Mémoire corporelle

En fouillant dans le souvenir, les images, les voix et les formes du passé apparaissent. Puis, je me vois comme un filtre, qui laisse passer les émotions et la matière. Se servir de la mémoire individuelle et collective comme base de données, par la suite, je tire un fil de conducteur, qui relie l’intimité et la collective.

Auparavant, j’ai réalisé plusieurs projets autour de la mémoire. Notamment, le projet résidence que j’ai terminée récemment, intitulé « En recherche des fragments en mouvement », dans lequel je me suis inspirée des souvenirs qui est en rapport de la maison résidence de trois individus. À l’origine, c’était une maison de famille où elles ont laissé leurs traces de passage. À travers leurs mots, j’ai trouvé des sentiments communs, contradictoires et mélancoliques, qui résonnent entre nous, à transmettre au public. Et je les exprime par le travail de l’écriture, de la sculpture et de la danse. Ici, les sculptures ne font pas partie du corps, elles répondent à l'histoire et elles influencent l’esprit et les mouvements de la danseuse.

Ce projet m’a permis d’avoir une première expérience de collaboration avec une danseuse, et j’ai commencé à réfléchir le rapport de la sculpture, de la langage de la danse, ainsi que le corps en mouvement. Néanmoins, j’ai peu de connaissance dans le domaine de l’art vivant, cette résidence création est une très bonne opportunité pour moi d’approfondir et nourrir cette recherche avec des professionnels de ce milieu.

Qu’est-ce qu’on ressent à partir du souvenir de l’autre ? Comment transformer les ressentis à une autre forme ? Comment exprimer les mots par la danse ou la sculpture ? Quels sont les rapports qui existent entre le mouvement du corps et de la sculpture ?

Accompagne de mes interrogations, j’aimerais construire un travail de montage vidéo à partir de mes interventions avec les enfants et la collaboration avec les danseuses, en réfléchissant la construction, la déconstruction et la reconstruction de la mémoire, individuellement et collectivement. Le partage d’un souvenir, c’est un moment où nous sommes invitées à rentrer dans l’espace intime d’une personne. Un moment où nous créons un lien entre l’individu et la collective.

Avec les enfants, nous commençons par les échanges de souvenir. Une fois, notre lien s’est créé, je leur laisse à choisir des mots à exprimer ce qu’ils ressentent à travers le souvenir de l’autre. Ensuite, nous réfléchissons ensemble quelle forme nous pouvons donner à ces mots. Qu’est-ce qui nous fait penser ? Un chante ? Un geste ? Un dessin ? Une image ? … Laisser libre de notre imagination pour donner forme à des sentiments et notre image mentale.

Que ressemble-t-il notre souvenir ?  Comment construire un souvenir en commun ? Qu’est-ce qui représente notre mémoire ?

Pour le travail d’écriture, je m’inspire souvent du souvenir des autres en ajoutant mes propres ressentis. Christian Boltanski est un des artistes qui m’influence le plus dans cette recherche. Sans oublier sa collection des battements de cœur, des portraits… Et son esprit de lutte contre l’oublie. Puis, il y a le livre « Aveugles » de Sophie Calle que j’ai beaucoup aimé, dans lequel elle nous invite à rentrer dans une dimension sensible en lisant les derniers souvenirs des personnes avant qu’ils subissent la perte de la vue. Par ailleurs, le corps a son propre mémoire et ses habitudes, il réagit automatiquement avec la répétition. Si le corps a des souvenirs, je me demande, ils prendront quelle forme ?

Par conséquence, mon projet pour la résidence création est une recherche autour de mémoire. J’amène la méthode de travail que j’ai acquise de mon projet précédant à transmettre aux enfants, pour le but de leur sensibiliser et apprendre à donner forme à l’invisible.