A 14 ans, un professeur d’EPS, conscient de ma difficulté à trouver une activité sportive qui me convienne me suggère de danser. Entre 2002 et 2008, je prends conscience de l’unicité de mon corps, de la possibilité de doser ma force. Cela me permet de replacer mon corps dans l’espace. J’apprends à mettre mon corps en relation avec celui d’autrui : à gérer la proximité, apprendre à toucher, à manipuler sans brusquerie, à écouter; en somme à travailler avec l’autre pour enrichir ma danse.
Je participe à des concours : monter sur scène quatre fois par an, présenter mon travail à un public, simples spectateurs ou professionnels, à le verbaliser.
J’expérimente la chorégraphie, d’abord par des soli (2008). Cela me plaît. En 2014, alors à la fois à l’ENSATT et au CRR de Lyon, un camarade m’offre de chorégraphier une de ses pièces (DJDH, ENSATT, 2014) et de donner le cours. Je teste diverses techniques de composition : donner une phrase chorégraphique, improviser... Je n’ai de cesse d’approfondir cette pratique depuis, que ce soit sur des projets où, costumier, je dirige aussi l‘échauffement des interprètes (Orlando, ENSATT, 2016), ou à l’occasion de stages auprès d’associations (Arts en scène, GEM, 2016).
En décembre 2013, à l’ENSATT, je rencontre Dominique Fabrègue. Costumière notamment de Bagouet et d’Odile Duboc, elle comprend que je cherche à habiller un corps singulier en mouvement. Elle m’apprend à regarder un corps pour comprendre sa posture : structure musculaire, articulaire, squelette... J’ai restitué cet apprentissage dans mon mémoire de fin d’étude : La Coupe en Un Morceau selon Dominique Fabrègue – Epistémologie d’une science costumière (juin 2015).
Je découvre les écrits d’Odile Duboc qui développent l’idée d’un imaginaire corporel propre du danseur. Ce qu’elle appelle musicalité est le résultat du travail sur trois éléments simples :
- le développement des appuis : dans le sol mais aussi dans l’air ou sur les autres
- un travail sur le poids, la manière de l’abandonner ou de le retenir pour nourrir l’élan et l’amorti du mouvement
- la respiration dans la danse, comment moduler le mouvement en fonction de la durée d’une expiration, mettre à profit une apnée ou une inspiration.
J’ai l’occasion d’approcher la technique dubocienne en 2016, en suivant un stage auprès de Bruno Danjou, un de ses anciens danseurs.
En 2015, Daniel Larrieu met en scène un des spectacles de l’ENSATT. J’assiste aux cours qu’il y donne, découvre de nouvelles techniques de danse et comprends ce que les pratiques somatiques peuvent apporter à la connaissance du corps. Un soir, nous regardons le public arriver et il me fait remarquer un couple qui marchait en suivant le même rythme et la symbiose entre ces deux personnes. Cela m’a conforté dans mon plaisir à observer la démarche des gens dans la rue.
Ces rencontres, dans le cadre d'une pratique dansée ou costumière, m’ont appris à travailler sur des choses simples, en étant très précis dans l'observation.
L'espace que j'avais élu pour la présentation finale est un ancien stade en friche, au bord du Vidourle, peu planté, coupé en deux par le pont de la nationale.
Les Ateliers Médicis seront fermés au public du 21 décembre au soir au 5 janvier inclus.