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Le projet s’inscrit dans le fil de réflexions menées à travers mes précédentes vidéos autour de la question des différentes normes qui régissent à la fois la vie en société et celles qui commandent l’art qui tente de les représenter.
Le langage tient dans mes recherches un rôle central. Avec ce projet, il s’agirait à terme de construire les prémices d’une langue artificielle à partir de recherches menées autour de la physiologie des langues humaines, celles-ci s’adaptant - dans leur sonorité, dans leur musicalité - aux contraintes géographiques et climatiques de ceux qui les parlent. Il semblerait en effet que les langues soient intimement liées à leur environnement. Le problème de la communication serait formalisé à travers un dialogue échangé dans une langue inconnue, créée à partir d’une évolution probable du langage humain, contraint de s’adapter aux inflexions que lui feraient prendre les nouvelles technologies de la communication. Selon les linguistes, en effet, l’évolution des langues est en partie conditionnée par celle des outils de communication : par exemple, certaines consonnes phonétiquement proches, difficilement audibles lors de conversations à distance, seraient amenées à ne plus être différenciées.
Il s’agirait donc dans ce film de faire s’exprimer des personnages dans cette langue hypothétique et de les faire interagir dans un décor clos et artificiel, sorte d’espace expérimental dont le médium du cinéma se ferait à la fois le témoin et le principe ordonnateur. L’imposition de ce texte aux acteurs les inviterait à exploiter toute une gamme de ressources afin de combler l’absence d’un message clairement identifiable pour le spectateur. La narration devrait alors se construire à partir du jeu des acteurs, réduit, en quelque sorte, à son essence, mais aussi à partir du cadre dans lequel elle se déroule. L’intrigue, assez énigmatique, deviendrait compréhensible grâce aux habitudes du spectateur invité à échafauder des hypothèses à partir des ressorts dramatiques mis en scène et des codes reconnaissables du cinéma de genre, celui de science-fiction en particulier. Les voix, les sons, les corps, puis le décor et le langage proprement cinématographique formeraient ainsi un ensemble signifiant dont la clé serait laissée au spectateur, à son tour invité à créer son propre film intérieur.