un retour à des formes primitives, la manifestation d’un désir de transe. L’expression d’une utopie, celle d’une société planétaire, organiquement fraternelle et festive. Le peuple semble redécouvrir le plaisir de danser (...) ».
Beste Cantate ne recréé pas seulement un carnaval dans un espace scénique, mais le transcende pour le transformer en une manifestation dansée, hétérotopique. Nous voulons aujourd’hui penser le carnaval de manière inclusive et ouvertement queer. Ce n’était peut-être pas l’idée à l’origine, mais cet événement a toujours été fédérateur et rassembleur pour les personnes de toutes origines, classe et genre. Chacun·e·s peut être ce qu’iel veut l’espace d’un instant, et s’il y a bien un endroit où tout principe d’identité est fluidifié, c’est sur la digue de Malo à Dunkerque. Ce lieu/non-lieu (u-topos) d’égalité offre une interchangeabilité identitaire.
Beste Cantate est un point de départ pour la construction d’un nouveau monde, un outil d’émancipation et de démocratisation à travers l’héritage culturel. Pouvoir imaginer une bande, un chahut, un rigodon sur scène, c’est le moyen de s’échapper d’un monde dont le système patriarcal et hétéro-normatif ne fonctionne pas en dehors de tout média ou valeurs économiques. C’est l’idée d’une égalité permettant de reconquérir ses aspirations et ses propres chimères. C’est retrouver une unité. C’est faire union.
Beste Cantate, en plus d’être une pièce chorégraphique, est un projet de transmission pédagogique. Le carnaval étant une manifestation inclusive et populaire, il nous a semblé évident que le projet ne pouvait pas seulement être une pièce chorégraphique pour 8 danseurs, mais une expérience totale englobant la transmission dans les territoires.
Nous souhaiterions nous implanter dans des territoires du nord de la France et travailler avec un public déjà sensibilisé au carnaval. Nous aimerions proposer aux enfants une seconde lecture et la possibilité d’une réappropriation individuelle pour repenser le carnaval de demain.
L’idée est de rendre accessible la danse à un plus grand nombre par le biais du carnaval, tout en déconstruisant les stéréotypes liés à la danse, pour qu’elle soit réappropriée par le plus grand nombre. Tout le monde danse ! Le carnaval, permet de briser les frontières entre les origines sociales et culturelle. Il permet, le temps d’un instant, de se réinventer, d’ouvrir un espace pour se créer d’autres soi, d’aller au-delà des clivages bien/mal et des critères de beauté, de faire ensemble ce que nous n’arrivons pas à faire seul. De faire carnaval.
Nous mettrons en place des ateliers pour les enfants et exporterons notre carnaval pour le partager au plus grand nombre. Nous inviterons les élèves à laisser place à leur imagination, se construire de nouveaux modèles et habiter pleinement leurs corps. Nous ferons avec ce que nous avons, c’est à dire ce que nous sommes, dans toute la complexité de notre héritage culturel et familial.
Lors de ces ateliers, nous commencerons par un partage et un échange avec les élèves autours des questions du carnaval (discussion, visionnage, visite de musées ou d’archives). Nous continuerons avec des ateliers de danse et nous les amènerons, par le biais du mouvement, dans leur propre gestuelle carnavalesque. Les ateliers se termineront par un moment de représentation soit dans l’école, soit, si la situation le permet, dans la rue.
Dans le même temps, nous animerons des ateliers d’arts plastiques autour de la création d’un costume pour la représentation. La tradition lors du carnaval veut que l’on se « cletch » (costume traditionnel du carnaval) à partir des garde-robes de chacun·e·s. Le costume sera un moyen pour nous de permettre aux enfants de se déguiser, de se transformer, en dehors des normes sociétales et d’être dans un principe d’identité fluide.
Nous organiserons des collectes de vêtements et de tissus auprès des familles pour travailler avec les matières déjà existantes de manière circulaire. Il nous semble primordial, dans une société du consommer/jeter, de repenser nos modes de travail et de production, en collaboration avec les enfants, au sein même du secteur du spectacle vivant.
Beste Cantate est donc un projet en deux parties : une pièce chorégraphique professionnelle et projet de transmission pédagogique tout public. Nous avons déjà réalisé une résidence de trois semaines à Charleroi Danse (BE) et présenté une étape de travail. Nous sommes en train de mettre en place une collaboration avec le Théâtre de l’Aventure (Nord) pour un temps fort sur la saison 2022/2023 comprenant des représentations et des stages/ateliers avec des enfants. Dans le cadre de Création en cours, nous aimerions développer d’autres partenariats implantés sur le territoire du nord de la France, notamment avec le Bateau feu (Dunkerque), Le Gymnase (Roubaix) et Le Vivat (Armentières). A l’avenir, nous souhaiterions exporter le projet dans d’autres territoires ayant une autre forme de carnaval ou non, pour partager une pratique de notre carnaval et l’ouvrir au plus grand nombre.
Aisne
Par le(s) artiste(s)