Laetitia Angot est une chorégraphe française née en 1978. Ses danses sont des danses de peu. Elles sont bigarrées : comme suspendues entre minimalisme et baroque. Elles se forment sur le modèle du champignon et/ou du chou-fleur. Elles sont un mode choisi de connaissance, un mode d’avant la pierre, d’avant les mots. Elles s’épanouissent en élaborant des conditions de lisibilité de l’expérience en cours qui les forme. En ce sens elles sont et brutes et fragiles. Elles sont adressées. Elles s’inscrivent par leur mode de fabrication dans un geste politique : être engagé, en ouverture, dans le gout du frottement aux différences, du métissage, du bricolage. Aussi, elles flirtent avec les danses nées sur le Mississipi, les Cake-Walks, le Butô et le Burlesque. Elles expérimentent souvent l’élasticité et le raté à l’endroit du tremblement, de la frappe. Elles sont parfois punk et mélancoliques, pathétiques et grotesques. Les glossolalies qui en sortent, portées par l’air, empruntent à la part la plus archaïque du langage. Elles sont hantées. Elles sont enclines à forer les affects comme des enfants, creuser là où s’élabore le degré zéro du signifiant, là où l’on pourrait surprendre le sens à l’état naissant : peut-être dans le rythme ? Elles se tissent dans la question "où commence la danse ?". Elles se créent à la rencontre, de soi, de l’autre.