Paola Niuska Quilici
©Paola Quilici, autoportrait

Paola Niuska Quilici

Paola Quilici est née en 1992 à Paris. Elle entre en 2011 à L'ENSAPC et obtient son diplôme national d'expression plastique en 2016.

Sa pratique de l'écriture est très liée à sa pratique artistique. Cette dernière s'organise autour d'un lexique de formes nommables, dicibles, agencées dans un espace fictif ou tangible de manière à pouvoir être articulées à la fois en tant que phrase et en tant qu'image. La phrase précédente s'applique presque mot pour mot à sa façon d'écrire des poèmes. Dans cette perspective, deux citrons peuvent être autant eux-mêmes que deux yeux jaunes. Dans ce vocabulaire, un couteau est aussi ce qui forme une flèche qui oriente le regard. La anse cassée de la tasse est surtout le signe saisissant ce qui l’entoure pour dire "I C U (I see you)".

Paolo Quilici écrit souvent en partant simplement d'une phrase qui lui passe telle quelle par la tête et dont elle se rend compte avec plaisir que tout un pan de sa signification lui échappe. C'est dans ce qui échappe de la forme et du sens qu'elle cherche le poème. Un peu comme on essaierait de penser ses rêves en les filant plutôt qu'en les décryptant. Ou comme on observerait, sans analyser, quels signes on prend pour soi dans la trame du quotidien, sans toutefois faire mine d’en chercher aucun.

Paola Quilici aime beaucoup Paul Célan, pour sa mystique matérialiste et Roberto Juarroz, pour son traitement logique et philosophique de la poésie. Elle s'est inspirée ouvertement des Notes de chevet de Sei Shonagon et du travail de Jacques Roubaud dans Mono no aware ou La fleur inverse.

D'autre part, depuis un peu plus d'un an, elle suit les ateliers d'écriture en ligne de Laura Vasquez dont elle admire la poésie et qui lui apporte régulièrement matière à penser et des références à découvrir.

Sa rencontre fortuite avec l'ouvrage N/S de Ian Monk et Frederic Forte a été fondatrice pour sa méthode d'écriture. Par mimétisme systématique du protocole en jeu dans ce recueil, elle a observé que l’intervalle entre l'anglais et le français et l'alternance de traduction donne place à un troisième sens, une troisième traduction par le vide qui complète le poème. Ainsi, elle a décidé par la suite de traduire certains de ses poèmes en une ou plusieurs langues depuis sa connaissance de celles-ci. Elle essaie simplement de dire une même chose avec le vocabulaire et la grammaire dont elle dispose dans la langue en question. Finalement, écrire directement en français peut s'appréhender de la même façon, comme par le paradigme linguistique d'une traduction dont la langue d'origine n'a pas de nom.