Avec ce projet Paul souhaite attirer l'attention sur ces gestes, pensées, actions du quotidien que l'on peut souvent considérer comme des éléments peu intéressant, ce qui relève de la vie de tous les jours et n'a donc rien d'exceptionnel. Cependant ces éléments constituent nos journées.
Donner la place nécessaire à ces rebuts afin de leur rendre l'importance qu'ils méritent, prendre le temps de regarder et d'en faire une vraie source d'inspiration, comprendre que ce que nous trouvons de plus ennuyeux peut devenir une matière riche pour nourrir nos recherches.
Sculptures-costumes, chorégraphies et vidéo viennent alimenter des regards portés sur ces fameuses actions répétitives afin de figer dans le temps ces gestes éphémères. L'artiste souhaite investir un environnement étranger à son quotidien afin d'injecter dans ses propres recherches des éléments neufs qui donneront une vraie richesse au projet.
Jeune artiste Montreuillois, Paul Lepetit articule la figuration et la narration. Son travail puise dans la littérature, l’imagination et l’onirisme pour livrer des installations théâtrales où les sculptures agissent comme personnages, et les installations comme décors. L’absurdité, la naïveté et l’impulsivité du geste sont les caractéristiques principales de sa pratique d’atelier, une pratique instinctive qui s’articule autour d’une diversité de récits, empruntés ou inventés.
Paul souhaite proposer aux élèves un parcours composé de dessins d’explorations (en rapport avec leurs quotidiens, leurs ballades, l’environnement, le paysage propre à leurs enfances ...), de simplification de formes puis du passage au volume et à la couture pour créer des objets-costumes.
Lors de la confection d’un costume, l'artiste coud à la main afin de créer des zones de fragilités et de faiblesse dans l’objet final. Procéder de la même façon avec les élèves, permet d’obtenir des résultats différents à chaque fois et ainsi, de créer des pièces uniques. Une exposition des objets-costumes réalisés est présentée dans l’établissement (interrogeant ainsi le statut des costumes conçus afin de les considérer en tant qu'œuvres autonomes dans un espace d’exposition).
Parallèlement les élèves explorent leurs gestes du quotidien qui deviennent la matière d’une chorégraphie. L'artiste travaille avec les élèves sur leurs observations des gestes de leurs vies de tous les jours, étudie avec elles·eux le rapport aux actions qui constituent leurs journées et les amener à en faire l’objet d’une recherche artistique ponctuée de nouveaux récits pensés ensemble qui serviront de fil conducteur. La vidéo collective finale, résultat de cette recherche formelle et chorégraphique faite par les élèves et l'artiste, est présentée à l’ensemble de la communauté de l'école mais sera aussi ouverte aux familles et aux habitant·e·s. La vidéo est réalisée, dans un premier temps, à l’extérieur de l’école pour que le projet s’étende au-delà de l’établissement, permette aux œuvres créées avec les élèves de s’inscrire dans le paysage où elles·eux-même évoluent. Dans un deuxième temps, les pièces réalisées en amont sont utilisées pour que le liant se fasse entre toutes nos recherches.
Pour que les élèves se voient encore plus acteur·ices du projet, un fanzine à partir de leurs dessins et d’une documentation est réalisé par l'artiste. Chacun·e a à disposition un appareil photo jetable afin de proposer un regard différent sur ce moment de partage. Ce qui permet aussi de commencer une sensibilisation autour de la photographie argentique, qui peut surprendre les élèves dans ses propres limites (nombres de vues, aucun rendus immédiats, etc…) a contrario des smartphones qui prennent de plus en plus de place dans notre quotidien.
L'artiste veut mélanger le temps de recherche - création et de transmission afin que les pièces soient nourries d’une diversité de regards et de pensées.
La localisation de la résidence a un impact. En effet, conscient de l’inspiration inconditionnelle que peut provoquer un environnement, l'artiste est particulièrement attentif à l’endroit où sont pensée et conçues les pièces. Ayant, pour l’instant, développé sa pratique majoritairement dans le nord de la France, l'artiste souhaite pour ce projet, emmener les sources d’inspirations dans un paysage nouveau, se laisser surprendre par la beauté d’un environnement peu connu.
Il est nécessaire d’avoir une idée principale pour le projet à réaliser mais que celui-ci se voit dépasser par son environnement. Que Paul puise dans la beauté, la fragilité, l'essence du paysage afin d’apporter à ses idées une contribution nouvelle qu'il n'aurait imaginer et qui viendrait le surprendre.
Les prolongements imaginés à l'issue de la résidence sont assez simple, penser avec les élèves différentes sculptures-costumes réalisées en tissus, assez grandes et plutôt légères pour que l'établissement puissent garder ces pièces en tissus afin de les faire exister dans les murs de l'école. Habiller les espaces de "travail" des enfants par des pièces réalisées avec elles·eux est très important. La matière première étant leur quotidien, il semble logique que les formes réalisées appartiennent aux élèves.