« Danser le visage » est une recherche personnelle et introspective. Le projet est né d'un désir d'établir et de comprendre les possibles liens entre un danseur et ses œuvres plastiques. C'est un voyage esthétique entre une série de portraits et la création d'une « danse du visage ». Une expérience et une recherche méthodologique qui a pour but de faire suinter une figure dessinée, de faire couler les grimaces ou suer les émotions contenues d'un portrait. Elle fait entrer des dessins dans le champ chorégraphique, par incarnation et appropriation de la figure. Ce projet a pour but la création d'une exposition entre dessin, performance et vidéo.
Très jeune je dessinais sur les tables de classe et dans la marge de mes cahiers, et j'attendais Noël ou Halloween pour changer de thème et déplacer mon imagination... Aujourd'hui il est évident que ce schéma se reproduit. Le dessin, pour moi est toujours en marge, il est à côté de mon activité principale de danseur et d’interprète contemporain. Le dessin réclame son changement ce thème ou bien une plus grande marge. Je lui souhaite un temps de travail nouveau, un temps de résidence complet pour interroger ces deux pratiques, danse et dessin qui jusqu'ici ne s'étaient jamais rencontrés. Le métier d'interprète me fait une vie sociale tumultueuse et ne permet pas de prendre du temps, celui hors du temps social qu'exige la construction d'une image. Le dessin est la forme d'expression la plus personnelle et la plus sincère que j'ai rencontrée. Le dessin est le digne témoin de mes émotions, mes pensées et doute. Il est presque un selfie complexe et inconscient.
Cette pratique sanguine et compulsive du portrait me permet de figer des émotions, des états et des sentiments dans la figure, dans la face. Comme une auto-mutilation, je construis et déconstruis mon visage, je le gratte et le segmente en fonction de mes sentiments, de mes expériences de la journée, ou de réflexion passagère. Faire un dessin c'est un moment de conscience sensible pour moi. Avec « Danser le visage » je pourrai revenir sur ces figures, revenir sur ces états complexes et les libérer des cette fixité, avec mon langage et mes outils de danseur, je voudrais faire vivre ces figures autrement les faire sortir de leurs cadre.
Penser le dessin pour la danse et une nouvelle démarche pour moi mais l'invention du visage sous toutes ses formes m'inspire. Le visage m'apparaît comme le lien de tous les arts, il est le témoin le plus fidèle de nos âmes, nos pensées et de nos émotions pendant l'effort artistique, le visage est un livre ouvert. Une fenêtre sur l’âme. Une certaine doxa contemporaine a répandu l'idée d'un masque neutre des visages d'interprètes de danse, au profit d'une lecture étendue à tout le corps, affranchie d'injonctions psychologiques. Travailler sur le visage uniquement c'est aller à l'encontre des implicites en danse.
Inventer « Danser le visage » est une manière pour moi d'assumer plus fortement la présence du dessin dans ma pratique artistique actuelle de danseur, prendre un véritable temps pour changer mes logiques et mes travaux. Pour développer ce travail maudit et innommable. Définir ses possibilités esthétiques et chorégraphiques en échange permanent avec des enfants qui m'aideront à identifier, à nommer et inventer ce projet. Ce projet se pense en résidence à l'école il souhaite trouver une salle/ un lieu qui servira d'atelier.
Je présenterai ce projet en plusieurs parties distinctes et complémentaires, elles correspondent au étapes penser pour vivre ces expérimentations. « Penser le dessin », « Penser le visage », « Danser le visage Toutes ces étapes seront visibles par le biais d'un site et seront présentées lors de l’exposition de fin de résidence.
Le premier temps de travail sera introspectif, et sera un temps d’écriture et d'observation de ma pratique du dessin, cette partie s'intitule « Penser le dessin ». Elle sera faite de réflexion, et de documentation, grâce à un système de notes et développement de penser. Dans ce travail, je tenterai de construire un langage autour de ma pratique, de la définir dans sa globalité. Identifier mes moments créatifs,mes réflexes/habitudes, comprendre mes logiques de productions, les principales émotions qu'ils représentent mais également titrer mes œuvres . Il s'agira pour moi de spécifier un maximum cette démarche. Dans ce travail les interventions avec les enfants me seront très utiles. Le dialogue me permettra d’élargir le vocabulaire que j'attribue à mes dessins et engagera de nouveaux champs de perceptions. Ce recueil me permettra de préciser la méthodologie à adopter pour faire danser mes œuvres. Plus une œuvre sera définie plus il sera facile de lui donner un corps.
Ce temps me permettra également de me familiariser avec les locaux et la structure qui m' accueille. L'atelier, que je souhaite dans l’école, sera ouvert en permanence au public sur mon temps de travail.
Le second temps sera concentré sur la mise en place de la méthodologie. C'est la partie du travail la plus compliquée elle s'intitulera « penser le visage » C'est un temps d’expérimentation. Je serai aidé de plusieurs medium, la photographie, la vidéo, la lumière, maquillage. Autant d’équipement technique nécessaire à l'exploration de la « danse du visage ». La documentation et la recherche se fera par captation vidéo dans l'atelier qu'on m'aura apprêter. J'y exposerai ma manière de dessiner, ma manière de « penser le visage ». Dans ce temps plusieurs artistes, scénographe, vidéaste, éclairagiste pourront être inviter pour m'aider dans ma démarche.« Danser le visage » et un acte performatif qui souhaite utiliser plusieurs technique de danse. La technique imprégnation, la technique d'incarnation et la technique d'appropriation. C'est un dialogue permanent avec le portrait dessiner. Je tenterai de dialoguer avec l’œuvre, de construire des autoportraits physiques. Cette démarche ne connaît pas sa méthodologie idéale et elle n'a pas encore sa forme finale, mais la « danse du visage » semble être une chorégraphie ralentie (comme fondue) inspirer par les émotions les traits et les couleurs du dessin . Le masque, la grimace, la cristallisation des émotions, la sueur d'émotions, seront des champs explorés. Pendant ce travail je commencerai à définir le procédé le plus complet me permettant d’accéder à une « danse du visage ».
Mettre en mouvement un autoportrait fera partie des objectifs de transmission. La grimace par exemple sera un un terme intéressant à développer avec les enfants, car ils sauront se l'approprier pour créer un auto portrait, en dessinant une grimace, en dansant la grimace en passant par toute les méthodes que j'aurai comprises durant la résidence y compris la captation vidéo.
Je finirai mon travail en imaginant une restitution de travaux et en préparant une exposition de fin de résidence. Dans une structure locale que j'aurai choisie rencontré pendant ma résidence. Cette partie s’appellera « Danser le visage ». En rassemblant toutes mes recherches et mes travaux, dessins, vidéos, œuvres plastiques, écrits. Je réfléchirai à la manière de les présenter à un public. J'imaginerai une forme qui puisse rendre compte de tout le processus et qui puisse détailler au maximum la démarche de « danser le visage ». J’élaborerai également un performance live que je présenterai à l'exposition. Cette partie de la résidence me permettra d'imaginer la suite de « danser le visage ». Elle me permettra de penser à sa diffusion et sa forme la plus essentielle. Les enfants et les gens que j'aurai rencontrés pendant mes six semaines de résidence seront invités et pourront voir le travail que j'aurai entièrement construit dans leur commune.
Cette résidence aura permis de prendre le temps de faire cette expériences a partir de mes dessins. Elle aura permis une expositions de me dessins et travaux de recherches Elle aura fait naître un principe et une méthode pour danser l'autoportrait, l’intégralité de la recherche, seul et avec les enfants sera visible sur un site internet que j'aurai tenu tout au long de ce projet pour faire améliorer la visibilité de ma résidence et promouvoir mon action. Les enfants auront traversé le processus avec moi, et auront « penser le dessin », « penser le visage » et « danser le visage » . Il m'auront aidé tout au long du processus a définir un langage pour mes œuvres mais également a préciser ma méthode et ma démarche.
« Danser le visage » rentre dans de nombreuse réflexion sur l'autoportrait. Par la suite je souhaite continuer a développer ce principe et le penser pour plusieurs performeurs . Je voudrai qu'il intègre complètement le champs des arts vivants. Il apparaisse dans des théâtres ou musées.
Eure
Par le(s) artiste(s)
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