LE PARC est un projet d'espace utopique mêlant des techniques de sculpture, de peinture et de dessin.
Il emmène les élèves dans la fabrication et l'exploration d'un désir utopique de nouveaux espaces de jeux et de créations. A partir du concept des parc d'attractions, ils créent leurs terrains de jeux et de réflexions en inventant un endroit idyllique à leurs yeux, aux frontières poétiques. Tout en s'inspirant des parcs, des micronations, de leurs identités territoriales et de leurs imaginaires, ils réalisent et définissent les formes, les règles qui caractérisent et servent d'outils de narration à notre PARC. Ils peuvent alors se questionner sur la manière de construire un espace tout en s'affranchissant de nos codes actuels ainsi que sur leurs rapports au sein d'un groupe et sur leurs relations à une utopie commune.
D'un lieu mystique à une terre au Nord-Ouest de l’Écosse, j'articule mon travail autour des notions de récit et de territoire en jouant régulièrement de cette frontière qu'est la fiction pour venir questionner notre relation au monde et aux réalités.
Ma première approche est celle d'une quête d'événement et de situation prenant forme par une collecte d'anecdotes, de rencontres et d'histoires. J'emprunte mes références à ce qui est marginal, à l'histoire d'un lieu et d'une communauté, à un fait divers, ainsi qu'à la culture populaire. Ces éléments se retranscrivent sous la forme d'installation mêlant diverses pratiques comme la sculpture, la vidéo, la peinture et le dessin.
LE PARC part d'une envie de créer de nouveau espace de vie, de jeu et de fête en se basant sur le concept des micronations et des parcs de loisirs.
Les micronations sont des états non reconnus par l'ONU. Elles sont souvent créées par un petit groupe de personnes qui, par plaisanterie, fantaisie ou sérieux, manifeste un désir commun d'utopie et d'indépendance.
Il en existerait actuellement près de 400 dans le monde dont quelques-unes en France. Prenant des formes variées : plate-forme maritime, île artificielle, village, propriété privée, mais aussi sites internet. Ces micronations sont idéales pour expérimenter de nouvelles formes de société. Elles prouvent que nous avons besoin d'espace pour nous exprimer et rechercher une liberté qui nous est propre, qu'elle soit politique, sociale, géographique, spirituelle ou folklorique.
Aujourd'hui toutes les terres appartiennent à des états-nations. Il n'y a plus de terra incognita, la possession est devenu un besoin, le terme de propriété privée est omniprésent jusqu'au système solaire. Sur ce constat, je me suis demandé s'il était possible de penser d'une autre manière notre rapport aux territoires et aux frontières. J'ai alors découvert avec certaines micronations que ces notions pouvaient être perçues de façon plus poétique, comme par exemple Angyalistan qui définit la ligne d'horizon comme sa frontière ou NSK qui revendique un état « dans le temps, sans territoire physique et sans frontières nationales, un état d'esprit »
Depuis que je m'intéresse à ces formes de sociétés alternatives, je me suis prise de passion pour elles. Dans ce désir de questionner notre société, j’ai développé plusieurs projets: en avril 2017, j’ai acquis un terrain d’un pied carré à Glencoe dans les Highlands, en Écosse. C’est grâce à l’achat de ce petit bout de terre que je suis devenue Lady. Tout en m’interrogeant sur les termes de propriété privée, j’ai commencé à créer des panneaux, drapeaux, habitats et objets que je pourrais installer sur mon terrain immatriculé A293349.
Par la suite, j’ai intégré la plate-forme virtuelle Second Life. Cette société en ligne a donné vie au projet Gaetas Seas. une scénographie d’un espace virtuel dans lequel mon avatar erre au cours d’un voyage archéologique dans un monde pratiquement abandonné et nostalgique de son heure de gloire.
Aujourd'hui mes questionnements ont évolué vers le concept du parc comme terrain clos. Et particulièrement les parcs artificiels qui ont pour but le loisir: aire de jeux, fête foraine, parc à thèmes, parc d'attractions. Je vois ces lieux, où les règles, les sentiments et les émotions diffèrent de notre monde réel, comme des micronations. Ce sont des mondes dans le monde à la fois espaces d'expérimentation et miroir de notre société.
Tout en m’interrogeant sur ces terrains clos, sur leurs frontières et leurs rapports aux mondes extérieurs, j'ai commencé un travail autour d’une société commerciale de bien-être et du divertissement intitulé Over The Moon.
«La société Over The Moon a pour objectif de s'installer en 2022 sur l'île Salmon, au large de la côte ouest canadienne dans l'océan Pacifique. Elle accueillera un parc d'attractions, un centre aquatique, des espaces de détente et un restaurant gastronomique »
L'île Salmon est une terre fictionnelle, un bac à sable dans lequel je peux construire et déconstruire son histoire et explorer les limites entre utopie et dystopie pour mettre en lumière les dérives de notre société.
Lors de cette résidence j'aimerais développer le récit de cette île, et à l'instar du projet de création avec les élèves, fabriquer des éléments, décors, maquettes et une série de dessins mettant en scène l'existence de mon parc.
A la suite de la résidence je voudrais faire évoluer ce travail sous forme éditoriale et continuer mes recherches et production vers de nouveaux lieux, communautés et frontières.
Je souhaite ainsi mener, avec les élèves et l'ensemble du personnel de l'école, un projet qui explore des frontières poreuses entre imaginaire et réalité dans la construction d'un désir utopique d'espace vie et d'expression. Tout en abordant la manière de réinventer le parc de loisir, nous créons ensemble notre terrain de jeu et de réflexion, soit notre parc, un endroit idyllique à nos yeux, aux frontières poétiques.
En s'inspirant de nos identités territoriales et de nos imaginaires, nous commençons par délimiter notre espace puis par le jeu et le récit nous inventons les codes de ce lieu en imaginant de nouvelle manière de se déplacer, de communiquer et d'occuper cet espace. Ces étapes nous permettent d'imaginer et de construire notre parc.
Nous nous posons plusieurs questions qui nous permettent d'identifier nos envies et le thème de notre parc. Qui sommes-nous ? Qu'avons-nous besoins ? Où sommes-nous ? Que faisons-nous ici ?
Notre but sera de créer de nouvelles formes et usages qui vont redéfinir, caractériser et faire exister notre parc utopique. Je m'appuie ainsi sur des oeuvres comme le Codex Seraphinianus de Luigi Serafini, Cryptozoo de Dash Shaw un parc pour d'étrange animaux, Julius Koller, Galera Ganku qui invente une galerie d'art dans le sommet d'une montagne. Grâce à eux, les élèves pourront se détacher des codes de notre société pour aller explorer de nouvelles terres.
Notre parc utopique se matérialisera par la fabrication de plusieurs dioramas assemblés. Chaque diorama accueillera un univers, un monde fait de jeux. Nous nous inspirons de la scénographie dans le théâtre et dans les parcours scénique dans les fêtes foraines et parcs d'attractions. Afin de pouvoir se projeter et faire évoluer notre PARC nous utiliserons divers techniques inspiré du modéliste comme le travail du plâtre, à la peinture sur bois de décors.
Ce travail se déroulera dans la même temporalité que mes recherches. Nous pourrons ainsi enrichir le débat sur nos manières de réinventer un monde que nous percevrions comme idéal, où nos désirs les plus fous pourront être réalisés.
Par le(s) artiste(s)