Les projets urbains fleurissent aujourd’hui partout en France, le territoire s’urbanise et se métropolise. Face à ce processus, certaines zones restent en marge. Ces “zones grises” nous intéressent particulièrement, leur position singulière et la nécessité d’y agir les font évoluer à un rythme particulier et vers des trajectoires alternatives : de la banlieue post industrielle, aux communes rurales délaissées en passant par les bidonvilles. Pour ce projet, nous avons décidé de nous pencher sur ces typologies. Nous souhaitons créer des récits engagés, générer des objets qui ont un sens et interrogent les espaces qu’ils regardent. Avec de multiples médias nous voulons raconter des sensations, des intuitions et mettre en avant des réalités. D’une subjectivité assumée, ces récits ne viennent pas simplement décrire des situations mais imaginer, à partir de territoires « cassés », de leurs histoires spécifiques, des futurs souvent impensés voire, dits impossibles.
Nous avons à cœur de travailler sur des territoires afin d’en raconter l’importance, de jouer un rôle dans leur compréhension et mettre en avant l’importance d’espaces souvent négligés dans les discussions sur la sociabilité et les manières de créer des espaces de vie en commun.
Nous travaillons depuis un certain temps à établir une méthodologie pour créer des récits permettant de penser la ville, sa construction et son futur, différemment. Les projets urbains fleurissent aujourd’hui partout en France, le territoire s’urbanise et se métropolise. Face à ce processus, certaines zones restent en marge, d’autres sont vues comme devant repartir de zéro. Ces “zones grises” nous intéressent particulièrement, leur position singulière et la nécessité d’y agir les font évoluer à un rythme particulier et vers des trajectoires alternatives : des espaces post industriels, aux communes rurales délaissées en passant par les bidonvilles. Pour ce projet, nous avons décidé de nous pencher sur ces typologies. Nous souhaitons créer des récits engagés, générer des objets qui ont un sens et interrogent les espaces qu’ils regardent. Avec de multiples médias, nous voulons raconter des sensations, des intuitions et mettre en avant des réalités. D’une subjectivité assumée, ces récits ne viennent pas simplement décrire des situations mais imaginer, à partir de territoires « cassés », de leurs histoires spécifiques, des futurs souvent impensés voire, dits impossibles. Plusieurs points structurent notre projet pour Création en cours : un temps de résidence entendu comme une permanence territoriale ; un travail auprès des enfants pour décloisonner l’école ; des moments collectifs de restitution de réflexion, d’exposition et la publication d’un livre.
Notre travail s’appuie sur nos parcours personnels et mêle études sociologiques, récits, photographies, entretiens ou prise de son, afin d’écrire une histoire de lieux sans omettre leur complexité et leurs imperfections.
Regarder/questionner : Notre conviction est que, pour penser un territoire, il faut l'articuler par rapport à son cadre général. Développer un travail d’étude qui alterne entre la grande échelle et les détails. Cela nécessite naturellement un temps et une attention qui dépasse le premier regard. Connecter local et global, mais également passé, présent et futur. Un regard sur l’histoire d’un territoire peut aider à trouver une manière de dialoguer avec, de changer la façon de (se) percevoir (d’)un lieu. Nous voulons comprendre et valoriser ce qui a façonné le territoire, regarder les pratiques vernaculaires comme les actions publiques présentes et passées.
Bouger : L’objectif n’est pas de dresser des portraits figés des projets et des territoires sur lesquels nous travaillons mais à l’inverse d’en comprendre les enjeux, les dynamiques et les contradictions. Un quartier est perpétuellement en mouvement, il évolue sans cesse, il semble important dans cette perspective de le questionner continuellement afin d’avancer sans préjugés. Nous apportons un regard de terrain, une approche qui soit légère et agile, capable de s’adapter aux changements d’un espace, de raconter et questionner un territoire en temps réel.
Faire récit : Les ressources manuscrites ou photographiques que nous produisons ont vocation à faire parler un territoire. Nous souhaitons créer des objets esthétiques qui peuvent être donnés à la société permettant aussi bien d’évaluer un projet que d’en être la matière première. Amorcer des processus de concertations ou appuyer l’importance des pratiques. Un quartier est constitué d’histoires et de récits qu’il convient de mettre en forme afin d’en tirer des conclusions. La capitalisation, la patrimonialisation et la transmission sont des éléments nécessaires pour constituer de solides bases aux projets futurs, s’enrichir des erreurs et s’inspirer des succès est fondamental.
Nous pensons qu’il n’est possible de comprendre une situation, ses enjeux et ses acteurs, qu’en s’y plongeant totalement, intensément et personnellement. On apprend souvent plus en partageant un repas ou en travaillant ensemble qu’en parcourant des rapports. Afin de pouvoir créer des récits de territoire et d’imaginer des futurs, il nous paraît ainsi primordial de résider un certain temps sur site, d’explorer et de s’approprier ses espaces et ses histoires pour les valoriser. Egalement, travailler aux côtés d’acteurs de terrain nous paraît primordial afin de pouvoir au mieux comprendre les problématiques, mais également les leviers possibles afin de générer une production utile.
Notre objectif est de décloisonner l’école, la faire sortir de ses murs et chercher ailleurs des façons d’apprendre et de s’épanouir. Sortir de la classe permet de comprendre différemment et d’appréhender de nouvelles choses. Nous partons ici de notre apprentissage passé, où la confrontation à des contextes étrangers et où la nature, la rue, le dehors ont joué des rôles majeurs dans notre développement. Voir et faire supplante la leçon, dépasse la théorie. Dans les faits, nous souhaitons utiliser le temps de la résidence pour faire approcher leurs territoires de manière plus conscientes aux enfants, les amener à porter un regard intentionnel sur là où ils habitent.
Au-delà d’être ce que nous aurions aimé que soit notre apprentissage, intégrer l’œil et la voix des enfants à notre projet nous est utile. Le regard et les récits produits par les élèves font partie intégrante de notre travail et de la publication finale. Multiplier les regards et les interprétations améliore la qualité de notre propre vision et de notre production. Les récits ne doivent pas être normatifs, ici, chaque parole est vraie à partir du moment où elle est formulée. Multiplier les points de vue ne peut qu’enrichir un projet collectif et potentiellement nous désaxer de certaines essentialisation. L’un de nos objectifs est donc de créer un cercle vertueux où chacun s’enrichit de la pratique de l’autre.