Le vêtement est un objet du quotidien dans nos sociétés occidentales. S'habiller et se déshabiller est devenu un geste mécanique. Mais reposons notre regard sur le tas de vêtements à la sortie de la douche, dans notre panier de linge sale ou encore dans nos armoires surchargées. Comment les vêtements peuvent-ils être le point de départ d'une création, d'une scénographie, ou encore l'initiative de la création d'une silhouette pour un costume. Le vêtement alimente les questions liées au corps et à sa représentation. Il dessine à lui seul, une silhouette, un âge, une morphologie, un genre. Il crée un imaginaire foisonnant, rempli d'un réalisme qui peut devenir le point de départ d'une fiction pleine de fantastique. Le projet est la réalisation d'un ouvrage collectif artistique sur le thème du vêtement. Il visera à faire (re)découvrir aux élèves le quotidien par l'utilisation d'une matière.
Vêtement(s) est un projet qui a débuté en 2016. Il démarre d'une expérimentation collective basée autour du vêtement et de la matière textile, au-delà de la dimension sociologique et historique.
Il suffit d'ouvrir son armoire, pour se rendre compte que nous sommes surchargés de tonnes de vêtements qui s'entassent. Tous racontent une histoire liée à leur achat, à leur découverte, ou encore au lien sentimental qui lie notre corps à cet objet. S'habiller est devenu un de nos premiers gestes de notre quotidien. Le vêtement est celui qui signifie et devient signifiant auprès de tous. Comment le vêtement peut-il devenir un objet plus sensible, loin de son utilisation quotidienne ?
Dans le cadre de mes études au sein de l’École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre de Lyon, j'ai pu expérimenter la diversité de cette recherche autour du vêtement. J'ai commencé ce projet pendant un workshop avec un groupe d’interprètes volontaires. Mon souhait était de chercher, d'abord avec ce groupe, comment l'utilisation du textile pouvait devenir un objet de création à part entière, de découvrir sa sensibilité, ses caractéristiques, de l’appréhender, et chercher à construire des duos ou trios avec un textile.
Mon but est d'oublier l’utilisation courante de l'objet « vêtement » pour ainsi le détourner dans un tout autre imaginaire.
De plus, j’ai mené une recherche artistique sur le travail du corps et de la matière. Mon objectif fut de trouver des solutions pour raconter une histoire simple juste avec des corps par l'utilisation du vêtement. C’est ainsi que j’ai débuté une expérimentation avec des acteurs et concepteurs (lumière, costume, son) afin de répondre à la question: « comment faire dialoguer la matière vêtement et le corps ? ».
C'est comme cela que je me suis rendu compte du grand potentiel et panel que nous offrait la matière du vêtement avec sa multitude de transformations possibles. Ainsi, après plusieurs semaines de recherches, j’ai créé une première forme de 20 minutes en septembre 2017.
Le spectacle présente différents tableaux qui parlent de la diversité des corps qui nous questionnent sur le monde. Les interprètes, tour à tour, se transforment en des corps-matière qui deviennent alors l'expression d'une condition humaine toute nouvelle. Des tas de vêtements deviennent des monstres et des figures des plus grands titans, des fantômes, des secondes peaux, des marionnettes désarticulées, etc.
Ce projet est l'occasion de se questionner autour d'un objet simple, qui bouleverse notre quotidien et notre lien aux autres. Ainsi, la continuité de cette expérimentation au sein de la résidence Création en cours est l'occasion d'ouvrir un nouveau récit avec cette matière et de rédiger un nouveau fil dramaturgique à ces histoires vestimentaires.
Par le(s) artiste(s)