C’était une architecture un peu cosmique, tu vois est une série d’expériences immersives dans le bâtiment de l’école, avec une attention particulière portée sur son architecture. En revisitant l’école et son ensemble : le couloir, la salle de cours, les escaliers et la cour de recréation, Olivia Funes Lastra propose d’explorer le rêve, la sensation de déjà-vu et le souvenir comme une recherche poétique qui vise à bâtir d’autres rapports au lieu et son aspect familier. L’école est un bâtiment physique conçu pour construire la pensée des individu.e.s qui l’habitent. C’était une architecture(...) invite les élèves à repenser ces différents espaces pour enquêter ce lieu partagé à travers la notion de ‘rêverie’ de Gaston Bachelard et les projets d'écoles utopiques tel que la Black Mountain College, la CalArts et la Bauhaus. Cette atelier est un appel à traverser le bâtiment de l’école afin de donner forme à une rêverie individuelle et collective du lieu.
Comment un lieu construit une personne ?
Comment un même lieu construit des subjectivités différentes ?
Je suis diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy depuis 2020. J'ai reconstruit pour mon mémoire de fin d'études l'école de mon enfance à partir de divers souvenirs d’anciens camarades de l'époque. Ce mémoire de recherche visait à créer un portrait multiple et poétique d’un lieu réel et partagé par un groupe d’individu.e.s. L’édition qui s’intitule CHORUS: un scénario d’école, est un recueil de textes fictifs en plusieurs langues qui retrace différents aspects de cette école qui est restée dans la mémoire de ceux.elles qui l’ont traversé. Par exemple: le souvenir des espaces, la pédagogie, l’architecture du bâtiment et le paysage qui l’entoure. L’écriture de ce mémoire et mon séjour à Los Angeles en 2019, en tant qu’artiste résidente à ESMoA (El Segundo Museum of Art) m’a fait me pencher sur l'histoire de la côte ouest des États-Unis dans les années 70 liée aux écoles utopiques et les pédagogies expérimentales. Cela m’a ouvert la voie sur les liens entre art et transmission et la notion de faire-école explorée par les artistes.
Dans mon travail, j’explore la notion d’architecture mentale dans sa dimension poétique. Je récolte et je collectionne des fragments de tissu, je les peins en m'inspirant de divers paysages et architectures que j'ai habité. Je les assemble sous la forme de patchwork, puis les déploie dans l'espace et crée un nouveau lieu. Je crée ces espaces et les active avec mes souvenirs, ma voix et mon corps. J’ai un grand désir pour cette édition de Création en Cours d’ouvrir ma recherche à d’autres voix, d’autres corps et d’autres souvenirs d’une architecture que je découvrirai avec les élèves, celle de leur école. Je vois C’était une architecture un peu cosmique, tu vois comme une prolongation directe de mes recherches et une collaboration avec les élèves qui habitent l’école aujourd’hui. Ce projet reste ouvert à des adaptations et transformations en fonction de l'espace architectural de l'école et les individu.e.s qui en ont l’usage. Le projet reste aussi sensible à des modifications dû aux règles sanitaires et ses contraintes.
Je souhaite mener ce projet dans des départements tel que le Val-de-Marne ou la Seine-Saint-Denis, mais aussi dans des arrondissements de Paris tel que le 13ème, le 19ème ou le 20ème où on y trouve des identités architecturales particulières tout en étant accessible pour moi en transports.
C’était une architecture un peu cosmique, tu vois est une proposition d’expériences immersives pour partager avec les enfants une autre façon d'habiter l'école et créer de nouveaux rapports avec elle. Ce qui m’intéresse en particulier c’est le fait d’explorer le bâtiment à travers les expériences des élèves, leur vie intérieure tels que les rêves, les sensations de déjà-vu et les souvenirs. Je souhaite instaurer un nouveau dialogue avec le bâtiment si familier aux enfants. L’école est pour moi, une architecture physique bâtie pour construire la pensée des individus qui l’habitent. Cela me parait intéressant de revisiter les espaces traversés quotidiennement : couloir, salle de cours, escaliers et cours de récréation à travers nos états intérieurs pour en faire une recherche poétique. Ces expériences d’immersion auront des matériaux en commun : le corps, la peinture, le carton, l’écriture et la lecture à voix-haute.
Je commencerai l’atelier en introduisant mon travail et mes recherches aux enfants. Je leur présenterai par la suite le sous-titre de notre projet : Rêver l’école. Nous allons nous pencher particulièrement sur les mots, leurs définitions, leurs traductions dans d’autres langues et leur sens poétique potentiel, pour ainsi ouvrir leurs significations dans le langage courant et nourrir l’imaginaire. Les activités collectives au cours de la résidence tenteront de répondre à ces notions à travers les médiums proposés. Nos expérimentations seront un moment d’échange et je participerai aussi aux activités que je propose pour réfléchir ensemble à ces notions.
On visitera le mot Rêver à travers la notion de ‘rêverie’ de Gaston Bachelard dans son texte célèbre : La poétique de l’Espace. On commencera par parler du mot ‘rêverie’ et ses formes multiples à partir d’oeuvres d’art, littéraires et d’architecture. Comment peut-on explorer le bâtiment de l’école à travers nos rêveries individuelles et collectives avec le corps, la peinture, l’écriture et la voix ?
Pour le mot École, j’aimerais faire connaitre aux enfants des projets d’écoles utopiques et de pédagogies expérimentales qui ont existé à divers endroits du monde et à différentes époques, tel que : La Black Mountain College, la CalArts, la Monté Verità, la Bauhaus et la Ciudad Abierta à Valparaiso. Je trouve cela important de montrer des exemples d’écoles où ce sont des artistes, poètes et architectes qui ont été à la genèse de ses projets, pour ainsi introduire aux enfants des liens directes qui existent entre art et transmission.
Je diviserai nos activités en différents chapitres chacun lié à un médium : Somnolence (corps), Souvenirs (peinture), Utopies (carton), Déjà-vu (écriture), Rêveries (lecture). Les activités proposées sont inspirées de mes recherches sur les pédagogies expérimentales mais aussi de mon propre travail plastique.
J'archiverai le déroulement des activités sous la forme d'un journal, où je raconterai les journées passées ensemble tout en intégrant des dessins et des photographies. Pour l’étape finale de la résidence, j’envisage d’investir une salle de l’école afin d'y construire une scène sur laquelle prendrait place un spectacle qui sera une restitution de ces diverses expériences que nous avons menées au sein de l’école. Les élèves qui le souhaitent participeront à la performance et les autres pourront aider à la construction des décors et à la direction de mise-en-scène. Les formes que nous allons créer ensemble seront les éléments avec lesquels nous allons construire cet espace scénique qui sera conçu comme un terrain de jeu. Nous filmerons la performance qui sera une trace sensible et une œuvre collaborative fruit de notre parcours. Pour la prolongation de cette résidence dans mon propre travail, j’envisage la performance en groupe et son enregistrement comme un fil à suivre et qui pourra être partagé.