Faire parler les images" est une invitation à prolonger une réflexion à partir d'images d'actualité, de photos et d’œuvres de l'histoire de l'art européenne traitant des migrations en interrogeant le sens de ces images, leur contexte de création, de diffusion, leur lecture et leur rapport au monde complexe dans lequel nous évoluons. "Faire parler les images" serait la suite d'un atelier mené à Dakar en 2018 ayant abouti à la création d'une pièce de théâtre forum, "Personne à rattraper". Mon projet de résidence est un atelier de recherches autour d'images existantes connues en se posant des questions partagées avec les élèves : quelle lecture faire de ces images ? Comment se les réapproprier ? Quelle parole produire pour accompagner ces réalisations ? Enfin, les réalisations menées avec les élèves deviendraient un dispositif à activer avec une compagnie de théâtre dans le but de produire une représentation publique de sortie de résidence.
Madame, Monsieur,
Ma proposition de résidence est le 2ème chapitre d'un projet mené en 2018 entre Nantes et Dakar, "Personne à rattraper".
Le projet que je propose, "Faire parler les images", consiste en 3 volets de travail en vue de la création d'une pièce de théâtre jouée par une compagnie de mon choix à partir des éléments crées en résidence avec les élèves. C'est une invitation à prolonger une réflexion autour de l'image d'actualité, de la photographie et de l'histoire de l'art occidentale, abordant le thème de la migration et de ses représentations, comme un enjeu incontournable de conscience citoyenne et de recul critique par rapport aux images dont nous sommes spectateurs. Cette résidence prendrait la forme de dispositifs de rencontres et de discussions à partir d'un corpus de mon choix ; de ré-interventions plastiques sur ces images ; de scénographie et de mise en espace de ces productions en vue de la création d'une pièce de théâtre jouée lors d'une présentation publique de fin de résidence.
Le point de départ de ce projet de résidence est un atelier mené à Dakar auprès d'une compagnie de théâtre forum, Kaddu Yaraax, basée à Pikhine, dans la banlieue de Dakar. Le théâtre forum est une forme de théâtre social, improvisé à partir d'une trame écrite, jouée dans l'espace public, de format court (environ 15 min), engageant à la suite un débat avec les spectateurs. La pièce devient support de discussion. Je suis arrivé à Dakar avec trois images abordant les rapports de la colonisation entre la France et le Sénégal et leurs conséquences actuelles telles que la mondialisation et les migrations. Après plusieurs ateliers de discussions de ces images avec la compagnie, nous avons mis en œuvre un dispositif de monstration ainsi qu'une pièce, jouée dans l'espace public et filmée. Il s'en est suivi une discussion avec les spectateurs. Aujourd'hui, j'aimerais poursuivre la démarche entamée dans ce projet par le biais du dispositif "Création en cours".
A partir d'un corpus resserré de plusieurs images autour du "Radeau de la Méduse" (peint par T. Géricault en 1819), je souhaite dans un premier temps mettre en place un temps de rencontres autour des enjeux de ces images. L'idée est de se saisir du corpus et de "le faire parler" avec des mots simples et d'en révéler les différentes interprétations chez chacun des élèves. Ce corpus est déjà visible dans la pièce jouée à Dakar, "Personne à rattraper". ("Le radeau de la Méduse", peinture de Géricault, 1819 ; "Le retour de la vague", œuvre vidéo de l'artiste franco-sénégalais Alexis Peskine, 2016 ; une photographie primée au World Press Photo 2015, "Refugees in Lesbos", du photographe russe Sergey Ponomarev.) Je me réserve la possibilité d'ajouter quelques productions à ce corpus dans l'intérêt du projet. Médiateur culturel depuis 2015, je sais l'intérêt de ces temps de rencontres et de discussions autour de productions afin de susciter la curiosité et de forger des esprits critiques. Bien que le corpus puisse sembler difficile d'accès, je saurais faire des choix d'images appropriées et m'adresser au niveau des élèves. Ces temps de rencontres pourraient donner lieu à des productions d'écrits et des captations audio, dans l'intérêt d'être utilisés par la compagnie théâtrale pour la représentation finale.
Après s'être saisi du corpus proposé sur des temps collectifs et individuels, l'idée est de faire surgir les images du corpus et d'intervenir plastiquement dessus en alternant phases collectives et individuelles. Grâce à une imprimante, il s'agirait de recomposer les images du corpus aux échelles des images d'origine, à la manière de puzzles, en assemblant plusieurs morceaux de A4 recomposant les images initiales. Ensuite, il s'agirait d'intervenir sur ces impressions par des gestes plastiques et de se questionner sur ces gestes : recouvrir des parties ou l'intégralité, découper, plier les images, cacher, superposer, rajouter du texte, mêler plusieurs images etc. Nous pourrions également essayer des impressions sur différents papiers (colorés, calques, rhodoïds). L'expérimentation collective ferait surgir des niveaux de lectures différents, rendant compte de déclinaisons, de subtilités, de récurrences, d'oublis, le tout dans une économie de moyens, importante dans mon travail.
A la suite de ce temps d'expérimentations plastiques viendrait le moment de créer une mise en espace des réalisations, une scénographie à l'aide de plusieurs cimaises à roulettes, construites pendant la résidence et pensées comme des points d'articulation et de rapprochements entre les productions retenues. Cette étape serait également le moment où j'engagerais un travail avec une compagnie de théâtre, professionnelle ou amateure, que je choisirais en fonction du lieu de résidence. Le dispositif crée avec les élèves et leurs paroles écrites et enregistrées deviendraient une matière pour crée une pièce avec la troupe. Ce travail engagé avec la troupe pourrait être suivi avec les élèves dans la mesure ou certaines des répétitions auraient directement lieu à l'école, au milieu du dispositif scénique. J'envisage une collaboration avec 4-5 comédiens pour la mise en place d'une pièce de théâtre forum d'environ 15 min, jouée dans l'espace public, non loin du lieu de la résidence. Cette pièce activerait à sa manière les enjeux du corpus développés depuis le début de la résidence. Le texte de départ serait inspiré de la pièce jouée à Dakar, "Personne à rattraper".
Enfin, en vue d'une présentation publique à l'issue de la résidence, je travaillerais avec les élèves sur ce temps événementiel. Certains élèves seraient médiateurs et accueilleraient les visiteurs dans le dispositif de cimaises et de productions plastiques et proposeraient à leurs tours d'interroger les spectateurs sur les productions visibles, de la même manière que j'accompagnerais ces échanges lors de notre rencontre à partir du corpus que j'ai choisi. D'autres élèves interviendraient durant le temps de la pièce, en actionnant le dispositif scénique, en révélant ou cachant certaines productions, selon une scénographie pensée avec la compagnie théâtrale. Certains élèves pourraient directement intervenir durant la pièce en lisant des textes intéressants pour la pièce.
J'envisage ce temps de restitution comme un point d'aboutissement collectif de la résidence.
Mon investissement pour ce projet de résidence sera porté avec ambition.
Je vous prie de croire Madame, Monsieur, en mes salutations respectueuses.
Dylan Dargent
Par le(s) artiste(s)