« Formes de vies » : relations vécues, éprouvées, rêvées, senties, etc. entre les lieux et les êtres vivants.
En étudiant les « formes de vie » des habitants et des élèves de la ville, c’est tout un territoire qui se dévoile. Lui, composé de coins et de recoins, de paysage et d’étendue, de construction et de nature, et et multiple pour chaque être vivant.
En s’immisçant dans une ville, les « formes de vies » surgissent. Elles sont objectives ou subjectives,vécus ou rêvées,descriptives ou fictives, individuelles ou collectives. Elles mêlent spatialités et sociologies.
En discutant et créant, les « formes de vies» se matérialisent. Elles peuvent être dessinées et écrites. Elles constituent un recueil.L'exposition et l'édition.
Le projet « Formes de vies » s’attache à retranscrire les relations vécues, éprouvées, rêvées, senties, etc. entre les habitants et le territoire d’implantation. Entendus par habitants, les élèves, les parents, les voisins, l’épicier, le postier; entendus par territoire, le périmètre de vie quotidienne. Les relations habitants-territoire sont multiples et uniques, dans le fait où chaque habitant définit, par ses gestes et ses habitudes, par son imaginaire et son interprétation, quels sont les lieux affectionnés, les lieux oubliés, les lieux fantasmagoriques. Ces lieux, qui ont des motifs, des formes, des gabarits, des lumières, sont issus de la géographie et de l’histoire, de l’économie et de la sociologie. A la rencontre entre les habitants et le territoire, il y a -le paysage.
Pour recueillir les relations habitants-territoire, je m’immisce dans les paysages par la marche et les entretiens habitants. Au fil des kilomètres, je comprends l’implantation du village vis-à-vis des grands mouvements géologiques, le découpage parcellaire selon le modèle agricole, la forme du tissu bâti selon l’évolution historique et démographique, etc. Au fil des entretiens habitants, je regarde le village avec le prisme des usages et des ressentis: l’appréhension du ruisseau, la fontaine comme lieu de jeu ou le silo comme point de repère. Chaque sensibilité habitante renvoie à une appropriation mêlant des faits et des sensations situés entre la description et la fiction.
Les paysages de la résidence création en cours seront appréhendés au travers des rencontres avec les adultes-habitants et les élèves-habitants. Les récits de ces deux typologies d’habitants auront des descriptions de natures différentes, par exemple, si les adultes s’attachent rapidement aux caractères fonctionnels des paysages, les enfants s’émeuvent devant des motifs paysagers. Le recueil des récits habitants s’effectuera lors de ma présence sur site selon deux temporalités : les entretiens adultes-habitants et les ateliers élèves-habitants.
Ainsi une à deux journées par mois sera consacrée aux discussions individuelles avec les adultes-habitants. Une vingtaine d’entretiens sera nécessaire pour obtenir un panel varié. Ces entretiens seront réalisés avec les adultes-habitants volontaires.
Concernant les ateliers élèves-habitants, ils se dérouleront sur trois à quatre jours par mois. Ils auront l’objectif de soulever les récits des élèves au travers d’exercices individuels ou collectifs. Différents ateliers seront nécessaires pour que les élèves dévoilent leurs récits : atelier visites de site, atelier temps d’échange, atelier de production. Lors de ces ateliers, des thèmes seront définis et accompagnés par des outils pédagogiques et/ou créatifs. A titre d’exemple, un atelier de visite de site, aura comme sujet la perception des paysages avec des exercices de description du paysage et de représentation. Un atelier de création aura comme objet la création individuelle de carte mentale, des fonds de plans seront distribués. Un atelier de temps d’échange aura comme sujet le paysage quotidien, il sera collectif et individuel, articulé autour d’exemples et d’images de références artistiques.
Pour retranscrire les relations habitants-territoire, j’use de la narration, en mots et en images. Le style littéraire et graphique est spécifique selon les lieux. A partir des récits habitants, des nouvelles s’écrivent : les nouvelles autobiographiques de Cergy, les nouvelles historiques-fictives de La Loire, les nouvelles dystopiques de Paris, etc. ; et des images sont produites : les portraits de paysage de la Loire, la carte sensible du territoire Gennes-Val- de-Loire, la carte des coutumes de Merquelande les maquettes d’usages de Tarnac, etc.
Les paysages la résidence création en cours seront transcrits par la mise en récit et la mise en image des propos habitants. La matière accumulée lors entretiens individuels avec les adultes-habitants et les ateliers de créations avec les élèves-habitants permettra de créer des portraits de paysages, des cartographies sensibles, des nouvelles littéraires, une maquette du territoire sensible. Cette diversité de médium est nécessaire pour embrasser la totalité des "Formes de vies".
Pour restituer les relations habitants-territoire, j’use de deux outils, l’exposition et l’édition. Ils permettent d’élargir le public concerné par la résidence et d'étendre sa temporalité. L’exposition retrace à la fois l’évolution de démarche ainsi que les productions personnelles et collectives. Elle doit avoir un regard pédagogique tout en offrant une qualité d’arts visuels et plastiques. L’ensemble est scénographié et constitue l’œuvre. A titre d’exemple, la résidence de territoire à Gennes Val de Loire c’est conclue par une exposition où était mis en scène une cartographie sensible à l’huile, de dimensions 6m x 1,20m; les douze portraits des paysages peint à partir des récits-habitants; les vidéos des paysages quotidiens dessinés par les élèves de l’école élémentaire; les photographies et vidéos des reflets de Loire, etc.
Les paysages la résidence création en cours seront restitués par l’exposition en scénographiant les différentes phases précédentes du travail. Dans ce sens, elle comprendra les productions crées en atelier avec les élèves et les production personnelles crées à partir des récits habitants : cartographies sensibles du territoire, portraits de paysage, maquettes sensibles. Ces médiums seront complétés par des photographies, vidéos et croquis relatant des moments de la démarche (visite de site, rencontre avec les habitants, etc).
Le second outil de restitution est l’édition, celui-ci permet d’emporter une part de la démarche chez soi. Imaginé comme un Fanzine, il appelle à décrire le projet de création sous un nouvel angle : on y retrouve les récits habitants fictifs ou descriptifs accompagnés des visuels produits lors de la résidence.
Les paysages la résidence création en cours seront transcrits par le Fanzine où seront mis en page les différents récits-habitants retranscris. La trame narrative de ce Fanzine livrera une ambiance fictive tout en intégrant des descriptions de paysages réels.
Pour conclure, la résidence création en cours, offre l’opportunité de développer des projets de création au cœur de contextes territoriaux singuliers où chaque habitant peut confier son attachement et ses relations avec celui-ci. La démarche artistique proposée appelle à la production graphique et littéraire à partir des propos/créations habitants (élèves-adultes). Ils y retrouveront leurs œuvres ou leurs mots, ils se reconnaitront dans certains portraits ou cartographies, ils y verront leur sensibilité et leur crainte. C’est une mise en abyme pédagogique et créatrice des songes habitants.