Le projet Partition est une recherche autour de l’image et du son. Juliette Larochette et Anaïs Castaings veulent explorer la transversalité son-image auprès des enfants en leur proposant de composer une musique qu'ils réalisent en groupe puis de créer le visuel de leur pochette d’album. Ce projet amènera autant les artistes que les enfants à réfléchir comment le son et la création d’une musique influencent l’imaginaire visuel. L’idée de Partition étant d’ouvrir la réflexion sur comment le territoire impacte, tout comme la musique, la construction de l’identité à travers l’élaboration d’un album musical.
Dans l’élaboration de Partition, il s’agira pour nous de nous imprégner de la vision des enfants, de leurs récits et de leurs propositions, afin de transmettre une vision plus élargie d’une identité collective du territoire. Lors de notre résidence au sein d’un établissement scolaire, les enfants seront amenés à réfléchir au lieu dans lequel ils étudient, jouent, c'est-à-dire leur école. De la même manière que nous allons cartographier le territoire dans notre projet Partition, nous allons avec les enfants cartographier l’école et noter les endroits qu’ils préfèrent. Cela nous permettra de définir un périmètre dans lequel ils vont enregistrer des sons et faire des images. Ils apprendront comment la création d’une musique peut influencer l’imaginaire visuel. Nous aimerions surtout axée la transmission sur le rapport son-image à travers l’élaboration d’un album musical commun à la classe.
La classe sera divisée en deux groupes d’élèves. Un premier groupe sera dans le labo sonore. Nous allons utiliser le principe de la boucle musicale. En amont, nous préparerons une bibliothèque de boîtes à rythme qu’ils pourront utiliser. Nous aurons au préalable installer différents instruments tels que des pads et des mini synthés dont l’utilisation est simple. Il leur sera demandé de ramener des objets du quotidien afin d’enregistrer leurs bruits. Cette mise en place servira à créer des morceaux de manière collective. Le second groupe sera dans le labo visuel. Ils seront amenés à créer leur pochette d’album via les médiums que sont le dessin, le collage et la photographie. Dans un premier temps, ils réalisent des photographies au sein de l'école soit par des mises en scène soit par des prises de vue du lieu. Ces photographies pourront être utilisées telles quelles ou pour les collages. A ceci s’ajoute, le dessin qu’ils peuvent, selon leurs choix, mixer avec les autres médiums. Par ces ateliers, ils pourront choisir quel univers ils veulent créer et comment représenter par leurs imaginaires, un son. Au fil des séances, les groupes tournent afin que chaque enfant puisse tester les différents labos.
L’objet final serait donc un album regroupant tous les morceaux et les visuels des enfants . Nous nous occuperons de faire presser et imprimer les albums afin qu’ils aient tous un exemplaire.
Juliette Larochette travaille sur la bande sonore filmographique, notamment via des réalisations de diaporamas sonores. Elle réalise aussi des podcasts intitulé Surfaces Sensibles sur l’acte créatif des réalisateurs d’aujourd’hui. Dans son projet La galaxie des couleurs, elle réalise avec des enfants dans le cadre de la bourse Rouvrir le Monde, une vidéo sur l’imaginaire spatial. Elle a construit avec le groupe d’enfants un décor autour des planètes et des galaxies, en leur posant la question d’où viendrait cette galaxie et quelle serait leur planète idéale. Tandis qu’Anaïs Castaings explore les temps de pose longue en photographie en privilégiant la durée d’une action pour la prise de vue d’une image, comme dans sa série Kairos, faisant ressortir son caractère cinématographique. Elle questionne également la représentation, c'est-à-dire comment rendre sensible un concept « au moyen d’une image, d’une figure, d’un signe». Notamment par la réalisation de plusieurs pochettes d’albums classiques en se basant sur la musique et les paroles.
Le mot « partition », dérivé du latin partitio, a perdu son sens initial de division au profit du mot « partage » en français. En effet, par le croisement du travail avec les enfants et nos propres pratiques, par ce partage, nous aimerions travailler sur la transversalité entre son et image.
Partition sera une création hybride. L’idée est de créer des images à partir de morceaux de musique.
Cette première recherche sonore réalisée en classe sera le point de mire de notre travail de résidence. Nous allons ensuite sélectionner des lieux de prise de vue sur le territoire. Afin de créer des morceaux de musique, nous allons faire un mélange de captations sonores des lieux choisis, des sons réalisés avec les enfants et de compositions musicales. Une fois les morceaux achevés, nous effectuons les photographies. Ces images seront prises au moyen format argentique et en pose longue. C’est-à-dire que la prise de vue durera le temps du morceau créé.
Par la collaboration avec les enfants, cela offrira un champ plus large à notre perception de la construction image-son. Cet échange nous amène déjà à réfléchir à d’autres formes pour la monstration de Partition comme un objet à partager, à échanger. Ce projet de transmission implique une capacité d’adaptation au fur et à mesure des séances avec les enfants, qui va affiner la profondeur de la recherche.
Nous sommes curieuses de savoir comment les enfants vont s’emparer de ce projet. C’est une expérience riche et inédite que de faire un album musical avec une classe de cm1/cm2. Ce projet est une manière de télescoper nos deux pratiques singulières tout en étant dans une démarche trans-pédagogique.
Cette échange nous permettra d’engager notre pratique artistique dans un projet collaboratif avec une structure éducative, de questionner l’adresse et la réception, ainsi que l’art, comme potentiel vecteur de transformation sociale. Nous pensons qu’il est primordial que le collectif développe une approche locale, pour créer un tissu social fort autour du projet.
Par l'initiation de la prise de vue et de l’exploration sonore, nous les amènerons à porter un regard différent sur leur quotidien. L'apprentissage de la musique développe la concentration, l’écoute et les facultés de mémorisation et de reproduction des enfants. Tandis que la photographie permet de développer une capacité d’observation et d’analyse.