Hiver

Le désir de monter Hiver de Jon Fosse naît d’une volonté de mettre en scène les questions relatives à la reconnaissance de l’autre. À la naissance du projet, il y a le souvenir de l’ouvrage Éthique et infini d’Emmanuel Lévinas, dans lequel il questionne la nature du visage. Comment franchir cette façade anatomique pour accéder au vrai visage de l’autre, c’est-à-dire sa vulnérabilité ? La pièce de Fosse narre la rencontre entre un homme (L’Homme) et une femme (La Femme) qui ne cessent de tenter de se reconnaître, sans pour autant y parvenir totalement. La nature de leur relation fait l’expérience de la droiture du visage, moment où l’on regarde autrui de face, dans les yeux. C’est ces visages à découvert, sans protection, que Clémentine Lorain ambitionne de mettre en scène, ainsi que leur solitude dans ce processus. Le regard de l’autre sur son visage qui lui permet d’exister et qui l'anéantit dans le même temps : c’est, en outre, le paradoxe sublime que met en scène Hiver.