Karnaval Imperfecto

Karnaval Imperfecto est une manière de célébrer et d’incarner nos faiblesses, nos peurs, nos incertitudes, nos défauts, les traits de caractère honteux que l’on essaie de cacher aux autres, de les affirmer haut et fort, de les tourner en ridicule pour les mettre à distance.

Ce projet propose de réhabiliter le « mal-aimé », les défauts personnels d’un individu en les représentant par des masques qui les poussent à leur paroxysme, agrandis, exagérés, démesurés. Ces masques sont tellement lourds à porter que, naturellement, nous les mettons à distance en les célébrant dans des postures un peu absurdes et dans des mises en scène aux couleurs très pops.

Dans les contes, les livres, les films, certains personnages masqués représentent des super-héros anonymes œuvrant pour le bien de tous, souhaitant le plus souvent préserver leur identité ou à l’inverse des monstres effrayants, méchants, parfois défigurés. Tous sont finalement des êtres assez solitaires et malheureux en marge de la société qui conservent un secret : celui de leur véritable identité.

A contrario, lors des carnavals et des célébrations collectives traditionnelles, le port du masque est très répandu, voir une véritable culture dotée d’un esprit concurrence.

Ce genre d’événements collectifs et joyeux possède tout de même un fond assez sérieux. Car derrière le côté ludique et festif, il permet d’exorciser les peurs.

Dans tous les cas, la fonction du masque reste pourtant la même : dissimuler le visage des porteurs pour leur permettre d’inverser les rôles et de transgresser les interdits.

Camille Bertagna, l'artiste de ce projet fabrique des masques assez volumineux en papiers-mâchés, qui représentent souvent certaines de ses propres facettes de manière absurde, drôle et parfois effrayante.

Ces masques sont photographiés et mis en scène par Anne-Laure Etienne dans des univers aux couleurs très pops et colorées. La place du corps et son expressivité sont centrales dans son travail, où Anne-Laure laisse très souvent transparaître une certaine fragilité en suspens, une tension poétique presque chorégraphique du corps. Cette résidence permettrait de faire se rencontrer ces deux rapports à l’individu, le masque et la photographie, si cohérents et différents, pour faire émerger le bestiaire des relations à soi.

Le format de Transat permet à l’artiste de développer un temps de réflexion et de création personnelle sur les matériaux et la pensée du masque tout en confrontant le projet aux habitants de la maison Merieux. Les ateliers ouvrent alors le projet à une multiplicité d’individus, de personnalités et leurs représentations d’eux-mêmes : autant d’incarnations uniques d’une version imparfaite et fragile de chacun qui offriront une incroyable richesse de productions et de réflexions.