Les alentours de Mouzay

Les paysages restent défiler dans ma tête

Publié par Laura Elands

Journal du projet

Janvier 2021 - Première intervention

Mouzay. 2h30 de route depuis Bruxelles. J'ai tous mes papiers pour passer la frontière. J'ai fait mon test covid. Négatif. Pas de contrôle à la frontière. Quelle chance de pouvoir quitter le pays et de se changer les idées ! Comme beaucoup d'autres, cela fait des mois que je travaille à la maison.

Je rencontre les élèves de la classe de CM1/CM2 de l'École Primaire de Mouzay lors de ma première intervention.

Ils sont très enthousiastes de me rencontrer, et je le suis aussi.

Je rencontre les enseignantes une par une. C'est un accueil très chaleureux. L'école me met à disposition une salle de classe qui est d'habitude la garderie de l'école. Elle se trouve juste à côté de la maternelle, par laquelle il faut passer pour accéder à la cuisine.

Les tout petits apprennent vite mon prénom. Je suis accueillie les matins par plein de « Coucou Laura ! ». Vers la fin de la pause midi on joue à des jeux ensemble. Je prends une petite fille par les chevilles, je me mets par terre et je la fais avancer comme si je manipulais une marionnette, mais une de grande taille ! Ils sont plein de rires, puis c'est mon tour, ils veulent me prendre par les pieds pour me faire marcher moi aussi.

La classe de CM1

Pour les CM1 et CM2, j'emmène une sélection de marionnettes traditionnelles, empruntées de l'UNIMA Belgique. Au travers d'un parcours de vidéos, on découvre ensemble la marionnette à la fois traditionnelle et contemporaine.

Chaque élève reçoit un carnet d'artiste, rempli de pages blanches, dans lequel il peut noter, dessiner, gribouiller tout ce qui lui passe par la tête en lien avec le projet. Ils s'intéressent très vite à dessiner les marionnettes qu'ils ont manipulé.

Je complète cette introduction par une explication du projet que nous allons faire ensemble.

Le théâtre d'ombre, inspiré par nos expériences sensorielles de la nature.
Ils sont curieux de créer des ombres, et ont l'air très contents à l'idée de pouvoir passer du temps en extérieur.

Mais ça, c'est pour ma prochaine visite.

Quiétude

Je ne reste que trois jours, mais je découvre déjà un peu du paysage. Il fait froid, l'herbe dans les champs est gelée. Il est difficile de me promener dehors avec mon masque, mes lunettes sont constamment remplies de buée.
Je pars dans les champs, loin de tout. Il y a des grandes flaques d'eau, au sol sur la route de terre, qui sont complètement gelées. Je mets un pied sur une flaque pour entendre le bruit du craquement de la glace.
Être pris dans la glace. Cela me fait penser à des images de figures sous l'eau, inanimées, flottantes. Cela me donne une sensation reposante. Mais être sous l'eau congelée ? C'est comme si le temps s'était arrêté. Figé. C'est un autre repos. C'est plus qu'être immobile.

L'espace autour de moi. L'espace vaste de la campagne. La tranquillité. Je peux enfin souffler. Mes pensées s'évaporent. Cela fait des mois d'une tête remplies de trop de choses, d'inquiétudes, des incertitudes partagés par tant d'autres. Malgré le froid, la région de la Meuse m'accueille, parmi ses couleurs atténuées.

Je dois reprendre le chemin vers la Belgique, mais les paysages restent défiler dans ma tête.

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