Géométries désaccordées est un texte en cours mais également un corps qui se met en mouvement. C’est une autofiction qui se prend pour une théorie, une philosophie qui danse.
Aliona s’intéresse aux liens qui se font et se défont, à une trajectoire fragile de relations commencées, aux directions pressenties, aux positions des corps qui se fâchent, aux contours flous, aux angles morts.
Le point de départ de chaque chapitre est une question mal posée sur une relation amoureuse, amicale. Pour répondre à cette question — on raconte des souvenirs de façon aléatoire, on retranscrit des paroles de personnes connues ou inconnues, on décrit des phénomènes naturels, invisibles, dont la forme n’a pas de limites précises : les brouillards, les agrégations, les nuées, les essaims. La solitude est-elle pointue, carrée ? L’amour, est-il linéaire ? Il s’agit d’écritures quotidiennes, d’observations journalières, de prose, de plus en plus concentrée et imagée, dans son mouvement elle devient elliptique — on brûle des étapes.
Il y a également une recherche d’une forme performative pour ce texte – une lecture en suspension qui se fabrique autour des silences mal placés et des position d’un corps en déséquilibre. Des pistes intuitives pour ce travail à venir — un corps qui s’apprête à tomber, mais se déplace au dernier moment, des gestes quotidiens frénétiques, une visualisation d’un parcours amoureux, des points de repères, des objets délaissés. Il s’agit de trouver une temporalité onirique, ou celle d’un rite — un travail de l’invisible.
Ateliers d’écriture :
Les ateliers vont avoir lieu au Prahda de Pau, un centre d’accueil et d’hébergement des demandeurs d’asile. Nous avons pris connaissance de cette structure grâce à Mathilde Walton et Gaspar Bouillait Johnson de l'association Le murmure du monde.
Les participants seront de nationalités et de langues multiples. Il s’agira de prendre un certain temps avant d’écrire, pour savoir : comment dit-on "coeur" en arabe, d’où vient le prénom Ismaël, quels sont les histoires de nos enfances respectives, est-ce que nos paysages intérieurs se ressemblent ?
Les artistes divers dont une plasticienne, une comédienne, un musicien et une écrivaine vont proposer leurs points de départ : un geste, un dessin, un son, une corde, un malentendu, un schéma, un image mentale, une chanson, une histoire d’enfance, un paysage, une question.
Il s’agit de partir d’un accident et voir comment les liens se font et se défont, il s’agit de mélanger des langues, des rêves, des arts et des registres, de raconter des photos jamais prises, de faire apparaître les mots en les mettant en voix, de dessiner une musique que l’on entend dans la tête .
On s’intéresse à ce qui advient par hasard : l’imprévu, le non-organisé, l’indispensable — des trajectoires fragiles, des directions pressenties.
Ces trouvailles vont donner naissance aux formes écrites et mises en voix de géométries multiples : poèmes dessinés ou microfictions murmurées, rêves chantonnés, lectures gesticulées.